J'ai beaucoup de respect pour Bernard Cazeneuve, l'auteur de ces lignes
dans La Croix, bien qu'il ait été étroitement associé au naufrage
hollandais. Mais cette façon typique et parfaitement fantasmatique de
réécrire l'histoire de France est vraiment une des causes majeures de
nos difficultés actuelles.
"Depuis cent cinquante ans dans nos institutions et dans nos existences, hors l'éclipse de honte que fut le régime de Vichy, il existe deux mots pour dire une même et unique exigence : la République et la nation.
La République n'a rien d'un mot-valise ou du sac de Mary Poppins dont surgiraient tout et son contraire. Elle est une idée claire accompagnée d'un programme précis.
La nation se compose de citoyens - non de consommateurs ou de parts de marché - égaux en dignité et en droits qui n'en demeurent pas moins des individus singuliers. Ensemble, ils forment et ils forgent une communauté politique fondée sur l'adhésion à des valeurs partagées et le dépassement (ce qui ne signifie pas qu'elles soient niées) des appartenances - l'origine ethnique, le genre, la croyance, le lieu de naissance ou de résidence.
Comme disait le révolutionnaire Rabault Saint-Étienne, « notre histoire n'est pas notre code » : chacun renonce aux assignations spécifiques pour contribuer à la construction de communs. Voilà pourquoi la mise en œuvre de ce projet fait de la laïcité, de l'école, du suffrage universel et de l'État de droit son carré dynamique.
Notre identité est une idée - la citoyenneté partagée - et non la fatalité des appartenances figées. Dans l'histoire, la gauche et parmi elle le courant socialiste furent les constructeurs ardents et les protecteurs vigilants de la République, où la liberté n'est pas le chacun pour soi, l'égalité ne signifie pas l'uniformisation des goûts et des talents, la fraternité est l'antidote au communautarisme. "
Car enfin depuis 150 ans, on parle quand même d'un des derniers pays industrialisés à reconnaitre les syndicats ouvriers, d'un de ceux qui a le plus tardé en Europe à généraliser l'éducation des pauvres, d'un pays qui par chauvinisme porte une part de responsabilité essentielle dans une des plus grandes boucheries de tous les temps, d'un des derniers Etats développés à accorder le suffrage aux femmes et d'un de ceux qui a mené les politiques coloniales les plus abjectes avec le soutien très actif des Republicains convaincus comme Jules Ferry tout en étant aussi un des derniers à renoncer à la colonisation, le plus souvent contraint et forcé.
C'est pour une bonne part à cause de ces contes de fées sur notre histoire nationale qu'on ne s'en sort pas : parce que ceux qui les colportent continuent de se gargariser de mots au lieu d'accepter de regarder les réalités en face et de donner (enfin) la priorité des priorités à la lutte pour l'égalité et la fraternité réels en mettant le combat contre les discriminations en tête de leur agenda.
Assez de contes de fées, d'histoires à dormir debout et de têtes dans le sable !!!
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