L’arrivée de millions de réfugiés venus d’Ukraine a relancé le débat sur
l’immigration, l’une des grandes questions non résolues en Europe,
d’autant que la pression exercée par l’Afrique et le Moyen-Orient est
loin d’avoir disparu. Le débat politique européen sur l’immigration est
malheureusement pris dans une contradiction difficile à résoudre. Mais
elle n'est pas sans issue. Lire la suite...
Le monde d'avant-Covid, en matière d'inflation, ne reviendra pas, a estimé mercredi Christine Lagarde. Moins de vingt quatre heures après avoir réaffirmé l'intention de la Banque centrale européenne de fermer les robinets des liquidités, la patronne de l'institution annonce que la période de très faible inflation qui a précédé la pandémie de Covid-19 est révolue. Aussi, les banques centrales doivent s'adapter à des anticipations d'inflation plus élevées, a déclaré la présidente de la BCE qui se réunit lors du Forum Sintra au Portugal.
Bercy vient d'annoncer un surplus de recettes fiscales de plus de 50 milliards d'euros pour 2022. Peut-on parler de cagnotte ? Les explications de Raphaël Legendre, journaliste à l'Opinion. Ecorama du 29 juin 2022,
Le CAC 40 rechute lourdement sous les 5900 points ce jeudi. Les investisseurs sont toujours inquiets par l'inflation et les risques de récession. Mais pour John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud, l'entrée en récession pourrait être une bonne nouvelle pour les marchés boursiers. Ecorama du 30 juin 2022, présenté par David Jacquot sur Boursorama.com
Danny Boon avait un sketch "Je vais bien tout va bien".C'est à peu près le même principe qui fait tenir les marchés, mais exprimé avec plus de mots techniques.
Patrick Pouyanné : « On nous demande de prendre des décisions que les États ne prennent pas »
Tout
commence par un moment de rogne, comme parfois avec lui. Dans
l'intimité, certains l'appellent même « Aigle 4 » (traduire en anglais :
« Eagle four », puis en français : « Il gueule fort »). Ce 25
mai, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, s'empare de la scène de la
salle Pleyel. L'assemblée générale des actionnaires,
moment solennel de la vie d'un groupe du CAC 40, va démarrer dans
quelques minutes. Il s'agace de ne pas avoir sous les yeux un document
qu'il estime, à cet instant, tout à fait essentiel. Sa voix de stentor
déchire le silence qui règne dans cette enceinte où Maurice Ravel, Miles Davis et Charles Trenet
se sont produits avant lui. Le brouhaha de 2 000 petits actionnaires
impatients aurait dû couvrir le brame patronal mais la grande salle Art
déco est... presque déserte. Seul le premier rang est occupé par les
membres esseulés du conseil d'administration de TotalEnergies. Pour le
reste, on compte quelques journalistes et attachés de presse,
éparpillés… La cause de ce vide retentissant ? Quelques heures plus tôt,
deux cars de touristes ont stoppé rue du Faubourg-Saint-Honoré pour
déverser 200 militants écologistes, qui se sont illico enchaînés entre eux pour empêcher l'accès aux lieux.
Ils ont scandé : « Total, Total, il faut choisir, les énergies fossiles ou notre avenir » et ont brandi des pancartes rouges et vertes : « Retrait Total de Russie », « Total climate criminal ».
L'AG s'est tenue à huis clos, diffusée exclusivement en
visioconférence, et les images des activistes sous le soleil printanier
ont fait le tour des journaux télévisés.
Explosif. De quoi mettre Patrick Pouyanné, 59 ans, de mauvais poil, même si cette force de la nature, PDG de la major pétrolière depuis l'automne 2014,
a le cuir tanné à force de « s'en prendre plein la figure ». Depuis
quelques mois, il serait, à écouter le bruit ambiant, l'homme à
abattre, le Dark Vador du CAC 40, le représentant du côté obscur du
capitalisme. Bien sûr, ces sentiments n'ont rien à voir avec sa personne
- plutôt discrète dans les médias -, mais ont tout à voir avec sa
fonction de patron de TotalEnergies.
TotalEnergies en chiffres
Présent dans 130 pays
101 309 collaborateurs
18,1 milliards de dollars de résultats nets ajustés en 2021
À ce poste, Pouyanné est assis sur un baril de
poudre politique et médiatique que l'on pourrait résumer ainsi : 1)
Productrice d'énergies fossiles, la major française incarne, aux yeux de
certains, pollution et réchauffement climatique. 2) Profitant de la
hausse des prix de l'énergie, elle encaisse des bénéfices qui se
comptent en milliards. 3) Présente en Russie depuis des décennies, elle
se refuse à liquider ses actifs, même si son PDG a « approuvé » les
sanctions et n'y finance plus aucun nouveau projet. Résultat : même si
l'entreprise a toujours supporté son lot de polémiques, la violence est
montée d'un cran.
C'est Greenpeace qui foudroie le « profiteur du chaos climatique », Yannick Jadot qui accuse l'entreprise d'être complice de « crimes de guerre »,
des investisseurs qui exigent plus de transparence sur la réduction de
ses émissions de gaz à effet de serre, Jean-Luc Mélenchon qui veut « tout prendre ». TotalEnergies
a dû aussi renoncer à devenir sponsor des JO de 2024 devant les
réticences de la mairie de Paris, et à installer un centre de recherches au sein du campus de Polytechnique
à Saclay devant l'opposition de professeurs et d'élèves. Il n'y a pas
beaucoup d'amour… Alors, quand il arrive que Pouyanné puisse grappiller
des moments de ciel bleu, il savoure. Cinq jours après l'AG tronquée, il
inaugure, au côté de Xavier Niel, le premier accélérateur dévolu au
développement durable du campus Station F. Dix start-up innovantes ont
été sélectionnées par TotalEnergies pour se développer dans le secteur
de l'électricité et des renouvelables. Sur l'estrade, Pouyanné, costume
gris bleu sans cravate, visiblement heureux d'être entouré de jeunes non
hostiles à son égard, a bu les paroles du fondateur de Free : « Nous sommes ravis d'accueillir TotalEnergies dans nos murs. On est ravis. Vraiment. »
En tout cas, vraiment conscient de sa position de plus en plus
inconfortable, voire pénible, le boss de TotalEnergies veut s'expliquer,
argumenter, se défendre. Il a des choses à dire.
