« Mélenchon à Matignon », c'est le slogan inattendu lancé par les Insoumis en cette veille de débat présidentiel. Le candidat éliminé au soir du 10 avril est sorti de son silence ce mardi, dans une interview accordée à BFMTV. Il s'est livré à une forme de contre-programmation à la veille du débat qui monopolise tous les commentaires politiques. Il n'a donc tenu que huit jours loin des micros et des caméras.
Pas question de prendre une retraite bien méritée : « Je demande aux Français de m'élire Premier ministre », a déclaré solennellement Jean-Luc Mélenchon, qui enjambe le scrutin du 24 avril pour prendre sa revanche au « troisième tour », comme il dit : celui des législatives. Que les esprits moqueurs se gardent de toute ironie, ce n'est pas, à l'en croire, une partie de plaisir : « Tout sera sacrifié de ma part, toutes les satisfactions que je pouvais attendre de la tranquillité de cette sortie d'élection, sera sacrifié à cet objectif : soyez 11 millions, soyez 12 millions, soyez 13 millions… » Il s'y voit déjà : « L'article 20 de la Constitution dit que c'est le Premier ministre qui dirige et conduit la politique de la nation. Si je suis Premier ministre, je signe le lendemain le blocage les prix. »
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Premier ministre de qui, de Marine Le Pen ou d'Emmanuel Macron ? « C'est assez secondaire », répond-il. Il avait boudé après sa défaite en 2017, il prétend au repêchage électoral en 2022, se moquant bien du reste. Car la République, c'est lui, et personne d'autre. Il l'avait hurlé dans d'autres circonstances, il a confirmé cette conviction plus calmement mardi.
« Blanc bonnet et bonnet blanc »
Le second tour de la présidentielle, donc, ne l'intéresse nullement puisqu'il n'en est pas. Le chaos, ce n'est pas son problème, ce serait même plutôt sa solution. « Je ne veux pas que madame Le Pen prenne le pays, et je ne veux pas que monsieur Macron garde le pouvoir. » Voilà les deux candidats renvoyés dos à dos. Pas question, donc, d'appeler ses ouailles à voter pour le président sortant contre la candidate RN : « Je comprends que, quand on a été éborgné par monsieur Macron, on ne veuille pas voter pour lui. » Et gare à ceux qui critiqueraient cette complaisance à l'égard des abstentionnistes : « Je n'en ferai pas davantage, quelles que soient les injonctions. » Monsieur Mélenchon veut câliner ses millions.
Voilà donc fredonné, en fond sonore, le bon vieux refrain de « bonnet blanc et blanc bonnet », entonné en 1969 par le communiste Jacques Duclos. Lui aussi avait terminé troisième, lui aussi avec un peu plus de 21 % des suffrages. Mais à l'époque, les deux finalistes étaient des hommes de la droite républicaine, Georges Pompidou et Alain Poher. C'était donc bien différent…
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« Je demande qu'on ait l'intelligence de comprendre ce qu'est ma position politique », exhorte le chef des Insoumis. On doit être un peu limité intellectuellement, mais on a vraiment du mal à saisir. S'il existe comme il le dit par ailleurs une différence de nature entre les deux prétendants, pourquoi Jean-Luc Mélenchon refuse de choisir… tout autre que lui.
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