En catimini, le Commissariat à l’Energie Atomique met fin aux programmes de recherche sur le réacteur de 4ème
génération ASTRID. Cette décision, prise de façon sournoise et sans
réel débat, porte en elle la démonstration de plusieurs maux qui
affectent aujourd’hui notre système politique et notre stratégie
énergétique. Une tribune de Raphaël Schellenberger.
Ainsi après avoir investi près de 738 millions d’euros dans ce programme de recherche, voilà que l’idée de transformer nos actuels déchets nucléaires en source d’énergie est abandonnée. L’ambition de boucler complètement le cycle nucléaire, de supprimer les déchets nucléaires et ainsi d’en faire une énergie parfaitement propre est discrètement enfouie au cimetière des grands projets. Et ce, alors que le débat public sur le Plan national des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) bat son plein.
Cet abandon est la démonstration que la raison et la science ont quitté le rang des éléments constitutifs d’une décision publique. Seuls comptent l’opinion publique et les sentiments. Cela apparait d’autant plus paradoxal lorsque le principal phénomène politique du moment en matière environnementale, Greta Thunberg, ne porte qu’un seul message : « Ecoutez ce que disent les scientifiques ».
Ce message devrait nous conduire à accélérer les investissements dans le programme ASTRID plutôt qu’à les stopper. Mais l’opinion publique semble davantage prête à écouter les seuls scientifiques qui évoquent les causes et les conséquences plutôt que ceux qui travaillent aux solutions.
Cette décision marque la fin du progressisme. Car si ce terme est aujourd’hui largement employé pour défendre une vision de la société, des mœurs et des relations interpersonnelles, il est complètement abandonné en ce qui concerne la science, l’agriculture, l’industrie et l’énergie.
Et pourtant, jamais l’ambition du grand programme électronucléaire français n’a été autant à la pointe des enjeux du moment. Pour cela, il nous faut reconnaître que la haute qualité environnementale du nucléaire civil français, liée à l’absence d’émission de gaz à effet de serre pour la production de quantités colossales d’énergies, n’est en réalité qu’un effet collatéral d’un choix qui est avant tout celui de l’indépendance énergétique. Mais cet effet collatéral est aujourd’hui central.
Dès l’origine, la question des déchets nucléaires est un enjeu essentiel pour la soutenabilité de la filière. Si l’enfouissement ultime des déchets nucléaires n’est acceptable qu’à la seule raison des effets positifs, notamment sur le climat, du nucléaire, il nous faut tout mettre en œuvre pour les réduire à leur minimum voire même pour les stopper.
Et dans la poursuite de cet objectif, il y a deux clans. Celui des pessimistes, ces vendeurs de peurs qui ont fait de la fin du monde leur fonds de commerce électoral, et celui des pragmatiques et des progressistes. Ceux qui croient en l’Humanité et en sa capacité à trouver, grâce à ses connaissances et à son travail, de nouvelles solutions qui nous permettront de régler demain les problèmes hérités d’hier. Ceux qui simplement croient que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.
Le plus grave, c’est que cela se passe dans l’indifférence la plus totale. C’est que le débat politique est étouffé sur le sujet, c’est que cela se fait en catimini.
La volonté de faire de la Programmation pluriannuelle de l’énergie un document technique, sans débat politique avait été un premier acte. Voici le second. Que le politique s’occupe de recevoir des lycéens qui leur répètent qu’il faut écouter les scientifiques, mais surtout, qu’il ne prenne pas le temps de débattre avec ceux qui, au-delà du constat, sont à même de proposer des solutions opérationnelles à moyen ou long terme.
L’abandon du programme de recherche ASTRID est une vraie catastrophe pour la stratégie énergétique française. Il constitue surtout un tournant radical pris sans aucun débat, sans qu’aucun choix alternatif ne soit fait. Ce choix est tout simplement incompréhensible et emportera des conséquences très lourdes en matière d’augmentation de notre production de gaz à effet de serre et de déchets radioactifs ultimes.
Tout autant que lorsqu’il s’agit de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de la planète, nous devons à présent nous mobiliser pour renouer avec la confiance dans le génie humain. Une exigence d’action, appuyée sur la connaissance scientifique, s’impose. Les réponses aux défis environnementaux sont devant nous. Abandonner la recherche ne sera jamais un témoignage de confiance en l’avenir.
Les avis d’expert sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs et n’engagent en rien la rédaction de L’EnerGeek.