Carburant 100 % renouvelable. Il
nous a proposé de l'accompagner deux jours, le temps d'un week-end de
sa vie professionnelle. En ce samedi 11 juin, le pilote de l'appareil -
un Bombardier - prépare un plan de vol original : Le Mans-Doha. Le
patron de TotalEnergies a rendez-vous au Qatar avec Abdallah ben Hamad
al-Thani, le vice-émir, dans son palais princier avec vue sur la mer,
puis avec le PDG de QatarEnergy, qui est aussi ministre du Pétrole, pour
parapher un très très gros contrat. Après trois ans de négociations, le
géant français a finalement été choisi pour exploiter jusqu'en 2054 une
partie d'un des plus grands champs gaziers du monde, le projet North
Field East, afin de produire une montagne de gaz naturel liquéfié (GNL),
furieusement tendance en ces temps où le gaz russe n'a plus la cote...
Et si l'avion décolle du petit aéroport de la
Sarthe, c'est que Pouyanné avait été invité à donner le départ des
24 Heures du Mans.
Tous les bolides de la mythique course d'endurance roulent, ce jour-là, avec un carburant 100 % renouvelable made in TotalEnergies.« Notre entreprise a toujours connu des crises et des polémiques, ce n'est pas nouveau, explique le PDG, qui a passé un polo et enlevé ses chaussures avant de se mettre au travail. Nous
payons le fait d'être un leader global et puissant. Cela a aussi à voir
avec la relation complexe de la France au capitalisme, à l'argent…
Mais, depuis quelques mois, nous sommes passés dans une autre dimension…
TotalEnergies est devenu un objet de débat politique. »
Des promesses ? Intronisé
trois jours après le décès accidentel de son charismatique
prédécesseur, Christophe de Margerie, le 24 octobre 2014, Patrick
Pouyanné, ingénieur, issu du prestigieux corps des Mines, alors patron
de la branche raffinage-chimie du géant pétrolier, a vite compris
qu'être patron de Total impliquait de vivre avec une caméra braquée 24
heures sur 24 sur ses moindres faits et gestes. La question qui lui est
posée aujourd'hui est vertigineuse : TotalEnergies, dont l'imposante
tour à la Défense reste le symbole de sa puissance, a-t-il vraiment pris
le train de la transition énergétique ? Ses contempteurs parlent de greenwashing, la société, elle, répond en évoquant ses colossaux investissements dans le renouvelable.
Reprenons le fil des
récents événements qui ont marqué la vie de cette major pétrolière
presque centenaire, ex-Compagnie française des pétroles, qui a absorbé
Elf, Fina et tant d'autres. En septembre 2019, Pouyanné est présent dans la salle quand Greta Thunberg,
16 ans, enflamme son public, du haut de la tribune des Nations unies, à
New York. Il observe avec des yeux ronds les dirigeants de la planète
entonner le chant de la « neutralité carbone », qui implique de réduire
considérablement les émissions. Son cerveau d'ingénieur se demande
comment y parvenir… Quelques mois plus tard, en mai 2020, Total le
promet haut et fort : le groupe sera neutre en carbone dans trente ans,
en 2050. Croix de bois, croix de fer, si Pouyanné ment… Pour commencer,
il présente une stratégie à dix ans de transformation en un groupe
multi-énergies. « Si on m'avait dit que, sept ans après ma
nomination au poste de PDG, nous limiterions volontairement les
investissements dans le pétrole et le gaz et que nous miserions plus de 3
milliards d'euros par an dans les énergies renouvelables, sur le
solaire, l'éolien, je ne l'aurais jamais cru ! », assure le PDG, en entamant sa copieuse assiette de spaghettis bolognaise, dont il ne laissera pas une miette.
« Un monde dogmatique ». En 2021, Total se renomme TotalEnergies pour marquer le début d'une nouvelle histoire,
celle de la mue d'une vieille major du pétrole en un producteur d'électricité renouvelable. «
Ce que je ressens face aux attaques, c'est une grande frustration. Nous
voulons être un acteur positif, nous prenons des risques stratégiques
et financiers, mais on a basculé dans un monde dogmatique, presque
théologique. Quoi que nous fassions, ce n'est jamais assez, sûrement...
Il n'y a plus de débat possible ! Or le sujet de la décarbonation de la
société est éminemment complexe… »
C'est son avis. Celui de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) est très différent.
