“Le président Trump parlait souvent directement à son adversaire, pour essayer de le déstabiliser, tandis que Joe Biden parlait directement à la caméra pour tenter de capter les électeurs”, observe le New York Times.

“Entre leurs échanges sur le système de santé, l’économie et le virus, les candidats n’ont cessé de dénigrer l’intelligence et la crédibilité de leur adversaire”, poursuit le quotidien. Le modérateur lui-même – Chris Wallace, de la chaîne conservatrice Fox News – a dû hausser le ton à plusieurs reprises pour rappeler les candidats à l’ordre et leur faire respecter les temps de parole.

“Les échanges les plus intenses ont eu lieu autour de la stratégie officielle contre la pandémie, le contrôle de la violence et la reconnaissance du résultat des élections”, note El País, en déplorant que “les attaques personnelles” aient empoisonné le débat.

De fait, il n’a pas fallu plus de 15 minutes – sur les 90 minutes du débat – pour que Joe Biden, excédé par l’autosatisfaction du président américain sur sa gestion de la pandémie de Covid-19, sorte ses griffes, selon The Guardian. “Le fait est que tout ce qu’il a dit jusqu’à présent est un mensonge. Mais je ne suis pas là pour dénoncer ses mensonges. Tout le monde sait que c’est un menteur”, a-t-il dit.

Pour le Washington Post, entre les “chamailleries” et les “interruptions incessantes”, le débat était “presque inregardable”. Mais le quotidien note que Joe Biden a globalement “bien résisté aux attaques” continuelles du président sortant. L’ancien vice-président de Barack Obama “s’en est tenu à son discours, sans trop chercher le débat, et sans donner à Trump ce qu’il cherchait”.

“Clown”

Ce qui ne l’a pas empêché de traiter son adversaire de “clown” et de “pire président que l’Amérique ait connu” au cours du débat.

La chaîne CNN retiendra elle aussi une soirée de “chaos”, accusant Donald Trump d’avoir fait “dérailler” le débat avec ses insultes.

“Trump a attaqué et interrompu Biden durant ses réponses sur chaque sujet”, observe la chaîne. “Cette tactique a fait perdre à Biden le fil de sa pensée sur plusieurs points importants, mais il s’est habitué aux attaques de Trump au fil de la soirée”.

Face aux questions parfois incisives de Chris Wallace, Donald Trump a souvent esquivé, évitant par exemple de condamner clairement les suprémacistes blancs – mais tombant à bras raccourcis sur les antifas – ou refusant d’admettre l’influence de l’activité humaine dans le réchauffement climatique.

Il a également affirmé avoir payé des “millions de dollars” d’impôts en 2016 et 2017, reléguant au rang de “fake news” l’enquête du New York Times, qui a révélé ce week-end qu’il n’avait payé que 750 dollars d’impôts, l’année de son élection et la suivante.

Mais son exercice préféré, outre la déstabilisation de son adversaire, reste la défense aveugle de son bilan, analyse la BBC.

“S’il y avait un message que la campagne de Trump voulait que les Américains retiennent après ce débat”, c’est qu’en près de 50 ans de vie politique, Joe Biden n’a pas été capable de résoudre les problèmes qui frappent les États-Unis.

“En 47 mois, j’ai fait plus que vous en 47 ans”, a-t-il lancé à son adversaire. Mais ce dernier, à l’heure de conclure, ne s’est pas privé de donner sa propre vision du mandat de Trump : “Sous ce président, nous sommes devenus plus faibles, plus malades, plus pauvres, et plus divisés”.