La grogne ne cesse de monter en Europe contre les restrictions anti-Covid. Alors que la France entamait samedi son premier jour de reconfinement, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans plusieurs pays du continent pour exprimer leur lassitude et leur défiance vis-à-vis des mesures anti-coronavirus mises en place par les gouvernements.

Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Bulgarie, Suisse, Serbie, Pologne, France et Grande-Bretagne ont tous connu samedi des manifestations d’ampleur diverse contre la “dictature” des restrictions, dont certaines ont dégénéré en heurts avec les forces de l’ordre. À Londres, au moins 36 personnes ont été arrêtées et plusieurs policiers ont été blessés par des bouteilles et d’autres objets jetés par des protestataires, rapporte The Independent.

Ces rassemblements étaient “à hauts risques puisque les contestataires s’opposent au port du masque, à la distanciation physique et à tout geste barrière pourtant prônés par les autorités sanitaires à travers le monde”, note aussi Euronews.

Craintes d’une troisième vague

Selon la chaîne européenne, “c’est à Cassel en Allemagne qu’ils étaient les plus nombreux. Et les plus virulents aussi”. Entre 15 000 et 20 000 personnes ont participé à la manifestation dans cette ville du centre du pays, l’un des plus grands rassemblements de ce type en Allemagne depuis le début de l’année. Selon la Süddeutsche Zeitung, les forces de l’ordre ont fait usage de “gaz au poivre et de matraques” pour repousser certains manifestants qui tentaient de franchir des barrières ou jetaient des bouteilles.

Ce rassemblement intervient alors que la chancelière Angela Merkel envisage de mettre en place de nouvelles mesures restrictives après avoir procédé début mars à quelques assouplissements. L’Allemagne a enregistré samedi 16 000 nouveaux cas de contamination et 207 morts de plus, d’après l’Institut Robert Koch pour les maladies infectieuses. “Les craintes d’une troisième vague de coronavirus se multiplient”, en Europe, note Sky News. On redoute le fait que les faibles taux de vaccination à travers le bloc ne conduisent à de nouvelles variantes capables de résister aux vaccins qui, autrement, protégeraient la plupart des personnes vulnérables.”

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, vingt pays de l’UE ont signalé une augmentation du taux de tests positifs et 15 ont déclaré que les admissions à l’hôpital ou aux soins intensifs avaient augmenté. Cette tendance a contraint cette semaine de nombreux pays à serrer la vis ou à reconsidérer l’assouplissement des restrictions ce qui a provoqué la colère de nombreux Européens.

Le gouvernement français raillé pour “son approche bureaucratique”

C’est notamment le cas en Suisse. Le gouvernement avait initialement laissé entendre qu’une deuxième étape de déconfinement pourrait permettre aux branches de la gastronomie et de la culture de reprendre une partie leurs activités le 22 mars. Mais il a dû rétropédaler vendredi face à une situation qui s’est dégradée. “Les espoirs de milliers de Suisses” ont été “douchés”, note Le Temps dans un éditorial. “Un vrai coup de massue” pour la population qui pensait pouvoir profiter des terrasses ou aller au théâtre.

En France, après avoir soumis un tiers des Français à un nouveau confinement, le gouvernement a tenté de lâcher un peu de lest en simplifiant le dispositif d’attestations, raillé pour sa complexité dès son entrée en vigueur. “Beaucoup de gens en France sont énervés par l’approche bureaucratique du gouvernement”, remarque le correspondant de la BBC à Paris, Hugh Schofield.

L’attestation initiale recensait 15 motifs de sortie, valables dans un rayon de dix kilomètres autour du domicile pour certains (dont les promenades) et 30 km pour d’autres (dont les achats). Selon les nouvelles règles adoptées samedi, le document peut désormais être remplacé en cas de contrôle par un simple justificatif de domicile, y compris une pièce d’identité. Il ne sera plus non plus nécessaire de justifier du motif de ces déplacements jusqu’à 10 km.