Son constat est simple : pour limiter l'augmentation moyenne des
températures à 1,5 °C d'ici à la fin du siècle - sinon les impacts du
changement climatique auront des conséquences irréversibles pour les
humains et la planète -, elle prône l'arrêt immédiat de tous les
nouveaux projets d'exploration dans les énergies fossiles (pétrole et
gaz). Or TotalEnergies continue d'investir dans les hydrocarbures, et
pas qu'un peu… « Les experts de l'AIE ont tracé une ligne droite de
baisse de la production d'hydrocarbures. Mais il faut regarder les
choses en face, la demande de produits pétroliers ne baissera pas de 30 %
en dix ans, c'est irréaliste ! » Pour montrer l'ampleur de la
tâche à accomplir, Pouyanné dégaine son argument préféré : si, demain,
d'un coup de baguette magique, tous les véhicules de la planète
roulaient à l'électrique renouvelable, on économiserait seulement… 15 %
de la demande en pétrole. Et puis, il l'assure, la demande reste forte -
pour se chauffer, produire, transporter des marchandises - et elle est
même plutôt en train d'augmenter. Pouyanné insiste d'ailleurs sur le
caractère planétaire de celle-ci : « La Chine est sortie de la
pauvreté et, quand ils ont chaud l'été, les Chinois achètent des
climatiseurs, comme les Occidentaux. C'est pour cela que la demande
d'électricité explose, à cause de la clim ! Mais qui sommes-nous pour
leur dire : "Pardon, mais vous n'avez plus le droit de vous climatiser" ?
Plus généralement, en Occident, on est très égoïste. Nous avons atteint
un niveau de vie grâce aux énergies fossiles auquel nous ne sommes pas
forcément prêts à renoncer. Mais, aux pays émergents, on explique :
"Vous avez trouvé vos ressources trop tard, vous allez les laisser dans
le sol et vous allez rester pauvres"… L'Occident veut imposer sa vision
du monde à tous, c'est égoïste. » Son prédécesseur, Christophe de
Margerie, était parfois qualifié de « tiers-mondiste » par ses amis.
Patrick Pouyanné semble lui avoir emboîté le pas... Mais ce n'est pas
tout. Il oppose une dernière remarque : « Que se passerait- il si
TotalEnergies vendait tous ses actifs pétroliers ? Rien du tout ! Car
ils seraient rachetés par des fonds d'investissement ou des sociétés non
cotées, bien moins régulés et transparents que nous, ou par des
sociétés nationales, et le pétrole sortirait toujours de terre. Cela ne
réglerait rien… »
Éthique. Ce qui nous amène à son mot favori : « transition ». «
Croire que l'on peut démanteler le système actuel d'énergies fossiles
alors que l'on n'a pas encore construit le nouveau, basé sur les
énergies décarbonées, est une erreur car l'énergie abordable est
essentielle à la société », professe-t-il. Le principe, simple, est
le suivant : l'argent (abondant) des hydrocarbures finance le
développement (coûteux) des énergies plus vertes. Pouyanné investit tous
azimuts. « Nous sommes en train de répartir nos œufs dans
différents paniers : le biogaz, l'hydrogène, le solaire, les
biocarburants, l'éolien offshore… Mais c'est difficile d'être bon
partout et il faudra peut-être faire des choix. Le nucléaire a été
discuté mais nous avons récemment clos le débat : nous n'irons pas !
Nous n'avons pas les compétences, c'est très capitalistique et le
cocktail de risques est trop important pour une entreprise privée. »
En matière de risque, dans la fiche de poste du
parfait patron de Total, depuis des décennies, il y a l'impératif
d'avoir le cœur bien accroché, car une compagnie pétrolière exerce dans
des pays à la sécurité incertaine, voire très dangereux, avec des
régimes parfois autocratiques, ou corrompus… « Les ressources naturelles sont là où elles sont, on ne choisit pas, argumente Pouyanné. Traditionnellement,
pour savoir si TotalEnergies devait ou non rester dans un pays, nous
nous soumettions à la position de l'ONU. Mais le Myanmar n'a par exemple
jamais été mis au ban des nations. C'est une question philosophique :
ne faut-il faire du business que dans des pays démocratiques ? Si je
regarde la carte politique du monde, cela ne laisserait pas beaucoup
d'options aux entreprises… » Longtemps, Total a traîné le boulet de
sa présence au Myanmar, dirigé par une junte militaire. Depuis son
retrait, en janvier 2021, c'est un autre dossier qui provoque la
polémique : en Ouganda, TotalEnergies a lancé un projet pétrolier géant
dans la région du lac Albert, où sont situées plusieurs réserves
naturelles. 400 puits de pétrole seront creusés pour extraire le brut et
un pipeline de 1 445 kilomètres - qui a nécessité le déplacement de
populations - est en cours de construction… Les autorités locales se
réjouissent, mais plusieurs ONG écologistes ne décolèrent pas.
Ministre bis. Le 24 février, Patrick Pouyanné est à Paris quand il apprend la nouvelle de l'invasion de l'Ukraine. Il a comme l'impression qu'un immeuble de douze étages vient de lui tomber sur la tête. Il tarde à réagir publiquement
, se refuse à quitter la Russie, selon un argument dont ses détracteurs apprécient peu la subtilité : «
Si nous avions abandonné nos actifs pour zéro euro, nous aurions
sûrement enrichi les alliés de Vladimir Poutine, ce qui aurait été
contraire aux objectifs mêmes des sanctions ! » Il y a quand même
entamé le « début d'un repli » en dépréciant ses actifs russes de 4
milliards de dollars et en cessant d'investir dans de nouveaux projets. «
On nous demande de prendre des décisions que les États ne prennent pas.
S'il y avait des sanctions, nous les appliquerions, évidemment :
comment puis-je décider tout seul de couper le gaz russe à l'Europe ? », insiste le PDG. Emmanuel Macron, rencontré le 1 er
mars à l'Élysée, ne lui a rien demandé de tel. Pourtant, le matin même,
sur France Info, Bruno Le Maire avait pointé le problème éthique que
constitue le maintien de relations commerciales avec la Russie, en
visant explicitement TotalEnergies. Patrick Pouyanné, qui a vu Vladimir
Poutine pour la dernière fois en tête à tête en octobre 2021 à Moscou,
est donc remonté à la source du pouvoir : l'entreprise doit-elle
déserter la Russie, monsieur le Président ? Ce à quoi l'intéressé,
désireux de conserver des liens, même ténus, avec le pays, a répondu
non.
