02/09/2020

Du télétravail au téléchômage et à la désagrégation sociale


Transcription:

Le marché biopharmaceutique mondial va-t-il dévier de sa belle trajectoire à la suite de la crise de 2020 ? Certes, les fondamentaux semblent solides. Alors que les biomédicaments représentaient 22% des programmes de R&D en 2000, ils constituent aujourd’hui près de 4 médicaments sur 10 en développement, laissant augurer de nombreuses mises sur le marché d’ici 2025. À cela s’ajoutent les extensions d’indications des médicaments innovants qui en moyenne sont plus onéreux que les préparations chimiques. L’émergence d’un agent pathogène comme le Covid-19 constitue aussi une nouvelle opportunité de développement pour les biotechs et, plus globalement, pour l’industrie pharmaceutique. En France, 45 essais cliniques étaient en cours mi- mai 2020 avec pour objet le Covid-19 et 1 476 à l’échelle mondiale.

Oui mais voilà, plusieurs risques se précisent :


- D’abord, les pressions tarifaires vont se renforcer entre les plans de maîtrise des dépenses de santé imposés par les pouvoirs publics et la pénétration croissante des biosimilaires sur les marchés américains et européens.


- Ensuite, les investisseurs et autres partenaires industriels pourraient se montrer plus frileux pour financer les biotech et surtout faire preuve d’une plus grande sélectivité à la suite de la crise de 2020. À court terme, l’organisation des essais cliniques ou à venir pourrait s’en trouver perturber et faire peur aux investisseurs qui attendent des résultats cliniques probants pour soutenir ces entreprises. À plus long terme, ce sont les sources de financements mêmes qui pourraient se tarir alors que la R&D de ces entreprises est très gourmande en capitaux et qu’elles n'ont pas en général de revenus commerciaux pour s’autofinancer.


Sur le front de la concurrence, les big pharma, aux prises avec les biotech, petites ou grandes, ont réorienté depuis 2010 leurs stratégies suivant plusieurs axes :


- Il s’agit d’abord pour les grands laboratoires de renforcer leur R&D autour des biotechnologies pour développer des médicaments innovants, futurs blockbusters, dans un contexte où de nombreux brevets expirent à l’instar d’Humira du groupe Abbvie.


- Ce virage s’est accompagné d’une rationalisation des portefeuilles de médicaments. Cette rationalisation mêle recentrage vers la médecine de spécialités, cessions d’activités jugées moins stratégiques comme les médicaments sans ordonnance ou la santé animale, et fusacqs en particulier dans le domaine des biotechnologies. À ce titre, les biotechs avec des pipelines ayant atteint des stades avancés et visant la médecine de spécialités constituent des cibles privilégiées. Depuis 2016, si le nombre d’opérations recule, la valorisation moyenne de chacune d’entre elles progresse, illustrant une sélectivité croissante des cibles et une concurrence accrue sur chacun des dossiers.


Les lignes de force de la stratégie des big pharma ne seraient pas complètes sans évoquer les ripostes à la concurrence des génériques et des biosimilaires, le renforcement dans les pays émergents ou encore la digitalisation des sites de production ou des essais cliniques. Mais, la rationalisation des portefeuilles de médicaments demeure la priorité numéro une… Une rationalisation au sein de laquelle les biotechnologies occupent une place centrale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ce blog est ouvert à la contradiction par la voie de commentaires. Je tiens ce blog depuis fin 2005; je n'ai aucune ambition ni politique ni de notoriété. C'est mon travail de retraité pour la collectivité. Tout lecteur peut commenter sous email google valide. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie.
- Je modère tous les commentaires pour éviter le spam et d'autres entrées malheureuses possibles.
- Cela peut prendre un certain temps avant que votre commentaire n'apparaisse, surtout si je suis en déplacement.
- Je n'autorise pas les attaques personnelles. Je considère cependant que ces attaques sont différentes des attaques contre des idées soutenues par des personnes. Si vous souhaitez attaquer des idées, c'est bien, mais vous devez alors fournir des arguments et vous engager dans la discussion.
- Je n'autorise pas les commentaires susceptibles d'être diffamatoires (au mieux que je puisse juger car je ne suis pas juriste) ou qui utilisent un langage excessif qui n'est pas nécessaire pour l'argumentation présentée.
- Veuillez ne pas publier de liens vers des publicités - le commentaire sera simplement supprimé.
- Je suis pour la liberté d'expression, mais il faut être pertinent. La pertinence est mesurée par la façon dont le commentaire s'apparente au sujet du billet auquel le commentaire s'adresse. Si vous voulez juste parler de quelque chose, créez votre propre blog. Mais puisqu'il s'agit de mon blog, je vous invite à partager mon point de vue ou à rebondir sur les points de vue enregistrés par d'autres commentaires. Pour ou contre c'est bien.
- Je considère aussi que la liberté d'expression porte la responsabilité d'être le propriétaire de cette parole.

J'ai noté que ceux qui tombent dans les attaques personnelles (que je supprime) le font de manière anonyme... Ensuite, ils ont l'audace de suggérer que j'exerce la censure.