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Au cours de longues heures de bains de foule plus ou moins houleux, le fondateur d'En marche !
a pu prendre la mesure de la détestation d'une certaine partie du pays, de la désillusion suscitée après cinq ans au pouvoir. Dans le dernier épisode du
Candidat, la websérie consacrée à la campagne du chef des Marcheurs, Emmanuel Macron reconnaît d'ailleurs combien il lui est difficile de se débarrasser des oripeaux du « président des riches ». Il en tire même des enseignements politiques pour la suite. « Il faut faire des choses plus simples, plus directes. Il faut réussir à réconcilier les classes populaires avec l'action publique », dit-il au réalisateur du mini-film, à l'arrière d'une voiture qui le ramène d'un déplacement. Dans l'émission
Quotidiendiffusée lundi soir, le chef de l'État esquisse un nouveau mea culpa, estimant qu'il « aurait pu aller plus vite » pour « changer plus concrètement la vie des gens ».
La colère existe. Le président se bat pour tous les Français, il a envie de les aider.Emmanuelle Wargon
Pour ne pas faire de sa rivale Marine Le Pen le réceptacle de la colère sociale et lui laisser le monopole du vote populaire, le candidat à sa réélection s'est donc montré sous un nouveau jour, prêt à assouplir son programme sur les points les plus durs, comme le report de l'âge de la retraite à 65 ans, ou à « bouger » sur la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé. Très souvent pris à partie sur le terrain par des soignants non vaccinés, il s'est même dit ouvert à leur réintégration à l'hôpital. Objectif : gommer tous les irritants en vue du second tour, afficher un visage plus humain et donner à voir sa « nouvelle méthode », sa capacité à écouter après avoir été accusé de passer les réformes en force sous son quinquennat. « La colère existe. Le président se bat pour tous les Français, il a envie de les aider. Ce deuxième quinquennat sera important pour apaiser les choses », expose la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, figure de l'aile gauche de la majorité.
France d'en haut vs France d'en bas
Emmanuel Macron a semblé vouloir aussi se tenir à distance des multiples personnalités politiques qui ont appelé à voter pour lui depuis le premier tour. Ni Nicolas Sarkozy ni encore moins François Hollande n'ont été mis en avant durant cette semaine de campagne, en dépit de leur ralliement. « Il y a un risque que la France d'en haut vote pour Emmanuel Macron et que celle d'en bas vote pour Marine Le Pen », pointe un membre du gouvernement. La porte-voix du RN a d'ailleurs activé le clivage de cette France coupée en deux, celle du « peuple » contre « l'oligarchie », lors de son meeting à Avignon (Vaucluse), considérant l'élection comme un « face-à-face du bloc populaire contre le bloc élitaire », selon la terminologie du politologue Jérôme Saint-Marie. Une grille de lecture que réfute son concurrent, considérant que « des gens de conditions modeste dans la ruralité et les quartiers » soutiennent son projet. « Je n'aime pas, dans ce choix, l'idée d'une élite éclairée et d'un peuple à qui l'on dicterait des choses, qui n'aurait que des impulsions », a-t-il décrit sur France Culture, lundi matin.
« Quand Marine Le Pen a le soutien de Nicolas Dupont-Aignan, celui d'Éric Zemmour, c'est le système. Emmanuel Macron, lui, est soutenu par “Mme Michu” », ajoute Christophe Castaner, chef de file des députés Marcheurs.
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Les enquêtes de second tour révèlent en effet que le président-candidat gagne du terrain auprès des classes populaires au détriment de son adversaire. Selon un sondage Ifop pour Paris Match, LCI et Sud Radio publié vendredi, Emmanuel Macron progresse auprès de l'électorat ouvrier (41 %, + 4), des chômeurs (44 %, + 5), des sans-diplôme ou peu qualifiés (50 %, + 3), des catégories modestes (46 %, + 3) et pauvres (46 %, 4). Sa stratégie qui consiste à aller chercher les électeurs de Jean-Luc Mélenchon de premier tour fonctionne en partie, puisque 65 % d'entre eux pourraient voter pour Emmanuel Macron, en hausse de trois points. « La lecture sociologique existe, mais n'est pas si nette que cela. On est plus forts dans les espaces ruraux, périurbains qu'en 2017 », par exemple, cite un conseiller du président.
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Vote des quartiers
Le camp Macron est convaincu que le vote des quartiers peut jouer un rôle non négligeable dans ce second tour. « La communauté musulmane est allée voter Jean-Luc Mélenchon. Elle votera Emmanuel Macron pour faire barrage au projet anti-voile de Marine Le Pen », veut croire un responsable de la majorité. Et quel meilleur endroit que Marseille pour vanter cette France plurielle, « la fraternité au cœur de la République » ? En plus d'un plaidoyer en faveur de l'écologie, Emmanuel Macron a fait vibrer samedi la corde sensible de « l'égalité des chances », citant « les vies d'Italiens, d'Espagnols, d'Arméniens, de Maghrébins, de tant et tant venant d'Afrique, des Français revenant d'Algérie et restant ici auprès de la Méditerranée ».
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Face à Marine Le Pen, le chef de l'État a mis en avant l'esprit « d'ouverture », depuis la pelouse du Pharo qui domine le Vieux-Port. « D'où qu'on vienne et quel que soit le quartier derrière moi, là où il y a encore aujourd'hui tant de séparations, tant de barrières, notre ambition doit être de casser les murs qui isolent, d'ouvrir les routes qui donnent des perspectives, de bâtir une école qui permet de libérer, d'ouvrir l'accès à la culture, qui permet de vivre », a-t-il déclaré, renouant avec des accents de son récit de 2017 sur l'émancipation.
Nous pouvons donner des raisons objectives aux jeunes des quartiers de voter Macron.
En 2016-2017, le premier des Marcheurs avait marqué les esprits avec un discours volontariste à l'égard notamment des banlieues, de la Seine-Saint-Denis en particulier. On se souvient de son ode aux chauffeurs de VTC, qui, selon ses propos à l'époque, « rentrent dans la dignité, trouvent un travail, mettent un costume, une cravate ».
« Nous pouvons donner des raisons objectives aux jeunes des quartiers de voter Macron. Je pense à ce qu'on met en œuvre par exemple sur le mentorat », défend Sacha Houlié, député de la Vienne et figure de l'aile gauche de la majorité. « Sur la réussite scolaire, sur le plan de relance pour les infrastructures et surtout sur l'insertion par le travail, ce sont les premiers concernés, car c'est dans les quartiers populaires que le chômage reste le plus élevé. »
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Lundi, dans l'une des villes les plus populaires de France dans le Nord, mardi, auprès des soignants et à Strasbourg pour parler d'Europe, jeudi, couplet sur l'environnement au Havre, clins d'œil aux jeunes et aux quartiers à Marseille…. « On parle à la gauche ! Et on raconte enfin des choses que les gens comprennent », exulte un macroniste venu du Parti socialiste. Désormais, l'objectif n'est plus simplement de battre Marine Le Pen dimanche, mais de creuser au maximum l'écart. Le camp Macron table sur une victoire à 55 %.
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