Des mouvements comme Extinction Rebellion prônent le recours à la désobéissance civile non violente pour contraindre les gouvernements à agir, enfin, contre le réchauffement climatique. Ils posent ainsi la question de la compatibilité de la démocratie avec l’urgence écologique. Devons-nous renoncer à certaines de nos libertés pour espérer sauver l’humanité ? En partenariat avec le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH), Courrier international décrypte pour vous les enjeux de ce débat.
Dans une interview donnée au Spiegel [en septembre 2019], Roger Hallam, le cofondateur d’Extinction Rebellion, affirmait qu’il était trop tard pour enrayer le dérèglement climatique d’origine anthropique en attendant les décisions du législateur, dont il allait jusqu’à contester la légitimité : “Quand une société se comporte de manière si immorale, déclarait le militant écologiste britannique, la démocratie n’est plus compétente. Le seul recours est les actions directes.”
Après l’entretien, Roger Hallam a été placé en garde à vue pour avoir essayé de paralyser le trafic aérien de l’aéroport de Heathrow à l’aide de drones [il a comparu le 17 février devant un tribunal londonien pour ces faits]. Beaucoup ont vu dans ses actions et dans ses déclarations le signe manifeste que l’activisme climatique faisait naître, à sa marge, des fantasmes de pouvoir autonome dangereux et antidémocratiques. De fait, pour tous ceux qui croient déceler dans cet engagement écologiste une “dictature de la décarbonation” en puissance, la confession de Roger Hallam selon laquelle il juge la lutte contre le dérèglement climatique “prioritaire vis-à-vis de la démocratie” est pain bénit.
Malgré (ou à cause de) cela, certains se sont demandé si Extinction Rebellion s’inscrivait dans la tradition de la désobéissance civile à laquelle on doit des mutations sociales de grande ampleur, du mouvement américain des droits civiques [pour mettre fin à la ségrégation raciale aux États-Unis] à la contestation antinucléaire en passant par l’opposition au recensement de 1983 en ex-Allemagne de l’Ouest [qui avait fait l’objet d’appels au boycott et poussé la Cour constitutionnelle à adopter un arrêt historique sur la protection des données personnelles des citoyens]. Ou bien si ce mouvement de protestation n’était qu’un carnaval savamment orchestré pour se faire connaître à peu de frais et qui, au bout de compte, ne fait qu’effriter le large consensus de l’opinion au sujet du dérèglement climatique.
Ce qui fait grand débat en ce moment – ou plutôt ce que l’on brandit pour susciter la polémique –, c’est la “dictature verte” qui nous pendrait au nez. Ce qui est d’ailleurs curieux, puisque, à l’exception de quelques rares activistes comme Roger Hallam, on ne trouve pour l’heure aucun mouvement politique ou presque désireux de suspendre les assemblées législatives au nom de la lutte contre le dérèglement climatique. La question de la dictature verte n’est cependant pas réglée, d’autant qu’elle pourrait se faire plus pressante à l’avenir, au vu des pressions considérables qui pèsent sur les épaules des gouvernements pour qu’ils agissent sur le front du climat. Et Roger Hallam est loin d’être le seul à recourir implicitement à la métaphore de l’état d’urgence. Nul n’ignore ainsi que Greta Thunberg a appelé de ses vœux une “panique” collective, tandis qu’une soixantaine de communes allemandes ont proclamé – essentiellement pour le symbole – l’“état d’urgence climatique”.
Or, si l’on suit le penseur italien Giorgio Agamben, les nazis et autres régimes totalitaires n’ont pas été les seuls à faire cette interprétation schmittienne de la souveraineté au XXe siècle – au sein même des démocraties occidentales, l’état d’urgence est devenu permanent et sert de “cadre théorique de la gouvernance”, comme en témoignent actuellement les lois antiterroristes, l’indépendance croissante des services secrets ou les camps de réfugiés clôturés.
