Le rationnement : la notion est parfois évoquée dans notre microcosme, comme éventuel levier d'anticipation et/ou de gestion de crise. Voilà que l'idée est évoquée un peu partout de manière plus ou moins explicite, en réaction à une crise. Ce qui devait tôt ou tard arriver arrive ? Quelques exemples.
- Les recommandations de l'Agence Internationale de l'Energie
- Interview en podcast de Pierre Andurand, trader en matières premières
- Automobile magazine, "Les stocks particulièrement bas de diesel en Europe et aux Etats-Unis ont provoqué la hausse violente des prix à la pompe pour ce carburant. Certains pétroliers auraient en coulisse des craintes de pénuries en Europe. (...) Des restrictions sur le diesel pourraient arriver dès le mois d'avril dans certains pays d'Europe, même s'il faut rappeler qu'il existe des solutions, comme l'utilisation des fameuses réserves stratégiques." Suite.
- Pour rappel début janvier nous avions partagé ici deux articles (prémonitoires ?)
La marée baisse, on va voir qui a un slip
Plan B - Enfin, une analyse de Stéphane Audrand sur LinkedIn qui conclut sur la possibilité d'un rationnement de la nourriture.
"La FAO sonne l'alarme : "l'importance de la Russie et de l'Ukraine dans les marchés agricoles mondiaux et les risques associés au conflit en cours".
https://www.fao.org/3/cb9013en/cb9013en.pdf
L'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) vient de publier ce passionnant papier de 41 pages, dont je recommande chaudement la lecture.
Il fait le tour des principaux risques, après avoir rappelé l'importance capitale de la Russie et de l'Ukraine dans le commerce mondial des céréales (blé, orge, maïs) et des oléagineux (tournesol), mais aussi dans la production et l'exportation d'engrais (urée, ammonitrates, potasse).
La crise actuelle génère :
- des risques commerciaux (fermeture des ports, arrêt des minoteries et huileries, quotas d'exportation, éviction de la Russie par les acteurs occidentaux),
- des risques d'envolée des prix (entre 8 et 22% de hausse "pour commencer"),
- des risques logistiques (capacités intérieures de transport du grain par rail ou camion, silos en surcapacité, surcoûts du fret maritime en Mer noire du fait de l'assurance "zone de guerre"),
- des risques de production (de 20 à 30% de la surface ukrainienne pourrait ne pas être plantée ou moissonnée cette année - pour commencer). La pénurie d'engrais menacera aussi la production d'autres pays, surtout pour le cycle 2022-2023.
- des risques humanitaires de pénuries et de famines. En Ukraine d'abord, puis dans tous les pays dépendant des importations (Afrique du nord, Moyen-Orient, Asie, Afrique sub-saharienne et de l'est),
- des risques énergétiques (hausse du prix des carburants à l'échelle mondiale, avec impact sur l'agriculture),
- des risques financiers (taux de change, dette, devises).
Bref : pénuries et rationnements en vue pour 2022-2023, sur fond de famines et d'émeutes."
(publié par Cyrus Farhangi)
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