Ainsi après avoir investi près de 738 millions d’euros dans ce programme de recherche, voilà que l’idée de transformer nos actuels déchets nucléaires en source d’énergie est abandonnée. L’ambition de boucler complètement le cycle nucléaire, de supprimer les déchets nucléaires et ainsi d’en faire une énergie parfaitement propre est discrètement enfouie au cimetière des grands projets. Et ce, alors que le débat public sur le Plan national des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) bat son plein.
Cet abandon est la démonstration que la raison et la science ont quitté le rang des éléments constitutifs d’une décision publique. Seuls comptent l’opinion publique et les sentiments. Cela apparait d’autant plus paradoxal lorsque le principal phénomène politique du moment en matière environnementale, Greta Thunberg, ne porte qu’un seul message : « Ecoutez ce que disent les scientifiques ».
Ce message devrait nous conduire à accélérer les investissements dans le programme ASTRID plutôt qu’à les stopper. Mais l’opinion publique semble davantage prête à écouter les seuls scientifiques qui évoquent les causes et les conséquences plutôt que ceux qui travaillent aux solutions.
Cette décision marque la fin du progressisme. Car si ce terme est aujourd’hui largement employé pour défendre une vision de la société, des mœurs et des relations interpersonnelles, il est complètement abandonné en ce qui concerne la science, l’agriculture, l’industrie et l’énergie.
Et pourtant, jamais l’ambition du grand programme électronucléaire français n’a été autant à la pointe des enjeux du moment. Pour cela, il nous faut reconnaître que la haute qualité environnementale du nucléaire civil français, liée à l’absence d’émission de gaz à effet de serre pour la production de quantités colossales d’énergies, n’est en réalité qu’un effet collatéral d’un choix qui est avant tout celui de l’indépendance énergétique. Mais cet effet collatéral est aujourd’hui central.
Dès l’origine, la question des déchets nucléaires est un enjeu essentiel pour la soutenabilité de la filière. Si l’enfouissement ultime des déchets nucléaires n’est acceptable qu’à la seule raison des effets positifs, notamment sur le climat, du nucléaire, il nous faut tout mettre en œuvre pour les réduire à leur minimum voire même pour les stopper.
Et dans la poursuite de cet objectif, il y a deux clans. Celui des pessimistes, ces vendeurs de peurs qui ont fait de la fin du monde leur fonds de commerce électoral, et celui des pragmatiques et des progressistes. Ceux qui croient en l’Humanité et en sa capacité à trouver, grâce à ses connaissances et à son travail, de nouvelles solutions qui nous permettront de régler demain les problèmes hérités d’hier. Ceux qui simplement croient que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.
L’abandon du programme ASTRID, c’est la victoire des vendeurs de peur sur les progressistes
C’est le résultat d’une société qui n’écoute que les constats, mais qui est devenue sourde à l’écoute des propositions de solution. C’est le syndrome d’une société qui n’a plus foi en l’avenir. C’est le syndrome d’une société qui est en train de perdre toute capacité à se projeter dans le futur.Le plus grave, c’est que cela se passe dans l’indifférence la plus totale. C’est que le débat politique est étouffé sur le sujet, c’est que cela se fait en catimini.
La volonté de faire de la Programmation pluriannuelle de l’énergie un document technique, sans débat politique avait été un premier acte. Voici le second. Que le politique s’occupe de recevoir des lycéens qui leur répètent qu’il faut écouter les scientifiques, mais surtout, qu’il ne prenne pas le temps de débattre avec ceux qui, au-delà du constat, sont à même de proposer des solutions opérationnelles à moyen ou long terme.
L’abandon du programme de recherche ASTRID est une vraie catastrophe pour la stratégie énergétique française. Il constitue surtout un tournant radical pris sans aucun débat, sans qu’aucun choix alternatif ne soit fait. Ce choix est tout simplement incompréhensible et emportera des conséquences très lourdes en matière d’augmentation de notre production de gaz à effet de serre et de déchets radioactifs ultimes.
Tout autant que lorsqu’il s’agit de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de la planète, nous devons à présent nous mobiliser pour renouer avec la confiance dans le génie humain. Une exigence d’action, appuyée sur la connaissance scientifique, s’impose. Les réponses aux défis environnementaux sont devant nous. Abandonner la recherche ne sera jamais un témoignage de confiance en l’avenir.
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