En réalité, le PDG de TotalEnergies fréquente tellement de chefs d'État - « Ce sont mes clients »,
s'amuse-t-il - qu'il fait parfois office de ministre des Affaires
étrangères bis. Avant de partir en tournée en Afrique ou au
Moyen-Orient, le président Macron le convoque pour évoquer avec lui
l'état des forces politiques, les sujets à aborder, les pièges à éviter,
etc. Rien d'étonnant à ce qu'il s'autorise à faire des développements
dignes de Henry Kissinger. « Depuis 1991 et la chute de l'URSS,
nous, les Occidentaux, avons une lecture fausse de l'Histoire. On a
pensé que nos valeurs démocratiques et libérales l'avaient emporté sur
le communisme. Qu'en tissant des liens économiques entre tous les pays,
nous aurions la paix. Eh ! bien, Vladimir Poutine vient de nous prouver
que la paix par le commerce, cela ne fonctionne pas. Même si l'invasion
de l'Ukraine est un suicide pour la Russie, il nous démontre que son
rêve géopolitique prime sur tout le reste. » Un nouveau désordre du
monde… que le président Donald Trump aurait enclenché, selon Patrick
Pouyanné. L'ex-président américain, porté par cette classe moyenne
américaine qui a vu partir ses jobs vers les pays émergents, n'a cessé
de déclarer des guerres commerciales, avec l'Europe, le Canada, la
Chine.
Stratège. «
Le monde va se reconstruire différemment. Je ne suis pas convaincu que
l'on assiste à un match Russie-Chine contre le reste de la planète.
Quand je vais parler aux Indiens, aux Moyen-Orientaux, aux Africains, je
constate qu'ils n'ont pas la même vision de la guerre russo-ukrainienne
que nous… Pour eux, les responsabilités sont partagées, c'est plutôt du
50-50, et ils se souviennent que les Occidentaux n'ont pas bougé quand
la Russie a fait la guerre en Syrie, et notamment contre Daech, car cela
nous arrangeait bien… » Tout en attaquant sa part de flan à la
vanille, Pouyanné acte la fin d'une époque, provoquée par la crise du
Covid : le système uniquement fondé sur des chaînes d'approvisionnement
globales, en flux tendus et avec une optimisation de la production
mondiale démontre ses limites. « Il est excellent pour baisser les
coûts mais pas pour assurer la sécurité d'approvisionnement. On a
compris qu'il suffit d'un grain de sable dans la machine pour que tout
le système se bloque et impacte les prix de façon majeure. »
Bref, comme d'habitude, Patrick Pouyanné doit faire
évoluer ses positions, en stratège. Comme s'il jouait une partie de Risk
perpétuelle. Pour se concentrer, il lui arrive d'aligner des équations
et de refaire des calculs pendant des heures. « Nous devons mieux
étudier nos implantations, se dire que l'avenir sera peut-être un monde
de sanctions dominé par des rapports de force géopolitiques et plus par
le commerce. Un monde avec de grands blocs qui se font face et qui se
sanctionnent mutuellement. Après les sanctions contre la Russie, y
aura-t-il un jour des sanctions contre la Chine ? Quel avenir pour les
multinationales dans ce monde-là ? » L'épicentre du groupe bascule
vers les États-Unis : la major a acquis récemment 50 % d'un important
producteur américain d'énergies renouvelables, Clearway Energy, pour 2,4
milliards de dollars. Pouyanné avait gardé cette annonce « verte » pour
le jour de l'AG, en guise de surprise du chef. Il pensait engranger ne
serait-ce qu'un tout petit succès d'estime auprès de ses détracteurs.
Ceux-ci ne l'ont, donc, pas entendu. « Aigle 4 », disent-ils. Assez fort ? §
Le gaz naturel liquéfié, pilier de la décarbonation
Il le répète en boucle : le gaz
est un maillon essentiel de la stratégie de décarbonation de
TotalEnergies. Pourquoi ? Car il émet deux fois moins de CO2 que
le charbon et 30 % de moins que le pétrole. La major a misé gros sur le
gaz naturel liquéfié (GNL), avec une présence aux États-Unis, au
Mexique, et la signature, en juin, d’un contrat géant au Qatar… Une
stratégie payante au vu du niveau explosif des prix… « Personne n’en avait entendu parler en France il y a encore quelques mois…, remarque Patrick Pouyanné, dont l’entreprise est devenue le 2e producteur mondial privé de GNL. Le
GNL était surtout demandé en Asie, par la Chine notamment, mais il est
devenu furieusement à la mode en Europe car il vient pallier le déficit
de gaz russe. » Son immense atout ? Il peut être livré
indépendamment des réseaux de gazoducs. Explication : dans une usine de
liquéfaction, le gaz est refroidi à – 161 °C pour être transformé en
liquide, occupant ainsi 600 fois moins d’espace. Transporté par bateau
(un méthanier), il est regazéifié à destination, puis distribué dans les
réseaux d’énergie. La France a un rôle de porte d’entrée du gaz en
Europe car elle dispose de quatre usines de regazéification, alors que
l’Allemagne, qui en a le plus besoin, n’en a pas.
Malgré son retard, la proposition de loi sur le pouvoir d'achat tant attendue devrait finalement être présentée le 6 juillet en Conseil des ministres. Au programme : revalorisation des prestations sociales et des pensions de retraites, « prime de transport » élargie, doublement de la « prime Macron » ou encore indemnité inflation...Voici sept mesures qui devraient composer le paquet pouvoir d'achat du gouvernement.
