Son discret directeur de campagne, Manuel Bompard, veille au grain ; rien ne doit empêcher cette marche de marquer le début du « sprint final » qui doit enfin conduire « JLM » – après deux tentatives malheureuses –, au second tour. Aucun des soutiens du candidat à l'élection présidentielle ne pouvait se permettre de rater un tel événement. Des députés de La France insoumise (LFI) aux nouveaux venus du Parlement populaire – l'ex-présidente d'Attac France Aurélie Trouvé et le militant antispéciste Aymeric Caron, entre autres –, personne ne manque à l'appel. « Mélenchon président », « On va gagner », scandent quelques sympathisants, requinqués par les derniers sondages plaçant leur candidat en troisième position, loin derrière Emmanuel Macron mais à seulement quatre ou cinq points de Marine Le Pen.
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Sous le regard amusé de quelques parlementaires quelques militants de LFI ballottent d'ailleurs un pantin du président de la République avant de le jeter en l'air et d'entonner en chœur : « À bas Macron et toute sa clique et vive vive vive la République. » Les quelques pancartes qui se distinguent de la nuée de drapeaux violets du parti visent d'ailleurs directement le chef de l'État. « Toute notre énergie et nos discours se concentrent sur lui. On ne va pas se fatiguer à se tirer la bourre avec Pécresse, Jadot et Zemmour, ils le font déjà très bien entre eux », se marre un lieutenant Insoumis. Vers 15 heures, Jean-Luc Mélenchon quitte discrètement le cortège et en profite pour serrer quelques louches avant de préparer le grand rassemblement sur la place de la République.
Avant qu'il ne réapparaisse, sur une estrade cette fois-ci, quelques membres du Parlement populaire haranguent quelque 100 000 personnes – c'est le chiffre avancé par les organisateurs. « Il est temps de tourner la page de cinq années de mépris », tonne Ali Rabeh, maire de Trappes et soutien. « 65 ans avec Macron ou 60 ans avec Mélenchon, Françaises, Français, choisissez ! » abonde Adrien Quatennens, martelant que le candidat Insoumis est le seul parmi ceux qui sont en mesure de se qualifier pour le second tour à ne pas augmenter l'âge légal de départ à la retraite. Arrive enfin Mélenchon, acclamé par la foule.
« Rien ne sert de prononcer mon nom ! »
Alors qu'il entame un discours assez classique sur le fond – critique musclée du capitalisme, promesses de défendre « l'intérêt général humain » en portant notamment le smic à 1 400 euros, lutte pour l'égalité totale entre les hommes et les femmes –, l'assistance a l'imprudence de l'interrompre en s'époumonant : « Mélenchon président ! » « Rien ne sert de prononcer mon nom, je le connais déjà ! Criez plutôt “Union populaire” », les reprend-il. Le candidat entend ainsi faire passer un passage : l'union autour de son projet compte davantage que sa personne. Celui-ci consiste à mettre fin – démocratiquement, prend-il curieusement le soin de préciser –, à la « monarchie présidentielle » incarnée par Emmanuel Macron afin de lui substituer un « gouvernement de l'Union populaire » qui rende justice à toutes les victimes de ce « quinquennat autoritaire ».
Jean-Luc Mélenchon s'est ainsi porté en défenseur inconditionnel du peuple que Macron méprise et méconnaît selon lui – il a, par exemple, proposé d'amnistier tous les Gilets jaunes condamnés. « Chaque personne a la clé du second tour », a-t-il par ailleurs rappelé, intimant aux abstentionnistes de ne pas se « dérober » le 10 avril afin de rendre ce pays, « rabougri par la cupidité et le racisme », à tous ses enfants. « On a réussi à organiser le plus grand rassemblement populaire depuis le début de cette campagne. C'était une véritable démonstration de force », estime un cadre LFI, qui rappelle qu'il ne s'agit que de la première étape d'une dernière ligne droite.
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Un autre meeting est prévu à Marseille la semaine prochaine et les équipes de Mélenchon organisent, en ce moment, plus d'une réunion publique par jour. L'ultime rendez-vous est fixé juste avant le premier tour ; Manuel Bompard a rivalisé d'imagination pour faire en sorte que plusieurs hologrammes soient projetés. Avant de conclure son discours, « JLM » a rappelé à son public qu'un événement planétaire s'était produit pendant qu'il leur parlait. « À 16 h 33, c'était l'équinoxe du printemps. Depuis cette heure, le jour l'emporte sur la nuit ! », s'est exclamé, guilleret, celui qui rêve de passer de l'ombre du premier tour aux lumières du plateau de débat du second tour.
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