Les experts militaires interrogés par le quotidien britannique The Times semblent s’accorder sur un point : c’est dans le domaine tactique que les Ukrainiens ont brillé, quand l’armée russe a montré ses lacunes.
Les images de colonnes de blindés russes immobilisés par manque de carburant ou mis hors-service par les soldats ukrainiens deviennent de plus en plus communes.
Alors que le conflit entre dans sa quatrième semaine, les difficultés des forces russes sur le terrain ne sont plus un secret. “Les Ukrainiens ont fait mentir tous les pronostics et réussi à bloquer l’avancée des forces russes, et même à les faire reculer au nord-ouest de Kiev”, affirme The Times. Dans un article décrivant l’“audace” de la stratégie ukrainienne, le quotidien britannique tente d’expliquer les déconvenues de l’offensive en interrogeant plusieurs experts militaires.Ces derniers semblent s’accorder sur un point : c’est dans le domaine tactique que les Ukrainiens ont brillé quand l’armée russe a montré ses lacunes. Pour le lieutenant général britannique James Bucknall, ancien commandant du Corps de réaction rapide allié (ARRC) de l’Otan, les troupes russes se sont éparpillées sur des fronts trop nombreux. Il doute désormais de leur capacité à prendre le contrôle de Kiev, l’assaut de cette zone urbaine nécessitant selon lui une concentration des forces pour surpasser les défenses en nombre.
Son constat semble conforté par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW). Dans son compte rendu quotidien sur la situation en Ukraine, le think tank américain estime que l’attaque menée par les troupes russes à Kiev représente déjà “le niveau maximal d’action offensive que les forces russes peuvent mener pour finir d’encercler la ville”. L’incapacité de l’armée russe à coordonner une “manœuvre interarmées” – impliquant aussi bien l’infanterie que les divisions blindées et ses moyens aériens – serait flagrante sur le terrain.
Poutine “excessivement optimiste”
Selon le Times, qui illustre son analyse en infographie, la géographie difficile du territoire ukrainien a rendu l’armée russe dépendante aux réseaux routiers, ce qui facilite d’autant plus l’organisation d’embûches du côté ukrainien. La stratégie pour enrayer l’avancée russe consisterait à anticiper l’arrivée dans les zones urbaines de colonnes de véhicules ennemis, et de les attaquer au moyen d’armes antichars depuis des positions stratégiques ainsi que de drones de combat après qu’ils ont pénétré dans la zone. Constatant l’efficacité de ce type d’embuscades, les États-Unis voudraient équiper l’Ukraine en “drone kamikaze” dans le cadre d’une aide militaire de 800 millions de dollars, rapporte un autre article du Times. Le ralentissement des convois passe également par les opérations de sabotage et notamment la destruction de ponts.
Le problème pour l’armée russe s’aggrave au regard des difficultés que rencontre son aviation pour réaliser un ravitaillement efficace des troupes au sol. Le maréchal de l’air de la Royal Air Force Edward Stringer dresse un constat implacable : les forces russes semblent incapables de réaliser de nouvelles avancées sur le terrain. Poutine a été “excessivement optimiste” et doit maintenant redéployer des troupes d’Arménie et faire appel aux mercenaires du groupe Wagner.
Le lieutenant général à la retraite Ben Hodges, ancien commandant de l’armée américaine en Europe, annonce que les prochains jours seront déterminants, notamment pour la capitale Kiev. Mais, selon lui, celle-ci ne devrait pas tomber :
Les Ukrainiens arriveront à empêcher l’encerclement de la capitale, surtout si nous pouvons leur acheminer des armes et des munitions en quantité suffisante. Les attaques vont malheureusement se multiplier, dans les airs et sur terre, et de nombreux Ukrainiens innocents vont mourir, être blessés ou déplacés. Mais je ne pense pas que la ville tombera.”
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