Emmanuel Macron n’est pas populaire. Par rapport à ces deux derniers prédécesseurs, il a même une cote de popularité plus basse. Mais malgré ce désamour, rien ni personne ne semble incarner l’opposition au président et à son gouvernement.
Étrange ambiance dans les travées du pouvoir. Six mois après l’élection d’Emmanuel Macron, la vie politique française est partagée en deux.
D’un côté, la majorité En Marche qui, après un départ délicat, a su mettre de l’huile dans les rouages et fonctionne aujourd’hui comme n’importe quelle majorité de la Ve République.
De l’autre, l’opposition est dans un paradoxe inédit. Elle ne semble pas capable de remplir son rôle, alors même que le président est impopulaire (Graph) Comparé à Sarkozy en 2007 ou Hollande en 2012, Macron a même connu un véritable effondrement de sa popularité qui aurait dû profiter à l’opposition.
Je dis l’opposition, mais je devrais d’ailleurs dire LES oppositions. Et c’est peut-être ça qui fait une différence majeure. Avant mai 2017 le paysage politique et social était simple : la droite - la gauche - l’alternance… Depuis 6 mois, tous sont dans l’opposition, mais jusqu’ici, que ce se soit à gauche, comme à droite, personne n’a réussi à incarner le premier opposant. A se faire entendre de la population.
Avec 135 députés élus, le parti Les Républicains (et l’UDI) était celui qui devait reprendre le rôle de premier opposant. Mais l’affaire Fillon, le départ de cadres comme Sarkozy ou Juppé et surtout la fracture entre opposants et partisans d’une collaboration avec En Marche, ont rendu la droite inaudible. Avec la création d’un nouveau parti par les 30 députés LR proche de la majorité (les constructifs), la droite est désormais menacée de décomposition.
Avec 31 députés contre 314 avant le scrutin le PS n’est plus que l’ombre de lui même.
Le rôle de premier opposant ne pouvait alors être repris que par l’un des deux nouveaux partis entrant à l’Assemblée : Le Front National ou la France Insoumise
Mais le front est en pleine recomposition après l’échec de Marine Le Pen au second tour. Le départ de son bras droit, Florian Philippot illustre une situation où, comme pour Les Républicains, la priorité est la reconstruction en interne.
Reste la France Insoumise. Le mouvement, incarné par Jean-Luc Mélenchon, est dès le début de la présidence Macron celui qui se fait le plus entendre. Des députés de droite reconnaîtront même à Mélenchon le statut de premier opposant au président.
Mais le mouvement, avec 17 députés, devait pouvoir s’appuyer sur la mobilisation populaire, notamment contre les ordonnances et la réforme du code du travail mises en place en septembre.
Probème : la mobilisation n’a pas été suffisante pour faire plier le gouvernement.
Malgré une cote de popularité en berne, le président peut donc gouverner et mettre en place ses réformes, car en face les forces d’oppositions sont largement divisées et désorganisées.
Le président n’aura donc pas pu compter sur un état de grâce, mais aura pu s’appuyer sur une opposition en disgrâce.
Plus :
- Assemblée Nationale, 2017 577 Député; qui est le votre?
- Le Temps, En France, l’opposition dans la nasse de l’exécutif, 4 juillet 2017
- La Croix, La France insoumise en première ligne dans l’opposition, 9 juillet 2017
- BFM, Sondage Elabe : pour 28% des Français, la France insoumise est le parti de l’opposition
Selon un nouveau sondage Elabe pour BFMTV, diffusé ce mercredi 5/7/2017, pour 54% des Français, l’Exécutif est au centre et pour 32% des personnes interrogées, il est à droite. Enfin, 12% des Français le placent à gauche. Selon l’institut de sondage, 63% des Français ont globalement approuvé les orientations présentées dans les domaines de l’école et de l’éducation. Pour 28% des sondés la France insoumise est le parti qui incarne le mieux l’opposition, devant le Front national à 14%. - RTL, Mélenchon, Le Pen, Les Républicains… Qui incarne l’opposition ? 3 juillet 2017
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