“Ce qui était presque impensable il y a encore une semaine semble aujourd’hui quasiment inévitable”, écrit un chroniqueur du Daily Telegraph : depuis ce week-end, l’Occident envisage sérieusement d’imposer un embargo sur les hydrocarbures russes, pour forcer Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine.
Alors que le pétrole représente à lui seul à 40 % du budget de l’État russe, un embargo “empêcherait le Kremlin de continuer à mener une offensive sérieuse en Ukraine au-delà de quelques semaines”, et pourrait “enclencher la désintégration interne du régime de Vladimir Poutine”, estime le quotidien conservateur britannique.
El País confirme que l’idée “extrême” d’un embargo énergétique est passée “en un temps record du statut d’insensé à celui de hautement probable”, rappelant que “les premières sanctions économiques contre Moscou avaient prudemment exclu l’énergie”.
Mais le quotidien madrilène souligne que le pays le plus motivé jusqu’à présent reste les États-Unis, “dont le gouvernement est prêt à agir en solitaire, même si l’Europe ne le suit pas”.
Les États-Unis “discutent très activement” d’un embargo sur les hydrocarbures avec l’Union européenne, avait déclaré dimanche le secrétaire d’État américain Antony Blinken, soucieux de présenter un front uni avec les Européens. Mais pour le Telegraph, c’est Washington qui est à la manœuvre :
“La Maison-Blanche envoie des missions d’urgence en Arabie Saoudite et au Venezuela pour récupérer des barils supplémentaires” et “fait pression pour trouver un accord rapide avec Téhéran sur le nucléaire, afin de ramener le pétrole iranien sur le marché. Toutes les réserves diplomatiques habituelles sont mises de côté.”
La Maison-Blanche a cependant assuré lundi que Joe Biden “n’avait pas encore pris sa décision”, alors qu’un groupe bipartisan de parlementaires travaille sur un texte de loi visant à interdire les importations de pétrole russe.
La porte-parole de la présidence, Jen Psaki, a précisé que l’embargo pourrait aussi être imposé par “décret présidentiel”, mais que Joe Biden pesait encore le pour et le contre, selon le Wall Street Journal. “Le président et ses conseillers veulent éviter de prendre une décision qui pourrait faire encore grimper le prix de l’essence pour les Américains”, observe le quotidien économique.
En Europe, le discours est fort différent, note la Deutsche Welle : “Les dirigeants allemand, britannique et néerlandais ont déclaré lundi que l’Europe était trop dépendante de l’approvisionnement énergétique russe pour arrêter les importations du jour au lendemain.” Le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui avait déjà dû avaler des couleuvres avec le blocage du gazoduc Nord Stream 2 lors du premier train de sanctions, a souligné que le pétrole et le gaz russes restaient “essentiels” pour l’Europe.
“L’approvisionnement européen en énergie pour le chauffage, les transports, l’électricité et l’industrie ne peut être, en l’état actuel, assuré autrement” que par les importations d’hydrocarbures russes, a-t-il fait valoir.
“Baril à 300 dollars”
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a pour sa part recommandé une démarche “pas à pas”, tout en reconnaissant que la situation évoluait “très, très rapidement” et que des options qui n’auraient jamais été envisagées il y a quelques semaines étaient maintenant “sur la table”.
Selon la BBC, ces divergences expliquent le communiqué vague et a minima publié dans la journée par Joe Biden, Olaf Scholz et Emmanuel Macron, se bornant à dire qu’ils étaient “déterminés à continuer d’augmenter le coût” de l’invasion de l’Ukraine pour la Russie, sans fournir de détails.
Sans surprise, le Kremlin a mis en garde les Occidentaux contre un embargo sur ses hydrocarbures, promettant “des conséquences catastrophiques pour le marché mondial”, rapporte l’agence Tass.
“Il est impossible de remplacer rapidement les volumes de pétrole russe sur le marché européen, il faudra plus d’un an, et cela deviendra beaucoup plus cher pour les consommateurs européens”, a soutenu le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, qui prédit un baril à “plus de 300 dollars” en cas d’embargo.
Moins catastrophiste, la banque JP Morgan estime que, sans pétrole russe sur le marché, le prix du baril se stabiliserait autour de 185 dollars, selon El País. Lundi soir, le baril s’échangeait autour de 120 dollars.
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