14/09/2020

Christine Kelly, l'animatrice qui dérange les bien-pensants... avec Zemmour star de CNews

PORTRAIT - Depuis plusieurs mois, la journaliste de CNews est victime de pressions et de menaces. Son émission, à laquelle participe Éric Zemmour, réalise pourtant de très bonnes audiences. Mais certains lui reprochent d'avoir trop d'empathie envers son chroniqueur.


En 2014, une partie de la presse et de l'opinion publique s'interrogeait: «Faut-il brûler Frédéric Taddeï?» Il était alors reproché à l'animateur de «Ce soir (ou jamais!)» d'inviter sur son plateau certaines personnes jugées indésirables, et aussi radicalement opposées qu'Alain Finkielkraut et Marc-Édouard Nabe. Six ans plus tard, et alors que gronde dans l'actualité la colère d'un mouvement souhaitant déboulonner des statues, déprogrammer ou décontextualiser des films et brûler des livres jugés impurs pour notre époque, une autre animatrice de télévision fait l'objet peu ou prou du même procès: Christine Kelly.

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Cette ancienne membre du CSA, entre 2009 et 2015, est en charge d'animer l'émission «Face à l'info», sur CNews. Depuis le lancement du programme en octobre dernier, la journaliste de 50 ans, qui a débuté sur les ondes d'une télévision guadeloupéenne avant de passer par France 3, Canal+ et LCI, reçoit régulièrement des insultes, des pressions et des menaces de mort - par messages publics sur les réseaux sociaux et par messages privés. Son tort? Avoir comme invité principal sur son plateau l'essayiste Éric Zemmour, chroniqueur dans les colonnes de ce magazine ainsi que sur plusieurs émissions télés et radios.
Cible sur les réseaux sociaux

Le 10 juin dernier, la journaliste s'est dite «épuisée psychologiquement» sur son compte Twitter. Les raisons de ce message? Quelques jours plus tôt, le 4 juin, des propos d'Éric Zemmour sur les manifestations Black Lives Matter aux États-Unis pendant un numéro de «Face à l'info» défrayaient la chronique: «Vous avez vu où on en est? À des Blancs qui s'agenouillent devant les Noirs. On en est là aux États-Unis.»

Encapsulées sur les réseaux sociaux, ces phrases (prononcées dans un contexte de débat sur la situation politique complexe de Barack Obama face aux différents mouvements racialistes aux États-Unis) provoquent l'ire des internautes. Contre Éric Zemmour et par ruissellement, contre Christine Kelly.

Pour beaucoup, elle serait coupable du même crime dont était accusé Frédéric Taddeï à l'époque de «Ce soir (ou jamais!)»; penser par procuration. Selon cette jurisprudence, un animateur serait de facto souscripteur des idées et des opinions développées par son invité ou par son chroniqueur. Or, si Frédéric Taddeï, s'est toujours bien gardé de partager ses allégeances idéologiques, Christine Kelly, elle, a plusieurs fois rappelé avec insistance qu'elle ne partageait pas les idées d'Éric Zemmour - et ne se prive jamais de le contredire pendant l'émission. Mais qu'importe. Sur Twitter, les insultes et les messages d'intimidation fusent. Les messages de soutiens, aussi.
400.000 téléspectateurs en moyenne

Côté audience, «Face à l'info» continue de se maintenir à un niveau satisfaisant pour une chaîne d'info en continu sur la case très convoitée de l'access prime time (19/20 heures), un créneau sur lequel s'affrontent les mastodontes de l'info-divertissement comme Yann Barthès, Cyril Hanouna ou Nagui. En réunissant plus de 400.000 téléspectateurs en moyenne (pour 2,4% de part d'audience), CNews parvient même à dépasser BFMTV sur cette tranche horaire. Et cette dernière de réfléchir à y remplacer Ruth Elkrief pour la rentrée prochaine…

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On ne peut décidément pas plaire à tout le monde, donc, mais la recette fait succès. Même après plusieurs changements de format (passage en différé, suppression du débat quotidien en face à face, faute d'invités volontaires pour affronter Éric Zemmour), «Face à l'info» maintient son rythme de croisière. L'émission reviendra à la rentrée pour une saison 2.

Source Figaro Vox Par Vincent Jolly Mis à jour le 3 juillet 2020 à 21:48

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