source: liberation.fr | Charlotte Belaich
«Je sais que le canon à merde va encore tonner, contre moi cette fois-ci.» Cette phrase, nous la devons au député Jean-Luc Mélenchon. Dans un article publié sur son blog, le chef de file des insoumis prend les devants en annonçant que «d’ici quelques jours, Capital et l’Express veulent tirer leurs salves de commande». Rien pour l’instant, n’a donc été publié. Seulement apprend-on par Jean-Luc Mélenchon qu’il
«s’agit de revenir sur [ses] années en Essonne et surtout sur [son]
patrimoine il y a… 19 ans !» «Je fais une mise en demeure et je
poursuivrai le moment venu en diffamation», indique-t-il également.
Méthode de défense des plus classiques, le député explique être victime de «Mélenchon bashing».
«Après
sept mois de bashing ininterrompu, dont le blogueur Antoine Léaument a
fait le recensement, il y a encore des rédacteurs en chef pour passer
des commandes de bashing», écrit-il. Tout juste oublie-t-il de préciser que le blogueur en question reconnaissait en février dernier être chargé de sa communication numérique. Il prend ensuite soin d’écorcher les journalistes à l’origine des révélations à venir.
«Ces gens vont donc insinuer, et accrocher midi à minuit, sans oublier
le venin des habituels "témoignages anonymes" dont ils sont coutumiers.» Jusqu’ici, rien d’inhabituel. Plus surprenant en revanche, Jean-Luc Mélenchon explique qu’«heureusement,
dans les deux rédactions, il existe des insoumis, à tous les niveaux.
Cela [lui] perme[t] de savoir assez exactement les intentions et
l’ambiance de haine qui [l’]entoure de la part de ces gens».
Mais là où l’insoumis innove, c’est surtout en devançant les publications de la presse. «J’ai
donc décidé de publier les réponses que j’ai faites à ces deux journaux
[…] Mon but est de rien laisser sans réponse sans pour autant donner
une place centrale aux flots de l’égout médiatique», explique-t-il. Pour ce faire, une nouvelle rubrique a été créée sur son blog, intitulée «Malveillance», avec d’un côté les «Questions malveillantes», de l’autre les «Fake news». C’est dans la première sous rubrique qu’on retrouve les deux articles à propos de l’Express et de Capital. Un pour chacun, pas de jaloux.
On y apprend, concernant Capital,
que le mensuel a interrogé le député sur l’achat de sa permanence à
Massy en 1997. Alors sénateur, il aurait utilisé son indemnité
représentative de frais de mandat pour acheter le local. Si la pratique a
régulièrement été critiquée, rien ne l’interdisait, rappelle Jean-Luc
Mélenchon. Surtout, il dément l’information, ajoutant que ce «n’est vraiment pas un sujet neuf».
En effet, en 2012, pendant sa première campagne présidentielle
Marie-Pierre Oprandi, sa mandataire financière, avait expliqué que
Jean-Luc Mélenchon, avait «apporté 150 000 euros de fonds propres». «Il a reçu un petit héritage de son père et il avait une permanence parlementaire à Massy, qu’il a vendue»,
avait-elle détaillé. Jean-Luc Mélenchon, qui se défend donc longuement
et point par point va jusqu’à joindre à l’article une capture d’écran du
mail du rédacteur en chef adjoint de Capital, lui posant des questions.
Même opération pour l’Express.
Le député s’est contenté de copier-coller les 19 questions/réponses
qu’il a envoyées au(x) journaliste(s). Elles portent également sur son
passé dans l’Essonne, où il a commencé sa carrière en tant que
conseiller général en 1985, puis sénateur. «Soyez assuré de mon mépris le plus complet», écrit-il à la fin, en guise d’au revoir.
«Fake news»
Dans la sous rubrique «Fake news» en revanche, pas de tirade de Jean-Luc Mélenchon. Est simplement copié collé un article de France info expliquant que «non, Jean-Luc Mélenchon n’arbore pas une Rolex à 18 000 euros».
Jean-Luc
Mélenchon n’est pas le premier politique à se lancer dans la
désintoxification d’information. Pendant la campagne, on a ainsi pu voir
fleurir un «Stop intox» filloniste, ou encore un «Vision Macron». L’ex
gouvernement, un peu plus tôt avait aussi créé un site «Vrai/faux».
Précurseure dans le domaine, Marine Le Pen, en 2014, avait choisi pour
nom le «Décodeur bleu marine». «Désintox», «décodeur»… souvent, les
politiques ne se contentent pas d’emprunter les codes du journalisme
mais reprennent les noms des rubriques existantes dans certaines
rédactions (Désintox pour Libé, Les décodeurs pour le Monde).
Les insoumis ont en revanche décidé d’aller un cran plus loin. Après un site intitulé Mélenchon oui mais proposant de revenir sur les «idées reçues sur le programme» et «sur le candidat», pendant la campagne ou encore un Observatoire qui donnait de la matière aux sympathisants, le mouvement a lancé sa propre télé sur internet.
Une façon de contourner des médias qui, selon lui, le traitent de
manière malveillante, qu’il vient donc de pousser un peu plus loin.
Charlotte Belaich
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