Pardonnez-moi, mais je n'ai rien compris. Certes, j'ai bien saisi que, cette fois, seuls les Hauts-de-France,
l'Île-de-France et les départements limitrophes seront touchés. Que les
autres, les veinards, à l'ouest de l'Hexagone, célébreront
tranquillement les fêtes de Pâques. Mais je me demande ce qu'est, dans
la zone maudite, un confinement où l'on peut se balader des heures dans
les parcs et les lieux publics, à condition de ne pas y faire
pique-niques ou barbecues, où une attestation vous permet d'aller
travailler, de promener votre chien, de sortir quand vous voulez.
Certes, de ne pas vous éloigner de chez vous de plus de 10 kilomètres –
mais, franchement, qui fait ça tous les jours, à l'exception de
travailleurs interrégionaux qui auront évidemment l'autorisation de le
faire ?
Qu'est-ce qu'un confinement qui n'en est pas un ? Les trois seules informations dont j'ai pris note, c'est que seuls les commerces de première nécessité, épiceries et librairies cette fois seront ouverts. Donc fermés tous les autres commerces, qu'avec prudence le Premier ministre ne qualifie pas, cette fois, de « non nécessaires ». La deuxième est que, le printemps arrivant, le couvre-feu ne sera pas programmé à 18 heures, mais à 19 heures, ce qui apparaît comme un élargissement des contraintes plus que comme un alourdissement. La troisième est que les écoles maternelles et élémentaires resteront ouvertes, contrairement aux lycées et aux collèges, plus réglementés.
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On se demande quand ce cauchemar finira
Conclusion : j'attends, comme tous les salariés, les explications qui ne manqueront pas d'être données dans les heures qui viennent pour savoir si je dois obligatoirement me remettre au télétravail ou si je peux aller au bureau, si je peux encore inviter une personne chez moi à déjeuner ou si je dois partager avec elle un sandwich dans des jardins publics, si la personne qui garde les enfants est autorisée ou non à les garder, etc. Bref, je n'ai rien compris.
Ce que j'ai compris en revanche, c'est que ces mesures, envisagées, distillées, annoncées du bout des lèvres depuis des semaines, révèlent l'embarras extrême de l'exécutif. Jusqu'au bout, Emmanuel Macron a résisté au confinement. On peut certes le comprendre : les jeunes se révoltent à cette idée et annoncent déjà qu'ils ne le respecteront pas. Les maires des communes de la banlieue parisienne hésitent, quand ils ne sont pas hostiles, à cette perspective. Les vieux dépérissent, les cadres ont la déprime, chacun, petit ou grand, se demande quand ce cauchemar finira…
Il y a de quoi, en effet, si on est chef de l'État, repousser par tous les pores de sa peau l'idée d'une troisième mise sous chape. Oui, c'est vrai, le gouvernement n'a pas inventé cette pandémie uniquement pour ennuyer le monde, oui, le virus est le maître des horloges. Mais les courbes, les fichues courbes, étaient là, et aussi les prévisions de la montée en force du variant anglais : pouvait-on éviter de les prendre en considération pour des raisons d'« acceptabilité » ? Emmanuel Macron a pensé que les vaccins étaient là, qu'il aurait le temps de gagner la course de vitesse entre le Pfizer, le Moderna et l'AstraZeneca et l'inexorable ascension d'un virus diabolique. Dans cette course, aujourd'hui, il a perdu.
Alors, une demi-mesure, ce confinement qui n'en est pas un ? Sans doute. Espérons que ça suffira.
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