Cette première visite a servi “à attirer l’attention sur de potentiels crimes de guerre commis par les Russes”, signale le Washington Post, notant que Mme von der Leyen, accompagnée de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, et d’Eduard Heger, le premier ministre slovaque, a voyagé en train depuis la Pologne avant de rejoindre Kiev. “Les scènes horrifiques” à Boutcha “ont aidé à unir les membres de l’UE sur un plan de réduction de l’importation du charbon russe”, ajoute le quotidien américain, qui souligne toutefois que le bloc reste divisé sur l’interdiction du pétrole et du gaz naturel russe.

“Ursula von der Leyen face à l’horreur en Ukraine”, titre la Libre Belgique, une série de photos à l’appui. “Sous la pluie de Boutcha, les yeux bleus de von der Leyen semblent gris”, décrit le Corriere della Sera. Le journal italien raconte que les dignitaires de l’UE ont allumé une bougie pour les victimes lors d’une cérémonie dans une église voisine d’un des charniers avant de se rendre dans une rue, “où les carcasses de tanks brûlés bloquant la route sont toujours visibles”.

El Pais parle de son côté d’une “visite symbolique” et observe que “le déplacement a été marqué par de fortes mesures de sécurité”. Les journalistes ont par exemple été avertis à la dernière minute du point de rendez-vous pour la conférence de presse. Au-delà du symbole, la venue en Ukraine de von der Leyen a été l’occasion de signifier à Volodymyr Zelensky son engagement à accélérer le processus d’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne. Un tel processus prend normalement au moins un an. Il pourrait aboutir dès cet été dans le cas ukrainien.

“Pour illustrer cet engagement”, remarque le journal espagnol, von der Leyen “a remis en main propre” un formulaire d’adhésion, “que les deux dirigeants ont feuilleté en souriant à la fin de leur rencontre”. Le président ukrainien a déclaré que le document serait rempli d’ici la semaine prochaine.

500 millions d’euros supplémentaires d’aide à l’armement

Les propos de la présidente de la Commission européenne ont étonné la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). La publication rappelle qu’à Versailles, lors d’une réunion de chefs d’État et de gouvernements, une majorité s’est opposée à une adhésion accélérée. Si ce sont les 27 qui décident à l’unanimité de l’entrée d’un nouveau membre, l’Ukraine a clairement le soutien de von der Leyen. “Ce n’est pas le seul cadeau que les visiteurs ont apporté avec eux”, poursuit la FAZ.

Le premier ministre slovaque a offert à l’Ukraine son système de défense antimissile S-300 pendant que Josep Borrell annonçait une aide de 500 millions d’euros pour l’achat d’armes, portant à 1,5 milliard d’euros le montant des aides depuis le début de l’invasion. “La décision doit d’abord être approuvée par les États membres, en Allemagne également par la commission du budget du Bundestag, puisque le montant dépasse la ligne budgétaire approuvée à l’avance pour cette année”, nuance la FAZ.

Par ailleurs, une délégation de l’Union européenne va revenir à Kiev “maintenant que la menace d’un contrôle russe de la capitale ukrainienne est pour le moment écartée”, indique Volkskrant. Volodymyr Zelensky a apprécié tous ces gestes de soutien. Il a aussi insisté auprès de ses visiteurs sur l’insuffisance de la nouvelle vague de sanctions décidée par l’UE après le massacre de Boutcha. “Je pense que ça ne suffit pas”, a déclaré le président, cité par CNN alors qu’un missile russe ciblant la gare de Kramatorsk a fait des dizaines de morts civils vendredi.