Le discours sur l’urgence climatique n’est-il qu’une déclinaison “verte” de cette pensée de la souveraineté qui réclame tout bonnement sa part de pouvoir au nom de la situation écologique ? Dans ce contexte, le risque n’est-il pas de voir émerger une dictature verte ? On ne peut pas l’exclure, tout comme on ne peut pas exclure que [le député allemand amateur de rap] Gregor Gysi devienne membre du Wu-Tang Clan, ou que le club de football Hambourg SV remporte la Ligue des champions dans deux ans. Outre le fait qu’elles relèvent en général d’une stratégie discursive de diversion visant à esquiver tout débat de fond sur les mesures à engager en faveur du climat, les mises en garde contre le risque d’une dictature verte semblent bien aventureuses au regard du statu quo politique et social. Car ce n’est pas comme si le gouvernement allemand ou les autres gouvernements du G20 s’étaient distingués jusqu’à présent par leurs ambitions démesurées en matière de réglementations environnementales, sans parler de faire du sujet une priorité absolue. Au contraire : quand on sait que les répercussions possibles du dérèglement climatique sont connues au moins depuis le premier rapport au Club de Rome en 1972, le passé récent se caractériserait plutôt par un report systématique des mesures de sauvegarde de l’environnement.
Sur la question des politiques réglementaires, un premier paradoxe réside dans le fait que ce sont les manquements du passé qui sont responsables de l’urgence actuelle – et que ce sont ceux du présent qui vont encore aggraver l’urgence demain. Si la généralisation d’infrastructures respectueuses du climat, l’adoption de réglementations environnementales, la sensibilisation des consommateurs et l’instauration d’interdictions modérées se font attendre, c’est surtout par la faute des politiques, qui réclament souvent de “réduire la voilure” sur le volet social alors qu’ils n’hésitent pas à entraver les libertés civiles au nom de la sécurité. C’est là un deuxième paradoxe.
Notre incapacité à empêcher les répercussions dramatiques du dérèglement climatique pourrait nous conduire, dans les décennies à venir, à un troisième paradoxe : la multiplication des catastrophes naturelles, l’apparition de nouveaux conflits pour les ressources naturelles et l’essor des migrations climatiques se solderaient par l’introduction de mesures autoritaires. Selon toute probabilité, il ne s’agira non pas de dictatures vertes, mais plutôt d’autocraties post-écologiques qui veilleront essentiellement à subvenir aux besoins des plus offrants.
Pour commencer, les démocraties industrielles (ou les régimes socialistes), au premier rang desquels l’Allemagne, reposaient et reposent encore sur une forme de “consensus pétrochimique”. Celui-ci part du principe que cette exploitation effrénée de la nature, qui répond à une politique économique et énergétique et qui conduit non seulement à l’augmentation de la prospérité, mais aussi à un relatif apaisement du conflit de classes, serait gratuite, ou presque. Comme l’écrit Stephan Lessenich : la démocratie “a établi un rapport social à la nature qui est absolument indispensable à son fonctionnement mais qui est totalement insoutenable d’un point de vue écologique, et s’est installée durablement dans cette situation”.
Le fait que la création de richesses, à travers la destruction du milieu naturel ici et ailleurs dans le monde, ne soit en aucun cas gratuite se vérifie non seulement dans le dérèglement climatique en cours, mais aussi dans l’exemple frappant des Ewigkeitskosten [“coûts éternels”], ces dépenses qui servent à éviter la contamination des nappes phréatiques et les affaissements de sol dans les anciennes régions houillères, et qui se chiffrent chaque année en millions d’euros. Si des politiques de préservation du climat et de l’environnement dignes de ce nom induisent une tension avec la démocratie, c’est parce que le coût environnemental de la croissance économique (qui est depuis toujours le principal instrument de l’équilibre social) n’est tout simplement plus externalisable. Et même le déploiement de technologies vertes, aussi massif soit-il, ne permettra pas de régler ce problème à moyen terme.
