En Russie, mais également en Espagne et en Grande-Bretagne, six oligarques, proches du gouvernement de Vladimir Poutine, ont été retrouvés morts. Tous se seraient apparemment suicidés, pour certains en entraînant avec eux des membres de leur famille. Une similarité et une répétition troublantes, moins de deux mois après le début de la guerre en Ukraine.
Qui sont ces oligarques ?
Le dernier mort en date est Sergey Protosenya, 55 ans, ancien directeur général de Novatek, numéro 2 du gaz russe juste derrière Gazprom. Il est retrouvé mort le 19 avril, pendu dans le jardin de sa villa à Lloret de Mar, en Espagne. À l’intérieur de la villa, les policiers trouvent deux autres corps : sa femme et leur fille, âgée de 18 ans, poignardées. La police espagnole travaille sur l’hypothèse d’un double meurtre perpétré par l’oligarque suivi d’un suicide.
La veille, le 18 avril, Vladislav Avaev, 51 ans, est retrouvé mort chez lui, à Moscou, aux côtés de sa femme Yelena, alors enceinte, et de leur fille de 13 ans, Maria. Ancien vice-président de Gazprombank, troisième plus grande banque de Russie, il leur aurait tiré dessus avant de se suicider.
Le 23 mars, Vasily Melnikov et sa famille sont retrouvés dans leur appartement de Nijni Novgorod, en Russie. Le milliardaire, dirigeant l’entreprise d’équipement médical Medstorm, se serait donné la mort dans sa salle de bains. Sa femme et leurs deux enfants de 4 et 10 ans ont été poignardés.
Le 28 février dans la banlieue ouest de Londres, au Royaume-Uni, Mikhail Watford, 66 ans, un milliardaire russe ayant fait fortune dans le pétrole et le gaz, est retrouvé pendu dans son garage.
Trois jours plus tôt, le 25 février, soit le lendemain du début de la guerre en Ukraine, c’est dans les mêmes circonstances qu’est retrouvé le corps d’Alexander Tyulyakov, 61 ans, un cadre de Gazprom, dans un chalet près de Saint-Pétersbourg.
Mais cette série noire avait commencé avant le début du conflit en Ukraine : à la fin du mois de janvier, Leonid Shulman, 60 ans, était le premier oligarque retrouvé mort. Ce haut cadre de Gazprom a été, lui aussi, retrouvé dans sa salle de bains, près d’une lettre évoquant un suicide.
Les sanctions occidentales ont-elles pu pousser ces oligarques au suicide ?
Pas de traces de lutte, aucune trace d’effraction, des appartements parfois fermés de l’intérieur, et dans les cas d’Alexander Tyulyakov et Leonid Shulman, des lettres retrouvées près des corps. Autant d’indices qui accréditent la thèse des suicides.
D’autant que ces décès interviennent dans le contexte du conflit russo-ukrainien qui a mené à la multiplication des sanctions économiques par l’Union européenne à l’égard des oligarques russes, avec notamment le gel de leurs avoirs. Ce qui a contribué à fragiliser la situation de plusieurs oligarques.
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Pourquoi des doutes planent-ils ?
Les similarités de ces suicides, leur proximité dans le temps et surtout, les rapports qu’entretenait chacune des victimes avec le pouvoir russe laissent toutefois certains observateurs perplexes. Quatre des victimes travaillaient dans le milieu du gaz, chez Gazprom ou Novatek. Vladislav Avaev, ancien vice-président de la troisième plus grande banque de Russie, avait également travaillé pour le parlement russe ainsi qu’au bureau du président de la fédération de Russie.
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Dans le cas d’Alexander Tyulyakov, cadre de Gazprom, un des enquêteurs présents sur place a rapporté au journal d’opposition russe Novaïa Gazeta avoir assisté à une scène étrange : « la police scientifique était déjà au travail quand des gros bras dans trois jeeps sont arrivés. Ils ont dit qu’ils étaient le service de sécurité de Gazprom, ont bouclé la zone, et ils nous ont juste mis, ainsi que la plupart des officiers de police, devant la clôture de la maison ».
Si l’absence de traces de lutte peut privilégier la thèse du suicide, dans le cas de Sergey Protosenya, c’est une autre absence de traces qui fait planer le doute : aucune tache de sang n’a été trouvée sur le corps de celui qui aurait prétendument tué sa femme et sa fille à l’arme blanche. De plus, d’après Marianne , des chaussettes retrouvées dans la chambre de la fille pourraient avoir servi de gants de fortune, afin d’éviter de laisser des empreintes digitales sur les lieux…
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