Avant, il y eut le 21 septembre 1792, au lendemain de la victoire de Valmy, ouvrant la Ire République (1792-1804). Puis le 24 février 1848, marquant le début de la IIe. Puis cette troisième fois, donc, lors d’un bref événement qui met un terme au Second Empire, instauré en 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III.
Le grand dessein de Bismarck, en cette deuxième moitié du XIXe siècle, était de faire, autour de la Prusse et de son roi, l’unité de l’Allemagne, encore morcelée en petits Etats (la Bavière, la Saxe, etc.). Il pensait, à raison, qu’il n’y avait rien de mieux qu’une bonne guerre pour y arriver. Il suffisait de mettre son pays en position d’offensé, et tous les pays frères se grouperaient autour de lui. Il passait donc son temps à semer des pièges pour pousser son grand ennemi à la faute. Et Napoléon III ne s’était pas forcé pour tomber dedans. Usé par deux décennies de pouvoir, il ne voyait pas d’autre moyen que de se refaire au son des clairons pour retrouver son lustre auprès de son opinion publique. Idée stupide, elle cause sa perte.
Le rôle-clé de Gambetta
Le 17 juillet, l’empereur déclare donc la guerre à Berlin. Bravache, il annonce en même temps qu’il conduira lui-même ses troupes à la victoire. Miné par la « maladie de la pierre » (des calculs dans la vessie) qui lui cause des douleurs atroces, il en est physiquement incapable. Il court quand même aux frontières, laissant à Paris sa femme, l’impératrice Eugénie, comme régente.Début août, les premières confrontations ont lieu dans l’est de la France. Elles sont désastreuses. L’armée française est mal équipée et doit faire face à des troupes prussiennes en surnombre, parfaitement entraînées et appuyées par tous les princes allemands accourus à l’appel, comme l’avait finement prévu le machiavélique Bismarck. Bazaine, qu’on croyait brillant maréchal, se fait prendre au piège dans Metz, à la mi-août. Napoléon III cherche à aller le secourir avec son armée. Le 1er septembre, il est à Sedan. Le 2, c’est la catastrophe. Il capitule et se constitue prisonnier, avec 100 000 de ses soldats, dont – il faut lui reconnaître cela – il a voulu épargner le sang.
Dès que la nouvelle arrive à Paris, elle fait l’effet d’une bombe. Nous voici en notre 4 septembre. Les grands séides du régime sont tétanisés par la double information de la défaite et du sort piteux de l’empereur. La régente Eugènie, sentant le pouvoir se dérober sous elle, prépare sa fuite en Angleterre.
Ses opposants en sont galvanisés. Les uns et les autres se retrouvent au palais Bourbon – qui abrite l’actuelle Assemblée nationale – où siège le Corps législatif, l’assemblée parlementaire du Second Empire. La foule a investi la place. Le brouhaha est tel que tout débat est impossible. Une petite troupe de députés quitte les lieux. Elle est menée par l’énergique Léon Gambetta. Brillant avocat, devenu député, il tonne depuis des années contre un système qu’il hait. Depuis l’Hôtel de Ville, il lui porte l’estocade. Il proclame solennellement la République et enjoint au pays de reprendre le combat pour sauver le pays de l’invasion.
La IIIe République se fait attendre
On l’a écrit, cette proclamation est la troisième. Est-ce à dire qu’elle marque les débuts de la IIIe République ? Ce serait logique, mais l’histoire ne l’est pas toujours. Les choses sont un peu plus complexes.Le fougueux changement de régime n’a pas réussi, malheureusement, à inverser le sort des armes. Grâce à leur victoire de Sedan, les Prussiens et leurs alliés ont investi le territoire national. A la mi-septembre, ils commencent le siège de Paris. Comme Danton, durant la Révolution, Gambetta se déchaîne pour mobiliser les énergies. Le 8 octobre, il réussit même à s’échapper de Paris en survolant les lignes ennemies dans un ballon, puis s’installe à Tours, pour organiser la « défense nationale ». Il lance ce qui lui reste d’armées où il peut, dans le nord, dans l’est. Ses efforts sont vains. Les Français ne veulent plus se battre. Ils ne sont pas très sûrs non plus de vouloir sa République, associée à la poursuite de la guerre.
Le 28 janvier 1871, un armistice est signé avec les Prussiens. Ils viennent, eux aussi, de changer de régime : dix jours auparavant, réunis à Versailles, les princes du monde germanique ont couronné Guillaume, roi de Prusse, comme le nouvel empereur d’Allemagne – Bismarck a réussi son coup. La France de Gambetta a manqué le sien. Le 8 février ont lieu des élections législatives qui mettent les républicains, vus comme des boutefeux, en minorité et donnent la Chambre à une majorité monarchiste.
Notre pays va-t-il donc redevenir un royaume ? Le seul avantage des minoritaires est que le candidat choisi par la majorité pour être roi est un crétin. Il s’appelle le comte de Chambord, il est le petit-fils de Charles X et il est aussi réactionnaire et buté que son grand-père. Il veut bien accepter le trône qu’on lui apporte sur un plateau uniquement s’il peut régner avec le drapeau blanc, emblème de l’ancienne monarchie. Perdre le tricolore serait une offense inacceptable pour la majorité des Français. Exit le candidat.
Quel régime doit-on donner à la France ? Pendant des années, on tourne autour du sujet sans réussir à le trancher. Il faut pourtant donner au pays des institutions claires, savoir qui sera chef de l’Etat, comment on l’appellera, comment et dans combien de chambres siégeront les parlementaires. En janvier 1875, enfin, lors d’une de ces discussions, un député nommé Henri Wallon propose au débotté un amendement qui prévoit l’élection d’un président de la République. Il est voté à une voix. Dans les semaines qui suivent, d’autres lois, dites constitutionnelles, organisent le fonctionnement des pouvoirs publics et consolident cette tendance. La France ne sera plus ni un empire ni une monarchie. La IIIe République peut commencer vraiment.
Source Nouvel Obs
la République n'admet aucun pouvoir séparatiste déclare Macron au Panthéon.
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