Seuls les 1 % des salaires les plus hauts ont significativement augmenté par rapport au reste des salariés, d’après la Neue Zürchner Zeitung. Fait rare pour une économie développée, la part des salaires dans le PIB (par rapport à celle du capital) a même augmenté depuis 1995 (passant de 57 à 59 %) ! Une croissance des salaires qui profite d’abord aux non diplômés (0,9 % par an entre 2002 et 2016), devant les diplômés universitaires (0,5 %) et ceux de Fachhochschule, équivalent de l’IUT (0,4 %).

Des emplois de plus en plus qualifiés

Pour Monika Bütler, professeure d’économie à l’université de Saint-Gall, cette situation favorable s’explique notamment par un “excellent système éducatif” qui garantit un emploi aux jeunes, “une vaste offre de formations continues” et “des partenaires sociaux puissants”, protégeant les revenus les plus faibles. La bonne distribution des salaires s’expliquerait aussi par la structure économique du pays, où environ deux tiers des actifs travaillent dans des PME. “Ici, il n’y a pas de salaires de millionnaires, même pas pour les dirigeants !” affirme Josef Maushart, directeur général de la PME Fraisa Group.
Ces dernières années, cependant, un sentiment d’injustice sociale est ressenti dans la société suisse, à en croire la Neue Zürchner Zeitung. Malgré tous les bons signaux économiques, les chances pour un ouvrier non qualifié d’obtenir un emploi s’amenuisent d’année en année à cause de la révolution de l’automatisation dans l’industrie. Cela concernerait environ 10 % des actifs. La montée en gamme des emplois suisses pourrait à terme menacer les personnes “moyennement qualifiées”, estime Nicole Rütti, auteure de l’article.