
Maintenues artificiellement en vie grâce aux aides massives de l'Etat depuis le début de la crise Covid, les entreprises les plus fragiles sont appelées "zombies".Elles risquent de disparaître avec la reprise.
Des milliers d'entreprises sont-elles des « morts vivants » ? C'est selon plusieurs études, un risque majeur pour notre économie en 2021. Par entreprises "zombies" il faut entendre des entreprises non viables qui ne survivent qu'à grand renfort d'aides et de prêts bancaires déployés pendant la crise sanitaire.
Fonds de solidarité des entreprises, prêts garantis par l'Etat (PGE), reports des dettes fiscales et sociales… l'État a débloqué la bagatelle de 155 milliards d'aides en 2020. L'exécutif a dû agir vite et verser des aides au plus grand nombre et donc peu sélectives. Avec l'étirement de la crise, ce soutien se prolonge fabriquant autant de "zombies" potentiels. Quand ces aides s'arrêteront bon nombre d'entreprises sous respirateur artificiel public risquent la défaillance quasi immédiate.Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), la proportion de ces entreprises dites "zombies" atteindrait désormais 15 % dans quatorze pays aux économies avancées. Au Canada ce serait le double : 30 % ! La Banque centrale européenne vient aussi de tirer la sonnette d'alarme car, selon elle, 6 % de ces entreprises risquent la faillite dès que le gouvernement stoppera ces aides.
Ces passagers clandestins de l'économie sont aujourd'hui invisibles et on ne trouve pas trace d'eux dans les statistiques des défaillances d'entreprises.
Au tribunal de commerce de Toulouse, on a ainsi enregistré une baisse spectaculaire de 40 % des procédures collectives. L'an dernier, les tribunaux de commerce étaient fermés pendant le premier confinement ce qui empêchait matériellement toute procédure. Par ailleurs, les entreprises sont souvent contraintes de déposer le bilan suite à des poursuites de l'Urssaf ou des services fiscaux.
Un fichier secret des "zombies"
Or, ces deux administrations ont accordé des reports d'échéances gelant de facto les recours. Tant qu'elles ne reprennent pas leurs poursuites, les entreprises ne déposent pas le bilan.
Ces "zombies" ne sont toutefois pas totalement inconnus. À Bercy, le ministère de l'Economie dispose d'un algorithme qui va piocher et croiser les informations des impôts, de la Banque de France (qui note les entreprises), l'agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss)… afin d'identifier les entreprises susceptibles de faire faillite dans les dix-huit prochains mois. Les zombies seraient légion dans ce fichier que le ministère de l'Economie conserve secret et ne partage pas avec les autres administrations ni les juridictions commerciales.
Ce mois de mars 2021 pourrait être le début de l'hécatombe. C'est en effet à cette date anniversaire, un an après le Covid, que les 630 000 entreprises ayant souscrit un prêt garanti par l'Etat (PGE) doivent commencer à le rembourser. Mais là encore, l'illusion va durer encore un peu.
Un différé d'un an supplémentaire a été rendu possible reportant l'échéance à mars 2022. Sous la pression de Bercy, la fédération bancaire française (FBF) a précisé que « les banques s'engagent à accepter systématiquement toute demande de décalage d'un an supplémentaire de l'amortissement du capital du PGE ». Or, 40 % de ces prêts ont été souscrits par des très petites entreprises (TPE), souvent les plus fragiles car moins
capitalisées que leurs grandes sœurs les PME ou les grandes entreprises.Si l'Etat réfléchit à deux fois avant de « couper les vivres » en stoppant les aides c'est aussi pour éviter une déferlante sociale que provoqueraient des faillites en cascade faisant flamber le chômage. Le tout à un an de l'élection présidentielle.

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