Seulement voilà, tout cela ne soulève pas la question d’une éventuelle dictature verte à venir. Comme le constatait, voilà déjà un demi-siècle, l’historien des sciences américain Lynn Townsend White, cité par Stephan Lessenich, ce serait plutôt l’inverse : pour survivre, la démocratie doit se réinventer.
Le flambeau de la dissidence civile ?
Force est de reconnaître que la figure argumentative de l’état d’urgence dont se sert Roger Hallam est apodictique et transpire un autoritarisme qu’on a plutôt coutume de rencontrer du côté de la droite réactionnaire. Rappelons cependant que les observations vagabondes d’un seul individu ne suffisent pas à délégitimer l’ensemble d’un mouvement, qui plus est informel et international – d’autant que, jusqu’à présent, les antennes allemandes d’Extinction Rebellion ont été particulièrement modérées à l’égard de la police et des pouvoirs publics dans leurs actions de désobéissance civile.Malgré (ou à cause de) cela, certains se sont demandé si Extinction Rebellion s’inscrivait dans la tradition de la désobéissance civile à laquelle on doit des mutations sociales de grande ampleur, du mouvement américain des droits civiques [pour mettre fin à la ségrégation raciale aux États-Unis] à la contestation antinucléaire en passant par l’opposition au recensement de 1983 en ex-Allemagne de l’Ouest [qui avait fait l’objet d’appels au boycott et poussé la Cour constitutionnelle à adopter un arrêt historique sur la protection des données personnelles des citoyens]. Ou bien si ce mouvement de protestation n’était qu’un carnaval savamment orchestré pour se faire connaître à peu de frais et qui, au bout de compte, ne fait qu’effriter le large consensus de l’opinion au sujet du dérèglement climatique.
La métaphore de l’état d’urgence
Outre le fait qu’il est encore difficile de s’y retrouver dans l’hétérogénéité de ce mouvement (qui n’a été fondé qu’à la fin de 2018), des questions bien plus importantes et bien plus fondamentales semblent se poser à l’heure actuelle : la démocratie et la nécessité urgente de préserver le climat se contredisent-elles sur le fond ? Et si oui, en quoi ? Pour anticiper sur l’une des conclusions de cet article, disons tout de suite qu’entre la préservation du climat et la démocratie il existe bien une tension d’ordre structurel, mais qu’elle est différente de celle dont on parle souvent.Ce qui fait grand débat en ce moment – ou plutôt ce que l’on brandit pour susciter la polémique –, c’est la “dictature verte” qui nous pendrait au nez. Ce qui est d’ailleurs curieux, puisque, à l’exception de quelques rares activistes comme Roger Hallam, on ne trouve pour l’heure aucun mouvement politique ou presque désireux de suspendre les assemblées législatives au nom de la lutte contre le dérèglement climatique. La question de la dictature verte n’est cependant pas réglée, d’autant qu’elle pourrait se faire plus pressante à l’avenir, au vu des pressions considérables qui pèsent sur les épaules des gouvernements pour qu’ils agissent sur le front du climat. Et Roger Hallam est loin d’être le seul à recourir implicitement à la métaphore de l’état d’urgence. Nul n’ignore ainsi que Greta Thunberg a appelé de ses vœux une “panique” collective, tandis qu’une soixantaine de communes allemandes ont proclamé – essentiellement pour le symbole – l’“état d’urgence climatique”.