La forte baisse du chômage est analysée ici par léquipe de l'OFCE dans un rapport de 42 pages. "LE MARCHÉ DU TRAVAIL AU COURS DU DERNIER QUINQUENNAT" Lien pdf. Des explications sont données ici sur le site de 20minutes.fr
TRIBUNE - Major de Polytechnique en
2004, Vincent Le Biez jette un regard à la fois malicieux et inquiet sur
ses cadets qui, lors des cérémonies de diplômes de leurs grandes
écoles, infligent à l’auditoire un sermon contre la formation qu’ils ont
reçue.
Vincent Le Biez est l’auteur de «Platon a rendez-vous avec Darwin» (Les Belles Lettres, 2021).
Ce week-end avaient lieu les cérémonies de remise de diplômes de l’École polytechnique. Comme pour d’autres grandes écoles - AgroParisTech, HEC ou Sciences Po -, ces cérémonies ont été l’occasion de discours dénonçant le «système», l’inaction climatique
et la croyance que la technique peut résoudre les problèmes auxquels
nous sommes confrontés (le fameux techno-solutionnisme). Désormais, à
chaque remise de diplômes, on assiste à ce type de happening censé
éveiller les consciences et montrer que nos jeunes élites ne vont pas
tomber dans le panneau d’un système irresponsable et prédateur.
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le jeune auteur libéral publie Les écologistes contre la modernité, un
essai argumenté qui dresse les contradictions des écologistes, et
déconstruit le mythe d'un paradis perdu que la civilisation industrielle
aurait saccagé.
Ferghane Azihari est délégué général de
l'Académie libre des sciences humaines (ALSH) et membre de la Société
d'économie politique (SEP). Il publie Les Écologistes contre la modernité aux Presses de la Cité.
FIGAROVOX. - Votre livre Les écologistes contre la modernitéest sous-titré «Le procès de Prométhée». Dans le Principe responsabilité(1979),
le philosophe Hans Jonas fait référence au mythe de Prométhée pour
dénoncer les risques inconsidérés de certains comportements humains et
de certains choix techniques, par rapport à l'équilibre écologique,
social, et économique de la planète. Cherchez-vous dans ce livre à
prendre le parti de l'accusé ?
C'est un phénomène qui touche de nombreuses entreprises : les mouvements de grève se multiplient en France réclamant des hausses de salaires. Mais une revalorisation salariale fait planer un risque sur la santé financière des entreprises sans compter le risque que ne s'installe, en France, une véritable spirale inflationniste. Une situation qui semble, pour l'heure, inextricable.
Dimanche dernier, dans le JDD, TotalEnergies, EDF et Engie ont appelé les Français à réduire leur consommation d'énergie dès à présent pour éviter des pénuries à venir cet hiver alors que la Russie diminue progressivement ses livraisons de gaz. Mais, selon Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, le rôle des énergéticiens se trouve ailleurs.
«J'appelle l'ensemble des énergéticiens, non pas à nous demander de réduire notre consommation d'énergie c'est très bien, mais à travailler eux-mêmes à augmenter leurs livraisons d'énergie pour l'Europe », a-t-il déclaré hier lors d'un point presse, organisé à quelques jours de la fin de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, marquée par l'invasion russe de l'Ukraine.
Le
gouvernement prévoit des aides ciblées pour aider les ménages aux
petits revenus à faire face à l'inflation. Mais Eric Heyer, économiste à l'OFCE et professeur à Sciences Po,
craint une "spirale inflationniste".
"On ne pourra pas aider tout le monde",
prévient lundi 27 juin sur franceinfo Eric Heyer, économiste, directeur
du département analyse et prévision à l'Observatoire français des
conjonctures économiques (OFCE). Le ministre de l’Économie, Bruno Le
Maire, a prévenu sur BFM TV lundi 27 juin que"la cote d’alerte" a été atteinte concernant les finances publiques. Le gouvernement prévoit des aides ciblées pour aider les Français aux petits revenus de faire face à l’inflation.
Il doit présenter le 6 juillet en Conseil des ministres sa loi sur le
pouvoir d'achat et son budget rectificatif. Le Smic va augmenter
automatiquement puisqu’il est indexé sur l’inflation. Mais l’économiste
craint une "spirale inflationniste" si cette augmentation se diffuse sur tous les salaires.
Il s'agit de la première revalorisation du point d'indice de la fonction publique depuis février 2017.
Le salaire des 5,7 millions d'agents publics va
augmenter de 3,5% le 1er juillet, a annoncé ce mardi le ministère de la
Transformation et de la Fonction publiques au Figaro, confirmant une information de l'AFP. Il s'agit de la première revalorisation du point d'indice de la fonction publique depuis février 2017. Depuis 2010, il n'avait progressé que de 1,2%.
A l'appel des organisations syndicales (CGT, CFDT,
FO, CFTC et CFE-CGC), les professionnels du transport routier, qui
comprend les routiers mais aussi les chauffeurs de car, les ambulanciers
ou les transporteurs de fond, sont appelés à faire grève ce lundi. Ils
réclament des revalorisations salariales. De barrages filtrants sont en
cours dans plusieurs zones industrielles du pays.
L’inflation
est une situation de hausse généralisée et durable des prix des biens
et des services. Cette situation correspond à une baisse du pouvoir
d’achat de la monnaie, cad. qu'avec la même somme d’argent, on peut
acheter moins de choses qu’auparavant.
