28/09/2020

Liban : Macron «prend acte de la trahison collective» de la classe politique

Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré dimanche avoir «pris acte de la trahison collective» de la classe politique libanaise, après son échec à former un gouvernement contrairement à l'engagement qu'elle avait pris devant lui début septembre.

Les partis libanais «portent l'entière responsabilité» de cet échec, et «elle sera lourde», a ajouté Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse à Paris.

Les dirigeants du pays du Cèdre disposent d'une «dernière chance» pour que soient respectés ces engagements, afin de constituer un «gouvernement de mission et obtenir de l'aide internationale», a-t-il poursuivi. «La feuille de route du 1er septembre demeure (...), elle est la seule initiative prise sur le plan national, régional et international (...), elle n'est pas retirée de la table (...) mais il appartient maintenant aux responsables libanais de saisir cette dernière chance eux-mêmes», a encore déclaré Emmanuel Macron.

Les partis politiques s'étaient engagés auprès d’Emmanuel Macron, venu à Beyrouth début septembre, à former un cabinet de ministres «compétents» et «indépendants» dans un délai de deux semaines. Mais samedi, le premier ministre désigné Moustapha Adib, chargé le 31 août de le former, a jeté l'éponge, mettant en avant l'inexistence d'un consensus entre les partis en dépit de l'urgence de mener les réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer des milliards de dollars d'aide. Ce renoncement semble marquer l'échec de l'initiative lancée après la tragique explosion du 4 août au port de Beyrouth par le président français.

«Quatre à six semaines»

Emmanuel Macron s'en est pris au parti chiite Hezbollah, qui selon lui «ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est». Le Hezbollah «ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban. C'est à lui de démontrer qu'il respecte les Libanais dans leur ensemble. Il a, ces derniers jours, clairement montré le contraire». La formation du gouvernement a été entravée par les revendications du parti chiite Hezbollah, un allié de l'Iran qui domine la vie politique libanaise, et de son allié Amal, qui réclamaient le portefeuille des Finances.

Le chef de l'État français jette un horizon de «quatre à six semaines» pour que les bailleurs internationaux voient si un gouvernement de mission est encore envisageable ou s'il faut envisager un changement complet de paradigme. «S'il n'y a aucune avancée sur le plan interne, alors nous serons obligés d'envisager une nouvelle phase de manière très claire et de poser la question de confiance: est ce qu'un gouvernement de mission sur la base de la feuille de route est encore possible ? Ou est-ce qu'il faut à ce moment-là changer la donne et aller peut-être dans une voie plus systémique de recomposition politique au Liban?», a-t-il dit, qualifiant cette piste de «très aventureuse».

Emmanuel Macron a jugé que faute d'un accord sur les bases évoquées en août, le Liban risquait soit la «guerre civile», soit de continuer de s'enliser avec un gouvernement de «profiteurs». Et dans tous les cas, que le pays ne pourrait pas compter dans ces conditions sur l'aide internationale dont il a cruellement besoin.

 

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