CHRONIQUE. La hausse des prix, conjuguée à une transition énergétique destructrice d’emplois, pèsera très lourd sur les ménages modestes.
Il faut s'interroger sur le risque sérieux d'une crise sociale en France durant les cinq prochaines années si des politiques publiques puissantes ne sont pas mises en œuvre. Ce risque provient de la hausse simultanée qu'il faut attendre des prix de l'énergie, des voitures et de l'immobilier, mais aussi des pertes d'emplois qui découleraient de la transition énergétique. Celle-ci va faire fortement monter les prix de l'énergie, essentiellement pour deux raisons.
D'abord, l'intermittence de la production d'énergies renouvelables, qui impose de stocker l'électricité lorsqu'elle peut être produite, avec des technologies de stockage (hydrogène) à l'efficacité énergétique médiocre. Il faudra donc supporter des coûts élevés de stockage, qui feront fortement monter les prix de l'énergie (multiplication par 2,5 en trente ans, en euros constants). Ensuite, pendant la transition, l'offre d'énergies fossiles risque d'être structurellement inférieure à leur demande. En effet, la pression est forte pour que les investissements dans les énergies fossiles ne puissent plus être financés, tandis que la demande d'énergies fossiles restera forte, d'où leur prix attendu durablement élevé.
Un accroissement des inégalités
Si les prix de l'énergie montent fortement, cela affectera surtout les Français aux revenus faibles ou modestes. Les 20 % de Français aux revenus les plus bas consacrent 15 % de leurs revenus à acheter de l'énergie, contre seulement 5 % pour les 20 % de Français aux revenus les plus élevés. L'accroissement des inégalités dû à la transition énergétique sera donc fort.
On sait aussi que les voitures électriques seront plus chères que les voitures thermiques, en raison notamment du coût élevé des batteries. Il sera donc difficile de remplacer, pour les classes populaires et moyennes inférieures, toutes les voitures thermiques par des voitures électriques, ce qui pose la question de la mobilité des classes populaires.
Le risque suivant vient des prix de l'immobilier. Leur hausse a atteint 7 % en France en 2021, poussée par la politique monétaire expansionniste de la BCE et les taux d'intérêt réels à long terme négatifs. La hausse constante au cours du temps des prix de l'immobilier en France par rapport au salaire pose un problème sévère d'accès au logement des jeunes, des classes populaires, des classes moyennes. Les primo-accédants (premier achat d'un logement) peuvent consacrer un tiers de leur revenu à l'achat d'un logement, ce qui est énorme.
Enfin, la transition énergétique va conduire non seulement à des hausses de prix mais à des destructions d'emplois dans la production et l'utilisation d'énergies fossiles comme dans la construction et la vente de voitures thermiques. La filière automobile pourrait ainsi perdre au moins 120 000 emplois.
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Relancer la construction
Les ménages français vont donc être confrontés à la fois à la forte hausse des prix de l'énergie, des voitures et de l'immobilier, ainsi qu'à des destructions très importantes d'emplois dans certaines industries. Ce cumul inédit des problèmes peut conduire à une crise sociale grave. Quelles politiques mener pour éviter cette crise ?
Tout d'abord, envisager un soutien aux revenus des ménages modestes pour compenser la hausse du prix de l'énergie et de celui des voitures. Le coût pour les finances publiques peut s'avérer énorme (imaginons qu'il faille donner une prime de 10 000 euros pour chacune des 2 millions de voitures vendues chaque année).
Ensuite, il faut stabiliser les prix de l'immobilier, ce qui ne peut se faire durablement que par un supplément de constructions. Le nombre de mises en chantier reste durablement inférieur à 400 000, alors qu'on estime qu'il faudrait construire au moins 500 000 logements par an pour satisfaire la demande. Une solution serait de réduire les normes de construction, d'accepter la densification des centres-villes.
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Enfin, l'effort de requalification et de développement de nouvelles compétences doit être considérable. Il n'est pas simple de reconvertir un salarié de l'industrie automobile en un salarié des énergies renouvelables ou de la rénovation thermique des bâtiments.Si ces choix ne sont pas faits, on ne voit pas comment une crise sociale grave pourra être évitée.
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