En France, l’inflation est mesurée mensuellement par l’INSEE à travers l’Indice des Prix à la Consommation
(IPC) et l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH). Ce
dernier indice, ainsi que ceux produits par les différents organismes
statistiques des pays membres de l’Union européenne, est utilisé par
Eurostat (l’organisme européen en charge de la production de
statistiques européennes harmonisées) pour calculer l’inflation en zone
euro et dans l’Union européenne.
L’IPC et l’IPCH sont des indicateurs de variation mensuelle d’un
panier de différents produits et services représentatifs de la
consommation finale des ménages.
Quelles sont les principales composantes et variations de l’IPC ?
Pour calculer l’indice des prix à la consommation,
l’INSEE observe la variation du prix de dizaines de milliers de biens et
services. Le détail précis des prix étudiés n’est pas rendu public car
si c’était le cas il deviendrait possible pour des producteurs et des
commerçants de modifier uniquement les prix observés par l’INSEE, ce qui
fausserait les statistiques.
Les biens et services sont réunis en grandes catégories auxquelles il
est attribué une pondération, mise à jour annuellement, en fonction de
leur poids dans la consommation moyenne des Français. Par exemple, en
2021, l’alimentation pèse 15,8 %, le logement 15,3 % (ce poids prend en
compte les loyers et des charges, comme l’eau, l’électricité, etc.), la
restauration 6 % et l’habillement 3,6 %.
L’IPC ne prend pas en compte l’évolution des prix de l’immobilier à l’achat.
En effet, un achat immobilier est considéré comme un investissement et
non comme une consommation. Pour calculer la pondération adossée aux
loyers, il faut tenir compte du fait qu’environ 60 % des Français sont
propriétaires et donc ne paient pas de loyer. La pondération des
dépenses de loyers (généralement autour de 6 %) est une moyenne qui cache de grandes disparités entre les propriétaires et les locataires.
Entre 2000 et 2021, la hausse de l’IPC a été en moyenne de 1,4 % par an.
Cette moyenne masque cependant des variations très différentes selon le
type de produits. Par exemple, le prix du gaz a augmenté en moyenne de 4
% par an en moyenne au cours de la même période, le fioul domestique de
2,7 % et le tabac de 6,4 %. À l’inverse, les prix moyens de la santé
ont baissé de 0,2 % par an, des loisirs de 0,32 % par an et des
communications de 1,68 % par an, notamment du fait des baisses de prix
dans l’informatique.
Les variations de prix tiennent compte de l’évolution de la qualité.
Par exemple, si le prix d’un médicament ou d’une télévision reste
identique mais que sa qualité a augmenté, l’INSEE considérera que son
prix a baissé.
Il est possible, sur le site de l’INSEE, de calculer son inflation « personnelle » en fonction de ses propres habitudes de consommation.
L’inflation a des causes multiples
Il existe principalement quatre facteurs à l’origine de l’inflation :
L’inflation par les coûts
Lorsque les prix des matières premières s’accroissent, cela
pèse sur les coûts de production des entreprises. Il en va de même si en
raison de la faiblesse du chômage, ces dernières doivent augmenter les
salaires pour pouvoir attirer de nouveaux employés.
En réaction, et pour conserver leurs marges bénéficiaires, les
entreprises sont incitées à augmenter leurs prix, ce qui provoque un
premier saut inflationniste. Toutefois, si les salaires sont indexés sur
l’inflation, la hausse des prix est répercutée automatiquement sur le
niveau des salaires, qui s’accroissent à leur tour. Il s’en suit une
nouvelle hausse des prix et un cercle vicieux inflationniste se met en
place.
C’est ce processus qui était à l’œuvre dans les économies
occidentales au milieu des années 1970 après le premier choc pétrolier
et qui a conduit à l’apparition de taux d’inflation annuelle élevés,
supérieurs à 10 %.
L’inflation par la demande
Lorsque la demande de produits ou de services s’accroît mais
que l’offre de produits et services n’arrive pas à s’adapter à ce
surcroît de demande, les prix sont poussés à la hausse.
Les entreprises mettent en œuvre des programmes d’investissement pour
accroître leur production et embauchent de nouveaux salariés, ce qui
stimule davantage l’activité économique et la demande globale des
ménages. Tant que les quantités produites ne parviennent pas à
satisfaire la demande globale, le processus de hausse des prix se
poursuit. Cette situation est typique d’une économie qui sort d’une
phase prolongée de faible croissance ou même d’une récession.
Dans un contexte de sortie de conjoncture morose ou déprimée, les
entreprises ne réagissent pas immédiatement à une hausse de la demande
pour leurs produits car elles cherchent à écouler leurs stocks et
préfèrent avoir la confirmation du caractère durable de la reprise avant
d’investir.
L’inflation importée
Lorsque le taux de change d’une monnaie se déprécie par rapport au
dollar et/ou aux autres principales devises de facturation du commerce
mondial (essentiellement la livre sterling, le yen et l’euro), le coût
des produits importés augmente.
Ce renchérissement des importations se répercute dans tous
les secteurs de l’économie et touche les ménages autant que les
entreprises. Ce phénomène peut aussi avoir pour origine une
forte hausse des cours des produits énergétiques et agricoles sur les
marchés mondiaux.
L’inflation par excès de création monétaire
Certains économistes qualifiés de « monétaristes » affirment que
l’inflation « est toujours et partout un phénomène monétaire » (pour
reprendre l’expression de leur chef de file, Milton Friedman). Ils
considèrent en effet que l’inflation apparaît parce que le stock de
monnaie circulant dans l’économie est trop important par rapport à la
quantité de biens et services offerts.
C’est donc un excès de création monétaire par les banques commerciales ou par le financement du déficit public par la banque centrale (ce que l’on dénomme souvent par l’expression « faire fonctionner la planche à billets ») qui est à l’origine de l’inflation. Dans ce contexte, celle-ci est alimentée par un excès de demande et par la dépréciation du taux de change.
