L'épidémie de Covid-19, on le constate depuis une année maintenant, a bouleversé notre environnement et a des impacts à long terme pour notre avenir. En démographie, ses effets ont déjà été mesurés plusieurs fois par les chercheurs de l'Institut de la statistique et des études économiques (Insee). La baisse du nombre de naissances, une hausse des décès inédite depuis 70 ans – la mortalité a été exceptionnelle en 2020 avec près de 669 000 décès toutes causes confondues, soit 56 000 décès de plus qu'en 2019 (+ 9 %) – ou encore la nette baisse de l'espérance de vie et la chute du nombre de mariages en sont quelques exemples.
Hausse du nombre de décès et baisse de celui des naissances
L'Insee Occitanie a publié ce mardi 30 mars son Info Flash du mois de mars qui décline le bilan démographique national publié par l'Insee et souligne ainsi les spécificités de notre région. Le constat est sans appel : le déficit naturel – qui correspond à un nombre de décès supérieur au nombre des naissances pour un espace et un intervalle de temps donné – s'est accentué en Occitanie en 2020. « D'une part, le nombre de décès augmente, avec l'arrivée des générations du baby-boom aux âges de forte mortalité et le contexte exceptionnel de la pandémie de Covid-1 9, et d'autre part, les naissances diminuent sous l'effet d'une baisse de la fécondité », explique Magali Flachère de l'Insee.
« En 2020, 62 495 habitants sont décédés dans la région, un chiffre jamais atteint depuis au moins un demi-siècle. Les naissances, au nombre de 57 331, sont toujours insuffisantes pour rétablir l'équilibre naturel. Depuis 2017, la région connaît un déficit naturel qui s'accentue au fil des ans et fait baisser la population régionale à hauteur d'un habitant pour mille en 2020. »
L'Occitanie devient la 4e région la plus peuplée de France DDM
Et pourtant, malgré ce sombre tableau, les arrivées en provenance de l'extérieur de la région permettent cependant de conserver une croissance démographique soutenue : en 2020, la population occitane a augmenté de +0,6 %, contre +0,2 % en métropole, ce qui correspond à l'équivalent de 37 500 habitants supplémentaires. La progression est nettement moins importante que dix ans auparavant – entre 2000 et 2012, la région gagnait en moyenne 60 300 habitants par an – mais elle permet à l'Occitanie de devenir la 4e région la plus peuplée de France, devant les Hauts-de-France, avec 5 986 000 habitants au 1er janvier 2021.
Une surmortalité plus faible qu'en France métropolitaine
Si l'Occitanie tire son épingle du jeu dans un contexte marqué par l'épidémie de Covid c'est aussi parce que la surmortalité y est plus faible (+4,7 %) qu'en France métropolitaine (+8,9 %) : en 2020, 62 495 habitants sont décédés en Occitanie, toutes causes confondues, soit 2 788 de plus qu'en 2019. Cette surmortalité touche essentiellement les 65 ans ou plus. Le taux de mortalité de cette population s'établit à 39,1 décès pour 1 000 habitants, en hausse de 1 point par rapport à 201 9. Celui des moins de 65 ans est lui stable, à 1,8 décès pour 1 000 habitants.
Les 2 788 décès supplémentaires enregistrés en 2020 peuvent se décomposer selon deux facteurs : d'une part, le vieillissement de la population, qui s'accentue avec l'arrivée des baby-boomers à des âges de forte mortalité ; et d'autre part, des conditions de mortalité qui fluctuent d'une année sur l'autre (des gains d'espérance de vie continuant d'être obtenus grâce aux progrès dans la lutte contre les cancers et les maladies cardiovasculaires).
Du côté des naissances, une diminution est constatée depuis 2015.En 2020, 57 331 bébés ont vu le jour en Occitanie, soit 335 de moins qu'en 2019 (-0,6 %). Un phénomène qui s'explique par la baisse depuis 2015 de l'indice conjoncturel de la fécondité : il s'établit maintenant à 1,7 enfant par femme en Occitanie (1,8 en métropole). Comme ailleurs, les femmes ont leurs enfants de plus en plus tard (en moyenne à 31 ans, contre 27 ans quarante ans auparavant), constate l'Insee.
Dynamisme à conforter
En passant de la 5e et la 4e place dans le palmarès des régions les plus peuplées de France, l'Occitanie montre qu'elle sait rester dynamique en dépit de la conjoncture si particulière de 2020, marquée par le Covid et ses conséquences économiques. Cette 4e place n'est possible, en effet, que grâce à l'attractivité qu'exerce la région sur ceux qui décident de s'y installer, car le déficit naturel – plus de décès que de naissances – ne permettrait pas un tel résultat.
Fin décembre, l'Insee indiquait dans une vaste étude qu'entre 2013 et 2018, la région avait gagné 40 300 habitants par an (+ 0,7 %), plus que la moyenne nationale… mais avec un ralentissement ces dernières années.
Alors que les deux métropoles, Toulouse et Montpellier, sont les locomotives de la région et que les territoires constituant l'armature urbaine concentrent l'essentiel du dynamisme démographique, il conviendra dans les années à venir de sécuriser cette dynamique, notamment par une diversification économique, à l'heure où le secteur aéronautique doit affronter la crise du Covid, et par une accélération dans la croissance verte, l'Occitanie voulant devenir la première région à énergie positive d'Europe.
No comments:
Post a Comment
Je tiens ce blog depuis fin 2005. Tout lecteur peut commenter sous email valide et sous anonymat. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie. Je modère les commentaires.