Un statu quo politique et social
De quoi éveiller au moins l’attention des oreilles sensibles à l’histoire. Par le passé, la proclamation de l’état d’urgence et de l’état d’exception a souvent été motivée par une volonté de restreindre sévèrement, voire de supprimer, des libertés civiles. Le philosophe et juriste [allemand] Carl Schmitt, souvent qualifié de “juriste attitré du IIIe Reich”, a même échafaudé sa fameuse théorie de la souveraineté autour de l’état d’urgence. Selon celle-ci, “est souverain celui qui décide en cas de situation exceptionnelle”. En d’autres termes : gouverne celui qui revendique, avec succès, le droit de suspendre le droit en vigueur.Or, si l’on suit le penseur italien Giorgio Agamben, les nazis et autres régimes totalitaires n’ont pas été les seuls à faire cette interprétation schmittienne de la souveraineté au XXe siècle – au sein même des démocraties occidentales, l’état d’urgence est devenu permanent et sert de “cadre théorique de la gouvernance”, comme en témoignent actuellement les lois antiterroristes, l’indépendance croissante des services secrets ou les camps de réfugiés clôturés.
Le discours sur l’urgence climatique n’est-il qu’une déclinaison “verte” de cette pensée de la souveraineté qui réclame tout bonnement sa part de pouvoir au nom de la situation écologique ? Dans ce contexte, le risque n’est-il pas de voir émerger une dictature verte ? On ne peut pas l’exclure, tout comme on ne peut pas exclure que [le député allemand amateur de rap] Gregor Gysi devienne membre du Wu-Tang Clan, ou que le club de football Hambourg SV remporte la Ligue des champions dans deux ans. Outre le fait qu’elles relèvent en général d’une stratégie discursive de diversion visant à esquiver tout débat de fond sur les mesures à engager en faveur du climat, les mises en garde contre le risque d’une dictature verte semblent bien aventureuses au regard du statu quo politique et social. Car ce n’est pas comme si le gouvernement allemand ou les autres gouvernements du G20 s’étaient distingués jusqu’à présent par leurs ambitions démesurées en matière de réglementations environnementales, sans parler de faire du sujet une priorité absolue. Au contraire : quand on sait que les répercussions possibles du dérèglement climatique sont connues au moins depuis le premier rapport au Club de Rome en 1972, le passé récent se caractériserait plutôt par un report systématique des mesures de sauvegarde de l’environnement.
Plutôt des autocraties post-écologiques
C’est vrai, l’Allemagne a réduit ses émissions de gaz à effet de serre ces trente dernières années. Seulement, cette baisse tient pour l’essentiel aux fermetures massives d’usines en ex-Allemagne de l’Est. Et, quoi qu’il en soit, les objectifs de l’accord de Paris ne seront pas atteints, loin de là. D’autant que, pour ne citer que deux symboles de liberté dont il est beaucoup question, les ventes de SUV [véhicules utilitaires sport] ne fléchissent pas en Allemagne mais continuent au contraire de progresser, et la consommation de viande reste inchangée depuis vingt ans.Sur la question des politiques réglementaires, un premier paradoxe réside dans le fait que ce sont les manquements du passé qui sont responsables de l’urgence actuelle – et que ce sont ceux du présent qui vont encore aggraver l’urgence demain. Si la généralisation d’infrastructures respectueuses du climat, l’adoption de réglementations environnementales, la sensibilisation des consommateurs et l’instauration d’interdictions modérées se font attendre, c’est surtout par la faute des politiques, qui réclament souvent de “réduire la voilure” sur le volet social alors qu’ils n’hésitent pas à entraver les libertés civiles au nom de la sécurité. C’est là un deuxième paradoxe.
Notre incapacité à empêcher les répercussions dramatiques du dérèglement climatique pourrait nous conduire, dans les décennies à venir, à un troisième paradoxe : la multiplication des catastrophes naturelles, l’apparition de nouveaux conflits pour les ressources naturelles et l’essor des migrations climatiques se solderaient par l’introduction de mesures autoritaires. Selon toute probabilité, il ne s’agira non pas de dictatures vertes, mais plutôt d’autocraties post-écologiques qui veilleront essentiellement à subvenir aux besoins des plus offrants.
