À 20 heures, ce dimanche 24 avril, le résultat du second tour a sonné comme une délivrance pour les électeurs de toutes sensibilités qui redoutaient de voir la France basculer dans le chaos économique, financier, institutionnel et européen. Emmanuel Macron, donc, l'a emporté plus nettement que prévu par les sondages face à Marine Le Pen.
Mais très vite, ce grand soulagement, très largement ressenti chez tous les partenaires de la France, a été tempéré par un spectacle assez affligeant pour la démocratie : celui du grand ressentiment. Que les électeurs de la candidate RN soient déçus ou amers, c'est compréhensible. Mais que leur championne, ainsi que les deux autres principaux candidats populistes battus au premier tour, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, se laissent aller à des propos outranciers et inexacts, c'est beaucoup plus ennuyeux et, pour tout dire, choquant.
Un inquiétant rapport au réel
Du haut de ses 7 % et de son appel du 10 avril à voter pour Marine Le Pen, Éric Zemmour s'imagine toujours incarner la France. Et s'invite donc, seul de son espèce avec un score aussi bas, sur les écrans de télévision pour une déclaration officielle. À l'écouter, c'est la France tout entière qui a perdu… Marine Le Pen, elle, n'a pas un mot non plus pour saluer la victoire de son adversaire. Cette petite mesquinerie, toutefois, n'est rien comparée au début de son discours de défaite, où elle évoque « deux semaines de campagne déloyale, brutale et violente ». On cherche vainement à quels épisodes elle fait allusion… Même le débat où elle n'a certes pas été à son avantage est plutôt apparu aux yeux de tous comme relativement courtois. Cette petite phrase, en tout cas, en dit long sur le rapport que la perdante d'hier soir entretient avec la réalité.
C'est aussi un syndrome qui semble frapper Jean-Luc Mélenchon, lequel affirme coup sur coup, ce dimanche soir, deux contre-vérités. Les finalistes, selon lui, auraient recueilli à eux deux, au premier tour du 10 avril, les suffrages de moins d'un tiers des électeurs inscrits. C'est faux : un peu plus de 20 % du corps électoral a choisi Emmanuel Macron, et près de 17 % Marine Le Pen, soit un total de 37 %. À titre subsidiaire, le chef des Insoumis se tire une balle dans le pied. Lui-même n'a pas recueilli 16 % des voix, selon ce mode de calcul… Puis il assure qu'Emmanuel Macron est le président le plus mal élu de la V
eRépublique. C'est tout à fait fantaisiste si l'on se réfère à l'écart entre les deux prétendants : près de 17 points en 2022, contre 3,2 en 2012, 6,2 en 2007… Et faux également en nombre de voix par rapport aux inscrits, puisque Georges Pompidou, en 1969, avait fait un peu moins bien.
Il n'en reste pas moins qu'Emmanuel Macron n'a pas tenu, loin de là, sa promesse de faire reculer l'extrême droite durant son premier mandat. Il est donc le président d'un pays profondément divisé. Il lui faudra beaucoup de sagesse, énormément de courage et un peu de chance pour ne pas engendrer, dans la société, le grand désenchantement.
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