En remplissant le questionnaire de recensement cette semaine, je me suis retrouvé face à un constat déprimant : ma vie, qui vue de l’intérieur m’avait toujours paru fascinante, originale et palpitante, se résumait en une série de données barbantes. Je doute que le directeur de l’Office national des statistiques, le professeur Ian Diamond, éprouve ne serait-ce qu’un début d’intérêt ou de curiosité en voyant atterrir sur son bureau un énième homme de 28 ans, blanc, hétérosexuel, titulaire d’un diplôme universitaire, ayant un emploi rémunéré et nommé James. “Encore un ? l’imaginé-je soufflant d’un air blasé à sa secrétaire. Mais combien de James y a-t-il ? Mettez-le dans la déchiqueteuse.”
Trente ans après la disparition de l’Union soviétique, sommes-nous entrés dans l’ère d’une nouvelle guerre froide, qui opposerait cette fois-ci des États-Unis surpuissants mais déclinants à une Chine ambitieuse et totalitaire ? Donald Trump s’est effacé mais son successeur, Joe Biden, a repris, quasiment mot pour mot mais l’agressivité en moins, le discours de son prédécesseur sur la nécessité de contenir la superpuissance asiatique.