Ce dimanche 20 mars, alors que la guerre fait rage depuis déjà vingt-cinq jours, la situation est catastrophique dans le port assiégé de Marioupol, et très dure sur tous les autres fronts, y compris à Kiev. Mais la volonté de résister de la population est intacte, indiquent les sondages cités par la presse ukrainienne.
Depuis vendredi 18 mars et l’entrée des forces russes à Marioupol, au sud-est de l’Ukraine, d’intenses combats font rage dans les rues de la ville, tandis que Kiev résiste encore à l’encerclement. Moscou a beau écraser les villes ukrainiennes sous les bombes, les forces russes ne progressent que lentement et en subissant de lourdes pertes, affirme l’état-major général ukrainien, cité par le site d’information Novynarnia.
Les autorités de Kiev ne communiquent que très peu, en toute logique, sur leurs propres pertes militaires. En revanche, elles diffusent toutes les informations qu’elles peuvent sur celles de leur ennemi. Ainsi, Oukraïnska Pravda annonce qu’une “nouvelle colonne de l’occupant a été détruite par les forces spéciales ukrainiennes et la Légion géorgienne”, une unité composée majoritairement de volontaires géorgiens.
Vers une guerre de positions ?
Sur Twitter, Mykhaïlo Podolyak, conseiller à la présidence et membre de la délégation ukrainienne dans les pourparlers avec la Russie, fait quant à lui mine de s’étonner du “fort taux de mortalité des officers russes”, qu’il juge “frappant” : “Déjà 6 généraux tués : Gén. de brigade Touchaev, Guerrassimov, Kolesnikov, Soukhovetski, Mityaev & gén. de division Mordvitchev. Des dizaines de colonels et d’autres officiers. Autrement dit, l’armée russe est absolument mal préparée et ne se bat qu’avec le nombre et ses missiles de croisière.”
Une analyse certes grossière, mais qui rejoint les travaux des spécialistes américains de l’Institute for the Study of War, cités par Oukraïnska Pravda. “L’armée russe ne dispose pas d’assez de moyens pour prendre Kiev, Kharkiv, Odessa et d’autres grandes villes. La campagne visant à occuper les grandes villes d’Ukraine a échoué. La première campagne russe a atteint son point culminant et a abouti à une impasse. Les forces russes s’enterrent en périphérie de Kiev et d’autres villes, en essayant de renforcer leur contrôle politique sur les territoires qu’elles occupent.”
Si la guerre en Ukraine reste dans cette impasse, les forces russes continueront à bombarder les villes ukrainiennes, pour les désertifier en tuant les civils. Les Russes pourraient tenter de détruire la volonté des Ukrainiens de poursuivre le combat, en démontrant l’incapacité de Kiev à chasser les militaires russes. Mais les spécialistes sont convaincus que dans cette situation, l’occupant va échouer.”
Dans les sondages, les Ukrainiens tiennent bon
Pour l’instant, la population semble en tout cas prête à accepter que le conflit dure. À en croire un sondage réalisé récemment par le Rating Group, et mentionné par le Kyiv Independent, 93 % des Ukrainiens ont foi dans la victoire finale, et 47 % sont persuadés qu’elle va être obtenue dans les prochaines semaines.
D’autres questions ont été posées à l’occasion de ce sondage, mené au téléphone le 18 mars auprès de personnes de plus de 18 ans dans toutes les régions du pays sauf le Donbass occupé, rappelle Oukraïnska Pravda. En particulier, les sondeurs ont voulu savoir quelle était désormais l’attitude des Ukrainiens vis-à-vis de plusieurs pays. À commencer par la Fédération de Russie. Et là, “le consensus national est total, souligne le quotidien en ligne : 95 % la considèrent comme ‘absolument ennemie’. Les citoyens considèrent également la Biélorussie et la Chine comme des ennemis”.
Ils sont 52 % à penser que Minsk aussi est “absolument ennemie”, jugement qui s’explique d’une part par le fait que la Biélorussie permet aux forces russes d’utiliser son territoire pour attaquer l’Ukraine, et d’autre part par la menace constante d’une intervention de l’armée d’Alexandre Loukachenko dans la guerre aux côtés de Moscou.
Parmi les “amis de l’Ukraine pendant la guerre, la Pologne arrive clairement en tête, 79 % des personnes interrogées la considérant comme ‘absolument amie’, devant la Lituanie, la Grande-Bretagne et les États-Unis”. En revanche, les Ukrainiens se méfient apparemment de deux pays membres de l’Union européenne, la Hongrie (13 % la voient comme “absolument amie”) et l’Allemagne (16 %). La France s’en sort à peine mieux, avec 20 %.
Enfin, au sujet des pourparlers de paix avec la Russie, “74 % des Ukrainiens soutiennent le principe de négociations directes entre le président Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. Un quart sont contre”.
Des pourparlers illusoires ?
Cette position résolument hostile à des négociations avec le Kremlin se retrouve entre autres sous la plume du blogueur Valeriy Pekar, qui écrit pour le quotidien de Lviv, Vissoki Zamok. Ce dernier estime en effet que tant que Moscou exigera “la démilitarisation” de l’Ukraine, il ne pourra pas y avoir de négociations sérieuses.
“Du fait de la non reconnaissance par Poutine du droit de l’Ukraine à exister, les pourparlers de paix n’ont pas commencé, et ils ne commenceront pas dans un avenir proche. Ce qui n’empêche pas de discuter d’échanges de prisonniers et de couloirs humanitaires”, commente-t-il, avant de conclure :
Si une des parties propose à l’autre la mort comme condition d’une vie commune future, c’est dans les faits un refus de négocier.”
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