En effet, l'homme fort du Kremlin souhaite, avant de déposer les armes, que lui soit garantie « la neutralité de l'Ukraine, son désarmement, son renoncement à entrer dans l'Otan et la reconnaissance par l'Ukraine de la Crimée comme entité russe ».
Les sanctions européennes vont être allongées
Ce qui laisse augurer le « risque d'une escalade du conflit », toujours selon l'Élysée. Si bien que les Européens et leurs alliés vont prendre dans les jours qui viennent de nouvelles sanctions, en retirant du système bancaire Swift d'autres banques russes (en plus de celles déjà retirées) et en allongeant la liste des oligarques visés par le gel de leurs avoirs. « L'objectif, c'est de renchérir le coût de la guerre pour Poutine », indique l'Élysée.
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La saisie des biens des oligarques déjà visés est en cours. Elle demande un peu d'enquêtes pour déterminer qui sont les vrais propriétaires car, souvent, les villas de luxe, les yachts somptueux et autres signes extérieurs de richesse sont dissimulés derrière
une cascade de sociétés écrans ou entre les mains de prête-noms. Les services de Bercy sont en train de procéder aux identifications nécessaires.
Poutine et Macron n'évoquent pas la menace nucléaire
Pour autant, l'Élysée assure ne « pas être en guerre avec la Russie », même si l'Union européenne va livrer aux autorités de Kiev des « armes défensives ». De son côté, Vladimir Poutine maintient l'engagement de ne pas rompre la fourniture de gaz aux pays de l'Union européenne, promesse qu'il a jusqu'ici tenue. Les deux hommes n'ont pas évoqué la menace nucléaire que le maître du Kremlin a semblé agiter le week-end dernier. Pour l'Élysée, il ne s'agit pas d'une réelle « menace », mais juste de la « mise en alerte » d'un dispositif. En tout cas, le nucléaire n'est pas apparu dans la conversation.
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La conversation entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron a duré 90 minutes. Les deux hommes ont eu, selon une source élyséenne, un « dialogue franc, robuste, sans concession, pas forcément conclusif, mais un dialogue nécessaire ». Vladimir Poutine a répondu « sans énervement, cliniquement, de manière très déterminée ». Il apparaît au président Macron sous les traits d'un homme qui a changé entre 2019 et 2022, un homme qui s'est « enfermé dans un discours », celui d'une victime de l'Occident, reprochant à celui-ci une succession de provocations, à commencer par le « coup d'État à Kiev en 2014 », lors des événements de Maïdan. Le président Poutine a seulement concédé qu'il souscrivait à l'objectif d'épargner les civils, les infrastructures civiles et la route au sud de Kiev.
La Hongrie et la Pologne se déchirent
La journée de dimanche a aussi été marquée par la prise de parole discutable d'Ursula von der Leyen appelant l'Ukraine à rejoindre « au fil du temps » l'Union européenne. En fait, la présidente de la Commission exprimait une opinion personnelle qui ne fait pas consensus au sein de l'UE. Interrogé à ce sujet, l'Élysée répond par un grand détour. « L'Union européenne ne sortira pas de cette crise comme elle y est entrée », dit-on dans l'entourage du président au regard de l'isolement de la Russie et du rapprochement des Européens sur les sujets de défense. Emmanuel Macron semble renvoyer à la Conférence sur l'avenir de l'Europe les questions d'élargissement et de nouvelles architectures de l'UE.
Au sein de l'Union européenne, la situation se tend entre certains pays alliés. C'est actuellement le cas entre la Hongrie et la Pologne. Plus proche de Poutine, Viktor Orban entend « ne pas se laisser entraîner dans cette guerre » et a annoncé qu'il n'était pas question que du matériel militaire à destination des autorités ukrainiennes transite par son pays. Ce qui met son voisin polonais dans une colère noire.
L'alliance des nationalistes a volé en éclats
Dans une tribune publiée par Le Figaro, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki considère, au contraire, que Vladimir Poutine a déclaré la guerre non seulement à l'Ukraine mais à tout l'Occident. Il appelle les alliés à renforcer considérablement le flan oriental de l'Otan, dont le potentiel de dissuasion est, à ses yeux, « insuffisant ». Le Premier ministre polonais a proposé que les dépenses militaires ne soient pas prises en compte dans le pacte budgétaire (les fameux 3 % de déficit). Il n'est pas satisfait des mesures trop timides prises lors du Conseil européen du 24 février. Il propose de tourner définitivement le dos aux hydrocarbures russes afin de restituer à l'Europe sa pleine souveraineté, en plus de couper la Russie du marché numérique européen. « La Russie ne peut plus s'enrichir sur notre dos tout en tuant des Ukrainiens innocents », écrit-il dans cette tribune. Pas question pour Morawiecki de reproduire les erreurs de Lord Chamberlain.
Il semble, à ce stade des tensions entre Budapest et Varsovie, que l'alliance des nationalistes européens que les deux pays avaient initiée soit définitivement enterrée devant les circonstances tragiques du retour de la guerre en Europe. En effet, Matteo Salvini, en Italie, s'est fondu dans l'européisme de Mario Draghi et a rompu les liens avec Moscou. Viktor Orban, très dépendant du gaz et du nucléaire russe, ne peut se permettre un tel mouvement. La Pologne est plus que jamais confortée par cette agression contre l'Ukraine dans ses convictions que la Russie est son pire malheur. Quant à Marine Le Pen, le quatrième mousquetaire des nationalistes, la perspective d'une victoire à la présidentielle s'éloigne considérablement…
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