“Pendant des décennies, l’action de la France durant le génocide a fait l’objet d’un débat intense en Afrique et en Europe, les critiques accusant la France de ne pas avoir suffisamment agi pour empêcher les massacres, et d’avoir activement soutenu le gouvernement Hutu responsable du génocide”, observe le New York Times.
Une plaie ouverte qui a “longtemps empoisonné les relations entre la France et le gouvernement de Paul Kagame, le leader Tutsi qui contrôle le Rwanda depuis près d’un quart de siècle”, poursuit le quotidien.
Soucieux d’apaiser les relations avec Kagame, Emmanuel Macron avait mis en place en 2019 une commission de 15 historiens, présidée par Vincent Duclert, “en leur donnant accès aux archives de la présidence, du corps diplomatique, de l’armée et des services de renseignement”, explique la BBC.
La Commission a rendu son rapport de plus de 1 000 pages vendredi 26 mars et conclut, “sans appel”, que “la France n’a rien fait pour empêcher le génocide des Tutsi”, écrit Le Soir.
“Au centre de la machine infernale”, poursuit le quotidien belge, “le rôle joué par François Mitterrand, accusé, avec son cercle proche, d’avoir soutenu ‘aveuglément’ un régime raciste, corrompu et violent, en dépit de toutes les alertes lancées depuis Kigali, Kampala, Bruxelles et Paris”.
Les “liens étroits” entre l’ancien président français et son homologue rwandais, Juvénal Habyarimana, sont l’un des éléments expliquant “l’aveuglement” de la France et son analyse “manichéenne” des forces en présence, selon le rapport : d’un côté l’ami Hutu, personnifié par le président Habyarimana, de l’autre les ennemis du Front patriotique rwandais (FPR), qualifié d’“Ougando-Tutsi”.
Selon le New York Times, il faut également y ajouter “la peur, pour la France, de perdre son influence en Afrique, et une vision coloniale des peuples du continent”.
Catharsis
Pour The Guardian, il ne fait aucun doute que “la crise rwandaise s’est soldée par un désastre pour le Rwanda et une défaite pour la France”. Mais à la question de savoir si la France fut complice du génocide, qui a fait 800 000 morts, majoritairement Tutsi, entre avril et juillet 1994, la Commission répond par la négative : “Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer”.
Elle n’en souligne pas moins que “pendant longtemps, la France a été proche d’un régime qui encourageait les massacres racistes” et est restée “aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime”.
Kigali a considéré vendredi que le rapport Duclert constituait “un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi”, rapporte le quotidien rwandais The New Times. Le gouvernement a par ailleurs précisé que son propre rapport, commandé en 2017, serait publié “dans les prochaines semaines” et que ses conclusions “viendraient enrichir celle de la Commission Duclert”.
De son côté, Emmanuel Macron “espère que le rapport servira de catharsis et permettra à la France de mettre fin aux accusations” dont elle fait l’objet depuis un quart de siècle, observe l’agence AP.
Le président français a estimé que la publication du rapport Duclert marquait “une avancée considérable dans la compréhension et la qualification de l’engagement” de la France au Rwanda. L’Élysée a en outre assuré que la France poursuivrait “ses efforts en matière de lutte contre l’impunité des personnes responsables de crimes de génocide”, alors que de nombreux responsables des massacres de 1994 sont suspectés d’avoir trouvé refuge dans l’Hexagone.
Source Courrier International
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