Le risque d'embrasement, l'énergie de Zelensky, l'accueil des réfugiés... Vadym Omelchenko, ambassadeur d'Ukraine en France et à Monaco, a répondu hier aux questions de Var-matin.
Var Matin 27 avril.
Deux mois après le début de l'invasion russe. l'actualité autour de cette guerre est encore électrique. C'est dans ce contexte que Vadym Omelchenko nous a accordé une heure d'entretien téléphonique. Il est l'ambassadeur d'Ukraine en France. à Monaco depuis mars, et le représentant permanent de l'Ukraine auprès de l'Unesco. Une parole précieuse pour saisir ce qui se joue à l'ouest de l'Europe.
VM: Le risque de « troisième guerre mondiale est-il bien « réel », comme l'affirme Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe ?
Pour moi, comme pour nous tous, c'est une évidence : c'est un témoignage de faiblesse. Comme les Russes se rendent compte qu'ils sont en train de perdre, ils ont recours à des menaces. Ainsi, la Russie perd le droit de figurer dans le club des États nucléaires. C'est le seul pays qui n'utilise pas l'arme nucléaire comme outil de dissuasion. En réalité, je pense que cette perspective est tout à fait possible, car nul ne sait ce qui se passe dans la tete du chef de l'État russe. Ses futures initiatives vont dépendre de la détermination de l'Ouest et de la communauté occidentale.
VM: La menace nucléaire est-elle une forme de bluff ?
Je ne pense pas qu'il s'agisse seulement de bluff...
VM: Au fil des semaines et d'une résistance héroïque, l'Ukraine se convainc-t-elle qu'elle sortira gagnante de cette guerre?
Nous sommes convaincus que nous gagnerons. Nous avons déjà gagné la première phase. Les Russes avaient envahi t'Ukraine via huit axes : il n'en reste que deux. Ailleurs, ils ont été expulsés du territoire ukrainien. La deuxième phase, une invasion massive à l'Est et dans le Donbass, dure depuis huit jours. Sans succès.
VM: Quel bilan humain après deux mois de conflit, des deux côtés?
Du côté russe, environ 22000 soldats sont morts. 918 chars ont été détruits, ainsi que 184 avions, 154 hélicoptères et 2308 véhicules blindés. Malheureusement, nous avons aussi des pertes du côté ukrainien. Environ 4000 militaires sont morts, mais la plupart des pertes sont chez les civils. On recense 215 décès d'enfants. Selon les autorités locales de Marioupol, 20000 civils y ont été tués.
VM: La chute de cette ville stratégique n'est-elle pas inéluctable ?
La ville est bombardée de toutes parts, depuis la mer comme depuis la terre. Mais elle continue à résister. Nos militaires restent et continuent à provoquer des pertes chez l'ennemi.
La situation humanitaire y est catastrophique.
VM: Des gens meurent-ils de faim ?
La ville est assiégée depuis plusieurs semaines. Il y reste environ 100000 personnes. Les Russes ne laissent pas rentrer les convois humanitaires, ou les pillent. Il y a des problèmes d'approvisionnement en eau. Des enfants sont morts de déshydratation. La situation est critique ! Notre Président en parle tous les jours aux décideurs internationaux, pour permettre l'accès aux convois humanitaires, ou faire au moins évacuer ceux qui ont survécu.
VM: La guerre est-elle partie pour s'enliser durant des années, comme c'est le cas dans le Donbass depuis 2014 ?
Nous espérons que la guerre finira vite, dans quelques mois. Et qu'elle finira par notre victoire. Nous avons des raisons de le croire.
VM: Volodymyr Zelensky se dit prét à des négociations sur le Donbass. Jusqu'où peut-il aller ?
Le Président a fixé une ligne rouge : si les habitants de Marioupol et ceux qui la défendent sont anéantis, il n'y aura plus de négociation. Et pour pouvoir parler du statut du Donbass, il faut que les troupes russes soient revenues aux positions qu'elles occupaient avant le 24 février.
VM: L'héroïsme du Président Zelensky a été déterminant pour stimuler la résistance ukrainienne?
Absolument. Dans une telle situation, le Président et le peuple ne font qu'un. Pour tous, c'est important de voir le Président continuer à travailler pour le bien du pays. C'est aussi très important pour nous, les diplomates.
VM: Avez-vous des échanges réguliers avec lui ?
Oui, ce lundi soir encore. Le Président réunit régulièrement les ambassadeurs. Parfois, cela arrive dans la nuit – on m'a dit qu'il dormait deux ou trois heures par jour. Il nous donne des instructions, dèbriefe. Il maitrise tous les détails, y compris les relations avec chaque pays. Notre dernière réunion était consacrée à la reconstruction de l'Ukraine après la victoire. Il réfléchit désormais à l'après-guerre. Il propose de rencontrer Vladimir Poutine.
VM: Est-ce une perspective réaliste à court terme?
Bien sûr que Volodymyr Zelensky est partant pour cette rencontre. Parce que la vie de chaque Ukrainien est importante. Mais à mesure que des crimes de guerre sont commis par les troupes de Poutine, la perspective d'une telle rencontre devient plus fragile...
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