CHRONIQUE. La candidate RN voulait sa revanche après sa prestation ridicule de 2017. Cinq ans plus tard, aucun progrès ! Mais cela lui nuira-t-il ?
Elle a eu cinq ans pour se préparer. Pour refaire le match dont elle était sortie KO debout face à Emmanuel Macron en 2017. Elle avait, jusqu'à hier soir, déjoué tous les pièges, de la candidature d'Éric Zemmour à sa poutinolâtrie, très embarrassante par temps de guerre en Ukraine… Elle s'était emparée, avant tous ses adversaires, du pouvoir d'achat, préoccupation n° 1 des Français actuellement. Bref, elle avait tout fait pour en découdre, ce mercredi soir, face à Emmanuel Macron.
Elle disait avoir appris de ses erreurs. Elle a mis son faux pas d'il y a cinq ans sur le compte de la fatigue, et s'est isolée pendant deux jours pour se ressourcer et arriver sur le plateau au meilleur de sa forme. Elle a répété face à un énarque qui, dit-on, a le même âge et le même style que son compétiteur…
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Et voilà tant d'efforts, de persévérance, d'espoirs, dilapidés en deux heures trente chrono. La chance, pourtant, semblait lui sourire. Face à l'incapacité des deux débatteurs à s'accorder sur le premier thème du débat, le tirage au sort a désigné le pouvoir d'achat, son thème de prédilection. Or,
dès le générique, Marine Le Pen trébuche. Elle fait un faux départ, croit qu'elle doit commencer à dérouler son programme alors que la musique couvre sa voix. Puis elle perd pied, parle beaucoup trop du bilan d'Emmanuel Macron, qui la met face à ses contradictions, notamment sur l'augmentation promise de tous les salaires : « Vous essayez de faire croire que vous allez augmenter les salaires de 10 %. C'est faux. » Et le président-candidat de rappeler que ce sont les entreprises, et non l'Élysée, qui décident de l'évolution des rémunérations.
« Vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie »
Mais l'embarcation Le Pen prend vraiment l'eau quand il est question de l'Ukraine. Emmanuel Macron, que son avance dans les sondages pourrait inciter à assurer un honnête service minimum, l'attaque bille en tête sur l'emprunt de son parti à une banque russe très proche de Poutine, dont l'essentiel reste à rembourser : « Vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie », assène son adversaire. Sa défense est pitoyable : « Je ne peux pas vous laisser dire qu'on ne rembourse pas. […] Nous sommes un parti pauvre. » Un parti pauvre ? Voilà qui n'est guère rassurant pour la prospérité française si la candidate RN était élue.
Sur les retraites, sur la laïcité, notamment, c'est le même flou, les mêmes approximations, le même refrain misérabiliste sur les « Français-qui-ont-tant-souffert ». Elle devrait être à l'attaque, elle joue en position défensive.
Emmanuel Macron, lui, cache difficilement sa consternation. Il la reprend, la corrige, la moque aussi. « Vous n'avez pas lu ma loi », dit-elle à propos du référendum qu'elle entend organiser d'emblée. « Non, mais j'ai lu la Constitution », lui rétorque-t-il, goguenard.
Goguenard ? C'est justement tout le problème pour le président sortant. Il a trouvé une bonne tactique, qu'il utilise à plusieurs reprises contre elle : rappeler ses absences dans l'hémicycle ou ses votes contre sur tout, même ce qu'elle revendique. Il inverse ainsi la charge du bilan, dont elle doit répondre et pas lui. Mais il pousse trop loin son avantage, au risque de l'arrogance que lui reprochent tant les éventuels abstentionnistes. Il est compétent, elle ne l'est pas. Mais est-ce décisif aux yeux des électeurs en colère ?
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