La stagflation, une situation économique a priori aberrante
La stagflation, contraction des mots « stagnation » et « inflation »,
désigne une situation combinant à la fois une faible croissance
économique et une inflation élevée.
La théorie économique a longtemps considéré que cette situation ne
pouvait pas se produire en raison de la relation qu’elle supposait
inverse entre croissance et inflation : en phase de ralentissement
conjoncturel, la politique économique visait à stimuler l’activité via
le déficit budgétaire alors que la politique monétaire
assouplissait les conditions du crédit. La croissance redémarrait en
même temps que les prix progressaient. À l’inverse, si l’inflation était
jugée trop forte, la politique économique devenait restrictive et la
politique monétaire restreignait les conditions du crédit. L’activité
ralentissait alors et la hausse des prix était contenue.
L’expression de « stagflation » a été créée dans les années 1970 pour
caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du
pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entraîné
à la fois une accélération de l’inflation et un fort ralentissement de
la croissance dans les pays industrialisés.
Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1980 que la stagflation a
pris fin avec la mise en place de politiques de désindexation des
salaires qui ont permis de faire reculer les taux d’inflation dans les
pays occidentaux.
À un niveau modéré d’inflation sont, en effet, associés plusieurs avantages :
Cela permet aux entreprises d’ancrer leurs anticipations de hausses des prix
à moyen et long terme. Le caractère prévisible de ces dernières est
favorable à la prise de décision d’investir, car il réduit l’incertitude
sur les revenus futurs engendrés par l’investissement.
Cela incite par ailleurs les ménages à placer leurs excédents de liquidités
plutôt que de les thésauriser ou de les conserver sur leurs comptes
bancaires. À défaut, l’érosion monétaire réduirait le pouvoir d’achat de
leur épargne. Une inflation modérée contribue donc à assurer
l’équilibre entre le niveau d’épargne et le niveau de l’investissement
sans lequel les taux d’intérêt s’orienteraient à la hausse, limitant
ainsi les projets d’investissements des entreprises.
Cela permet également de conserver les taux d’intérêt à des niveaux peu élevés, puisque la banque centrale
qui fixe les taux d’intérêt directeurs n’a pas besoin de restreindre
les conditions de crédit pour atteindre son objectif de politique
monétaire. Ceci est favorable à la croissance économique car les
ménages et les entreprises peuvent emprunter à des conditions
financières incitatives, tant en termes nominaux (le niveau des taux d’intérêt) que réels (le niveau des taux d’intérêt diminué de l’inflation).
Une inflation trop forte est toutefois nocive
Si l’inflation progresse trop fortement, cela peut avoir des répercussions dommageables pour l’économie tout entière :
Cela entraîne une dégradation de la compétitivité prix des produits
fabriqués dans le pays par rapport aux produits fabriqués à l’étranger.
En effet, si les prix des produits domestiques deviennent plus élevés
que les mêmes produits fabriqués à l’étranger pour une qualité
comparable, la demande étrangère risque de diminuer (baisse des
exportations) alors que la demande interne pour les produits étrangers
risque d’augmenter (hausse des importations). Il en résulte une
baisse de l’activité pour les entreprises domestiques qui est
susceptible d’entraîner des réductions d’effectifs et donc une
progression du chômage.
Cela renforce l’incertitude quant au niveau futur des prix. Aussi,
les entreprises adoptent des comportements prudents en matière
d’investissement car la rentabilité de ceux-ci est difficile à anticiper. Une trop forte inflation risque donc de réduire les investissements productifs et donc le potentiel de croissance.
Cela pénalise les ménages si leurs salaires ne sont pas indexés sur
la hausse des prix. Ils subissent alors une perte de pouvoir d’achat qui
peut les amener à réduire leur consommation ou à désépargner pour
maintenir leur niveau de vie.
Mais cela favorise les emprunteurs car le niveau réel de
leur dette diminue. Par contre, elle pénalise les créanciers pour les
raisons opposées.
Le développement durable fait partie des thèmes
récurrents des discours publics voire pédagogiques, mais cela n’empêche
pas un certain flou. Votre « Atlas du développement durable » (éd.
Autrement) apporte des clarifications nécessaires. Pouvez-vous préciser
les origines, les principaux volets et les nouveaux objectifs du
développement dur
Yvette Veyret et Paul Arnould : La notion de développement durable (DD) définie dans « L’Atlas du développement durable »
(éd. Autrement, 2022) est née dans les pays riches, de réflexions
issues d’un double courant de pensée. L’un, économique plonge ses
racines au XVIIIe siècle avec Malthus, l’autre, écologique, apparaît au
XIXe siècle aux Etats-Unis et en Europe.
«Nous allons devoir rétablir nos finances publiques», affirmait Bruno Le Maire en février 2022. L’inflation, la guerre en Ukraine et les tensions politiques compliquent le reflux de l’endettement à partir de 2026. La dette publique française reprend sa folle croissance. À fin mars, elle atteignait 2 902 milliards d’euros, un montant en hausse de près de 90 milliards par rapport au trimestre précédent, selon les dernières données de l’Insee. La dette représente ainsi 114,5 % du PIB, versus 112,5 % fin 2021 et un pic à 117,4 % il y a tout juste un an. Cette forte hausse provient essentiellement de l’augmentation de la dette de l’État (+ 64,8 milliards d’euros), quand celle des administrations de Sécurité sociale progressait plus timidement (+ 25,6 milliards d’euros).
