Plus de 40 pays se sont réunis mardi à Ramstein, une base américaine en Allemagne, pour accentuer et coordonner leur aide militaire à Kiev. L’objectif est en théorie aussi simple qu’il est complexe et dangereux à mettre en place. Fournir à l’Ukraine les armes et les renseignements nécessaires à ses troupes pour repousser les soldats russes. Les États-Unis ont ainsi organisé mardi une conférence sur leur base aérienne de Ramstein, en Allemagne, réunissant 40 pays pour les galvaniser, deux mois après le début de l’agression russe, mais aussi pour accélérer et synchroniser la livraison d’armes à Kiev.
Cette mobilisation inédite à fait brusquement monter la pression, posant une nouvelle fois la délicate question de la cobelligérance et des limites à respecter entre soutien matériel et implication directe. Moscou ne s’y est pas trompé, accusant immédiatement l’Otan de se livrer dans une guerre par procuration au fort potentiel d’escalade et de guerre totale. «Le risque est aujourd’hui considérable. Nous ne devons pas le sous-estimer. Guerre veut dire guerre», a estimé le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dressant un parallèle avec la crise des missiles de Cuba en 1962, et un risque de conflit nucléaire.
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Son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba a balayé ces remarques, «le dernier espoir d’effrayer le monde» qui souhaite aider l’Ukraine. Le secrétaire d’État britannique à la Défense, James Heappey, n’y voit qu’une «bravade».«Je ne pense pas qu’il y ait des risques immédiats d’escalade.» Tout juste de retour de Kiev, le secrétaire d’État américain à la Défense, Lloyd Austin, a préféré soutenir les chances d’une possible «victoire» ukrainienne, en clamant, depuis Ramstein: «Ce matin, plusieurs nations du monde entier sont unies pour soutenir l’Ukraine dans son combat contre l’agression impériale russe».
Les Russes disposent de la puissance et du nombre. Les Ukrainiens peuvent compter sur un haut moral, la connaissance du terrain et un style de commandement plus souple et adaptable
Un officiel anonyme.
Présent lui aussi en Allemagne, le général Milley, chef d’état-major américain, partage cette conviction, il y a peu impensable, que l’Ukraine peut l’emporter, tout en se montrant prudent. Il faut, selon lui, de l’aide «maintenant». «Les Ukrainiens vont se battre. À nous de leur en donner les moyens.» Selon l’officier, les semaines à venir seront «critiques», car le temps «ne joue pas en faveur de l’Ukraine». Les analystes américains redoutent que les troupes russes parviennent dans le Donbass, en poussant depuis le nord et le sud, à former une large poche où une partie importante des forces ukrainiennes seraient isolées de l’arrière. Il faut donc rapidement fournir des matériels lourds à l’Ukraine, matériels d’autant plus importants que la Russie a changé de stratégie. Après des offensives rapides, l’armée russe est revenue à sa tactique habituelle d’un usage massif de l’artillerie. Elle pourrait aussi bientôt disposer du renfort de milliers d’hommes libérés par la fin des combats à Marioupol.
L’impact de la fatigue
«Les Russes disposent de la puissance et du nombre. Les Ukrainiens peuvent compter sur un haut moral, la connaissance du terrain et un style de commandement plus souple et adaptable», souligne un officiel anonyme. La grande question repose sur le nombre réel et la qualité des troupes russes. Outre l’impact de la fatigue, les unités seraient largement affaiblies, les renseignements américains estimant qu’elles ont parfois perdu jusqu’à 30 % de leurs effectifs, un niveau qui les rend quasi incapables de combattre. Les Britanniques, de leur côté, dénombrent déjà 15.000 morts et de grosses pertes matérielles, dont plus de 2000 blindés. Moscou conserve néanmoins un avantage net.
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Les 40 États réunis à Ramstein - les membres de l’Otan, des pays européens mais aussi du Moyen-Orient comme Israël et même d’Afrique - souhaitent réduire l’écart. Selon Mike Jacobson, un spécialiste civil de l’artillerie, les Occidentaux veulent permettre aux Ukrainiens de riposter aux bombardements russes de longue portée. Longtemps réticents, par peur d’être entraînés dans le conflit, plusieurs pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la République tchèque se sont déjà engagés à livrer des armes lourdes. Même Berlin a oublié sa prudence pacifiste et annoncé lundi la livraison de Guépards, les blindés anti-aériens. Les autres États envisagent de fournir des pièces d’artillerie, des munitions mais aussi des drones et des véhicules. Ce sommet entend aussi établir les bases pour une sécurité future de l’Ukraine. À plus long terme, «nous voulons voir la Russie tellement affaiblie qu’elle ne pourra plus faire le genre de choses qu’elle a fait en envahissant l’Ukraine», avait affirmé lundi Lloyd Austin.
Malgré cette mobilisation martiale, le secrétaire des Nations unies, Antonio Guterres, s’est rendu à Moscou, mardi, pour une mission de paix. «Nous sommes impliqués pour trouver des solutions pour créer les conditions d’un dialogue, d’un cessez-le-feu le plus rapidement possible», a-t-il expliqué lors d’une rencontre avec Sergueï Lavrov.
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