25/03/2022

la Russie prédit un effondrement des marchés si l'Europe se passe du pétrole et du gaz russes

latribune.fr 
Alors que la pression ukrainienne est forte pour que l'Europe mette en place un embargo sur les importations de gaz et de pétrole russes, le vice-Premier ministre russe chargé de l'Energie, Alexandre Novak, a voulu prévenir. Devant la Douma, la chambre basse du parlement il a indiqué que si un tel embargo sur les hydrocarbures devait voir le jour, le marché s'effondrera et entraînera les prix vers un terrain inconnu.

Arrêter Nord Stream 2, une "absurdité"

"Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s'effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible", a-t-il déclaré, en précisant que le blocage de Nord Stream 2, le gazoduc qui devait relier la Russie à l'Allemagne en contournant l'Ukraine, était une « absurdité ».

"Dans l'UE, où il y a (...) une hausse des prix et une pénurie de ressources énergétiques, sous la pression des États-Unis, ils ont refusé de mettre en service le gazoduc Nord Stream 2 déjà construit, au détriment des consommateurs européens", a-t-il déclaré selon des agences russes, estimant que le blocage de ce tube de 1.230 kilomètres sous la mer Baltique était une « absurdité ».

"Les prix des produits pétroliers, par exemple en Allemagne, ont augmenté jusqu'à 40%. Le prix du gaz par moments a atteint jusqu'à 4.000 dollars par millier de mètres cubes. Et ce n'est pas la fin", a averti le vice-Premier ministre.

Il a ajouté qu'actuellement, le volume de gaz dans les installations de stockage en Europe est de 26%, contre plus de 30% l'année dernière.

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 "Nous ne sommes pas prêts" (Ferrand)

Compliqué en effet pour les pays européens. Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a d'ailleurs estimé mercredi qu'un embargo sur le gaz et le pétrole russes "n'est pas possible", quelques heures avant l'intervention vidéo devant le Parlement du chef de l'État ukrainien Volodymyr Zelensky.

"Nous ne sommes pas prêts parce que ce n'est pas possible", a répondu à l'antenne de France Inter le président du comité de campagne d'Emmanuel Macron, ajoutant que "les sanctions servent à infléchir le pouvoir politique russe, elles ne servent pas à punir les Françaises ou les Français ou les autres Européens".

"Chaque fois que l'on peut durcir la position pour infléchir le pouvoir russe, il faut le faire, mais il ne s'agit pas d'assécher soudainement l'Europe, la France, l'industrie, tout ce qui fait que nous vivons", a argumenté Richard Ferrand.

"Il n'y a pas de réponse de substitution si on décidait ça demain ou après-demain. Que l'on aille de manière progressive vers une diminution de nos approvisionnements au point que cela affaiblisse la Russie, oui, mais il ne serait pas honnête de dire "demain matin on décide cela" », a-t-il conclu.

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"Il faut évidemment qu'on sorte, et le plus tôt possible, de l'importation du gaz et du pétrole russes", a jugé pour sa part sur Franceinfo la présidente déléguée des députés LREM Aurore Bergé, ajoutant toutefois que "c'est une question de temps, parce qu'on ne peut pas condamner demain nos voisins qui sont dans une situation énergétique de dépendance extraordinairement puissante".

"C'est un enjeu de renforcement des sanctions sur le moyen-long terme, la guerre risque de durer, et donc il faut aussi que les sanctions puissent avancer de manière graduelle", a-t-elle précisé.

Washington a décidé d'interdire les importations d'hydrocarbures russes et le Royaume-Uni a annoncé l'arrêt de ses importations d'énergie russe d'ici fin 2022.

L'Europe s'est pour l'instant refusée à décréter un embargo sur les importations russes, qui assurent 40% de ses besoins en gaz naturel et 30% pour le pétrole.

Mais le 11 mars, à Versailles, à l'issue de deux jours de réunion avec les dirigeants européens, Emmanuel Macron n'avait pas exclu que l'Union européenne puisse s'en prendre ultérieurement aux importations de gaz ou de pétrole. "Rien n'est interdit, rien n'est tabou", avait-il lancé.

"Il n'y a pas de futur de croissance en Russie pour TotalEnergies" (PDG)

Ce mercredi sur RTL, au lendemain de l'annonce de l'arrêt des achats de pétrole et ou produits pétroliers russes de TotalEnergies, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, a rappelé ne pas pouvoir se passer de gaz russe sans lequel une partie de l'économie européenne "s'arrêterait".

"Je sais remplacer ce pétrole et ce diesel" russes mais "le gaz, je ne sais pas le faire. Si je décide d'arrêter d'importer du gaz russe, je ne sais pas le remplacer, je n'en ai pas de disponible. J'ai des contrats de 25 ans et je ne sais pas sortir de ces contrats", a déclaré Patrick Pouyanné.

Concernant l'annonce de retrait de Russie de certains groupes anglo-saxons, "personne n'est parti, mes concurrents continuent de prendre le gaz russe parce qu'on a des contrats long terme et qu'on ne sait pas les arrêter, sauf si les gouvernements décident de sanctions qui font qu'on peut utiliser la force majeure. Si j'arrête le gaz russe, je paie des milliards immédiatement aux Russes", a affirmé le PDG.

"Sans gaz russe, on arrête une partie de l'économie européenne" et, à ce stade, les gouvernements européens n'ont pas décidé de sanctionner le gaz russe, rappelle-t-il en ajoutant: "si nous arrêtons le gaz russe, nous savons que l'hiver 2023, nous avons un problème, en janvier 2023 il faudra rationner l'utilisation du gaz, pas pour les particuliers mais sans doute pour les industriels en Europe".

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Quitter totalement la Russie? "Je ne vais pas le faire, on a investi dans des usines pour presque 13 milliards de dollars, ce n'est pas un problème d'argent, ces usines vont continuer à tourner que je m'en aille ou non. Me retirer c'est donner ces 13 milliards à des Russes, pour zéro car personne ne peut les acheter. Vous voulez que j'abandonne des actifs en Russie pour enrichir des Russes qu'on a mis sous sanction ?", a-t-il lancé.

"La Russie c'était 5% de notre cashflow, 10% de notre résultat, l'entreprise n'est pas en jeu du tout. Depuis que M. Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine, il n'y a pas de futur de croissance en Russie pour TotalEnergies, j'ai mis une croix sur tout le futur qu'on était en train de construire en Russie. Vous croyez que même après la guerre, je ne vais pas garder en tête ce qu'il s'est passé?" a affirmé Patrick Pouyanné.

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