L'ancien Premier ministre de François Hollande (2012-2014 successeur Manuel Valls) analyse les marges de manœuvre parlementaires qui s'offrent à Emmanuel Macron. Pour l'actuel président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, la situation n'est pas insoluble. Il faut cependant que le Premier ministre joue le rôle de pivot entre le gouvernement et les différents groupes parlementaires. Pour Jean-Marc Ayrault, l'intervention télévisée du président mercredi ne permet pas de lever les ambiguïtés sur la méthode… Jean-Marc Ayrault Wikipedia.
Le contexte
économique va engendrer une hausse durable de la dette publique, dont la
soutenabilité passera forcément par diverses formes de fiscalité.
Après la crise du Covid, avec la guerre en Ukraine, avec la transition énergétique, les dépenses des pays de l'OCDE
vont fortement et durablement s'accroître. Il s'agit de dépenses
militaires, de dépenses de santé, de dépenses pour la transition
énergétique, pour la réindustrialisation, l'éducation et la formation…
Il faut donc s'attendre à des déficits publics beaucoup plus élevés que
ce qui avait été auparavant anticipé. En 2022, le déficit public devrait
rester voisin de 5 % du PIB aux États-Unis et de 5 % du PIB dans la zone euro (où on s'attendait à 3,8 % du PIB).
source huffingtonpost.fr par Stephane Mahe via Reuters
Ils ont un message à faire passer. Les dirigeants des trois
énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie appellent ensemble ce
dimanche 26 juin les Français à réduire “immédiatement” leur
consommation de carburant, pétrole, électricité et gaz face au risque de pénurie et de flambée des prix qui menacent “la cohésion sociale” l’hiver prochain.
Les commentateurs ont clamé à l’unisson la défaite du président Macron et la catastrophe d’une absence de majorité absolue dans la nouvelle assemblée. Mais le résultat des élections est-il vraiment un coup de tonnerre? Non, et ceci pour deux raisons. La première est que le résultat n’a rien de surprenant au regard des législatives passées. La seconde raison est que, même si nous l’avions oublié, la Ve République est un régime parlementaire.... Suite sur Telos.
Prise dans la tourmente, la députée Nupes Rachel Kéké reconnaît d'anciens messages de soutien à Le Pen mais assure avoir changé
Dans un message sur sa page Facebook mercredi soir, la
nouvelle députée du Val-de-Marne, ancienne porte-parole de la longue
grève des femmes de chambre à l'hôtel Ibis des Batignolles, qui a battu
dimanche l'ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu, dit subir depuis
quelques jours "des attaques sur les réseaux sociaux, venant en
particulier de l'extrême droite, visant à (la) déstabiliser et (la)
décrédibiliser".
ENTRETIEN. Le « Menhir » salue le résultat du RN et conseille aux
nouveaux députés de « se préparer au pouvoir », en cas de dissolution de
l’Assemblée.
La télé tourne en boucle sur l'écran géant qui occupe tout un mur du salon. Seul dans sa retraite de Rueil-Malmaison, Jean-Marie Le Pen ne peut détacher son regard des images consacrant le triomphe de sa famille politique, entrée en masse à l'Assemblée nationale
dimanche soir, à la faveur d'un scrutin législatif « historique ». Ce
mercredi, les 89 députés du Rassemblement national effectuant leur
rentrée se pressent pour la photo de groupe,
dans la cour d'honneur du Palais-Bourbon.
ENTRETIEN. La crise politique née des législatives pourrait devenir
institutionnelle si les oppositions ne font pas preuve de
responsabilité, selon le politologue.
Le séisme électoral des
élections législatives risque-t-il de paralyser le travail
parlementaire, d'entraver l'action du pouvoir exécutif et de bloquer
l'administration du pays ? Faut-il s'inquiéter de cette « situation
inédite », selon les propres termes de la Première ministre Élisabeth
Borne. Il manque en effet 44 sièges au camp présidentiel pour bénéficier
d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale ?
ÉDITO de FOG. Le raz-de-marée extrémiste des législatives obligera-t-il le chef
de l’État ? Le temps de l’hyperprésidence doit cesser. Il y a urgence à
gouverner.
Le pire ennemi de Macron a toujours été lui-même. Après
cinq ans de règne, il aura contribué, avec ses ruses à deux balles, à
la prolifération des extrêmes de droite et de gauche, qui, après sa
déroute électorale, vont désormais mener le bal, à commencer par le
Rassemblement national, grand gagnant des législatives.
La Première ministre, Élisabeth Borne, l’a reconnu elle-même dimanche soir : les résultats des élections législatives créent une “situation inédite” susceptible de représenter “un risque” pour la France. Selon le décompte du journal Le Monde,
le camp présidentiel a obtenu 246 sièges, très loin de la majorité
absolue (289), l’alliance de gauche Nupes 142, le Rassemblement national
89 et Les Républicains-UDI 64.
Quel
est – outre la sèche mise en minorité de la coalition macroniste et
l'échec relatif de la coalition mélenchoniste – le phénomène central,
déterminant, préoccupant qui a donné à ce second tour de scrutin
législatif une tournure, avec 89 élus Rassemblement national, bien
différente de celle qui avait été médiatiquement anticipée ? Le voici,
proprement effarant : d'abord, les électeurs macronistes du premier
tour, tous les discours anti-extrémistes oubliés, ont fait spontanément
barrage aux candidatures du bloc mélenchoniste en votant souvent
massivement pour l'extrême droite. Le report de suffrages est parfois
impressionnant. À Montargis, confronté à un candidat de la Nupes, le RN
passe de 31 % à 63 %. Dans la 2e circonscription de Reims, de 22 % à 55 % ; à Seclin, de 25 % à 51 % ; à Bailleul, de 26 % à 54 %.