Mettre un terme au “consensus pétrochimique”
À côté du débat sur l’avènement hypothétique de prétendues dictatures vertes, il existe une autre source de tension importante entre la démocratie et la préservation du climat. Comme le sociologue Stephan Lessenich le fait remarquer dans un ouvrage qui vient de paraître et qui mérite vraiment d’être lu, Die Grenzen der Demokratie [“Les Limites de la démocratie”, non traduit en français], les démocraties modernes se fondent depuis toujours sur un rapport à la nature doublement destructeur.Pour commencer, les démocraties industrielles (ou les régimes socialistes), au premier rang desquels l’Allemagne, reposaient et reposent encore sur une forme de “consensus pétrochimique”. Celui-ci part du principe que cette exploitation effrénée de la nature, qui répond à une politique économique et énergétique et qui conduit non seulement à l’augmentation de la prospérité, mais aussi à un relatif apaisement du conflit de classes, serait gratuite, ou presque. Comme l’écrit Stephan Lessenich : la démocratie “a établi un rapport social à la nature qui est absolument indispensable à son fonctionnement mais qui est totalement insoutenable d’un point de vue écologique, et s’est installée durablement dans cette situation”.
Le fait que la création de richesses, à travers la destruction du milieu naturel ici et ailleurs dans le monde, ne soit en aucun cas gratuite se vérifie non seulement dans le dérèglement climatique en cours, mais aussi dans l’exemple frappant des Ewigkeitskosten [“coûts éternels”], ces dépenses qui servent à éviter la contamination des nappes phréatiques et les affaissements de sol dans les anciennes régions houillères, et qui se chiffrent chaque année en millions d’euros. Si des politiques de préservation du climat et de l’environnement dignes de ce nom induisent une tension avec la démocratie, c’est parce que le coût environnemental de la croissance économique (qui est depuis toujours le principal instrument de l’équilibre social) n’est tout simplement plus externalisable. Et même le déploiement de technologies vertes, aussi massif soit-il, ne permettra pas de régler ce problème à moyen terme.
Réinventer la démocratie
À quoi s’ajoute un deuxième aspect que l’on pourrait qualifier de “psychopolitique”. Car, au sein des démocraties industrielles, constate Stephan Lessenich, la nature a toujours été la cinquième roue du carrosse dans des rapports de hiérarchie et de domination aux gradations subtiles :Dans sa relation à la nature, chacun peut se laisser aller ; dans le rapport social à la nature, tout un chacun […], y compris les subalternes de la mondialisation, peut enfin maîtriser les événements à son tour.”Plus concrètement, dans une “démocratie carbonée”, la nature est un espace d’affirmation sociale sans limite qui prodigue un sentiment d’émancipation matérielle et de liberté individuelle – en s’asseyant sous des parasols chauffants, en partant en voyage organisé ou en appuyant sur le champignon. Si elle ne s’y limite pas, cette affirmation sociale sert de plus en plus souvent de compensation psychopolitique à la généralisation des bas salaires et au recul de la codécision dans les entreprises. Dès lors, il semble logique, politiquement en tout cas, que ceux-là mêmes qui ont défendu ce modèle se découvrent aujourd’hui une sympathie pour “l’homme de la rue” sur les sujets du diesel ou des limitations de vitesse.
Seulement voilà, tout cela ne soulève pas la question d’une éventuelle dictature verte à venir. Comme le constatait, voilà déjà un demi-siècle, l’historien des sciences américain Lynn Townsend White, cité par Stephan Lessenich, ce serait plutôt l’inverse : pour survivre, la démocratie doit se réinventer.
Source
C’est la publication allemande de référence, une autorité outre-Rhin. Ce (très) grand journal d’information et d’analyse politique, pointu et exigeant, se distingue aussi par sa maquette et son iconographie très recherchées. Tolérant et libéral, il
Source https://www.courrierinternational.com/article/debat-faut-il-imposer-lecologie-par-la-force
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