L'élection présidentielle laisse un paysage politique particulièrement divisé entre gauche, extrême droite et centre droit. Comment le président de la République va-t-il réussir à gouverner dans ce contexte propice à la division ? Invités politiques de Sonia Mabrouk, Jérôme Jaffré, politologue et chercheur associé au CEVIPOF et Michel Wieviorka, sociologue, auteur du livre Alors Macron, Heureux ?, espèrent un quinquennat qui saura transformer les divisions en débats politiques et institutionnels.
Le défi des législatives
Selon Jérôme Jaffré, le bloc central, qui est composé des partis de gouvernement comme les socialistes, les écologistes, les centristes, les républicains, représente "moins de 40 % des suffrages exprimés au premier tour. À titre de référence, c'était 80 % en 2007. C'est- à-dire moitié moins en 15 ans."
"C'est quelque chose de saisissant parce qu'effectivement, il y a un bloc de droite radicale et puissant, avec un tiers des électeurs au premier tour et porté jusqu'à presque 42 % au second et un bloc de gauche radicale, avec Jean-Luc Mélenchon qui représente moins du quart de l'électorat, mais qui espére progresser par la captation du reste de la gauche. Vous avez une situation pour les élections législatives, et on l'a vu déjà dès le second tour de la présidentielle, où la gauche radicale et les droites radicales ne peuvent pas s'allier, ne peuvent pas s'entendre", constate le politologue.
D'après le spécialiste, le président Emmanuel Macron profite de cet antagonisme pour constituer sa propre domination sur le paysage politique. S'il y est parvenu en 2017 et 2022, cela risque d'être compliqué d'effectuer la même prouesse pour les législatives à venir. "Il faut quand même bâtir derrière lui une majorité de députés aux élections législatives, alors qu'avec un président réélu, il n'y a pas l'élan et l'automaticité de cette majorité. Pourquoi ? Parce que lorsqu'un président est élu pour la première fois, l'argument majeur des Français est 'donnons-lui sa chance et une majorité pour qu'il puisse faire ce qu'il a dit'. Mais quand un président est réélu, la notion de lui donner sa chance n'a plus la même saveur", poursuit-il.
Des débouchés politiques ou une crise sociale ?
Pour Michel Wieviorka, la France est désormais compartimentée en "blocs qui ne semblent pas pouvoir communiquer. La solution qui consisterait à en avaler un petit morceau, à en intégrer dans un gouvernement est une solution qui ne règle aucun problème et qui laissent les fractures encore plus vives. Il faut transformer les fractures en débat, en conflit, en vie institutionnelle et en autre chose que le chaos ou la violence"
"Au fond, on est dans une situation où soit on aura des crises sociales à gérer, soit on va trouver un débouché politique. Je dirais le risque est qu'Emmanuel Macron considère que la crise n'est pas forcément une mauvaise chose pour lui. Toutes ces crises pendant le quinquennat ne l'ont pas empêchés d'être réélu", abonde de son côté Jérôme Jaffré.
Ce dernier estime également qu'il est nécessaire d'offrir "des solutions politiques aux tensions et aux divisions qui fracturent la société". Il développe également l'idée que les deux issues qui font désormais face à Emmanuel Macron sont : une solution politique ou une crise sociale.
"À ce moment-là, vous avez deux façons de faire. Je dirais soit en matière de gouvernement une autre méthode, et le président l'a dit, il développera une autre méthode sans jamais nous dire quelle serait cette méthode et comment elle fonctionnerait. Cela pourrait être de modifier assez vite le mode de scrutin d'élection des députés pour qu'en cas de crise majeure type gilet jaune, il y ait le débouché politique d'une dissolution et d'élections législatives avec une représentation proportionnelle, partielle ou totale qui oblige les forces politiques à se recomposer et à s'entendre", conclut-il.
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