L'actu de « Chaleur humaine »
Ancien épisode. Puisque la période est assez sombre, je vous propose d'écouter cet épisode enregistré en 2024 : la transition peut-elle être heureuse ? avec l'économiste Eloi Laurent. Il y explique comment les transformations nécessaires peuvent aussi améliorer nos vies. C'est à écouter par ici.
Nouvelle chronique. Faut-il encore emmener les enfants au ski ? Ma collègue Cécile Cazenave prolonge la réflexion du dernier épisode de « Chaleur humaine » sur le ski et réfléchit au rapport à la montagne et au ski de nos enfants – et de leurs futurs enfants ! Une chronique à lire ici.
Anciennes questions. Si vous cherchez une question déjà posée (et la réponse qui va avec), vous pouvez les retrouver sur cette page sur le site du Monde : Climat : vos questions. Et si quelqu'un vous a fait suivre cette infolettre, voici le lien pour s'inscrire gratuitement : c'est par là.
La question de la semaine
« Je comprends en écoutant vos épisodes que la voiture électrique va se développer dans les prochaines années, mais est-ce qu'on a assez d'électricité pour les faire fonctionner ? Est-ce que c'est vrai qu'il faut de nombreux réacteurs nucléaires pour les recharger ? » Question posée par Martin à l'adresse chaleurhumaine@lemonde.fr.
Ma réponse : Oui, pour l'heure, la France dispose largement de quoi alimenter les voitures électriques sur le marché. Mais, à l'avenir, il faudra certainement produire plus d'électricité et faire en sorte que la recharge ne pèse pas sur le réseau électrique.
1/ La France produit-elle assez d'électricité pour les voitures électriques ?
Oui. Aujourd'hui, le nombre de voitures électriques en circulation est relativement faible : environ 2 % des 39 millions de voitures en France sont électriques – donc la demande en électricité est relativement faible pour l'heure. Pour donner un ordre de grandeur : la France produit environ 500 térawattheure (TWh) d'électricité chaque année, et les besoins pour recharger les voitures électriques sont environ de 2 TWh, soit 0,4 % de la consommation électrique totale, rappelle le chercheur Aurélien Bigo dans son livre Voitures (Tana Editions).
Les ventes de véhicules électriques progressent en France – même si on assiste à un petit ralentissement récemment – mais pour l'heure il n'y a pas vraiment d'inquiétude de court terme sur la capacité à recharger les véhicules.
2/ Est-ce que ce sera toujours le cas demain ?
Tout dépend de deux choses : combien de voitures électriques seront en circulation, et comment aura évolué la production et la consommation d'électricité. Tous les scénarios de transition s'accordent sur le fait que la voiture électrique va se développer massivement dans les prochaines années. Mais, dans le même temps, d'autres usages vont basculer vers l'électricité – plus de chauffage par pompe à chaleur, plus d'électricité dans l'industrie, par exemple. Résultat : on risque d'avoir besoin de plus d'électricité en général (et donc de plus de moyens de production, qu'on parle des énergies renouvelables ou du nucléaire). Mais dans le même temps, on va devoir faire preuve de plus de sobriété, faire plus attention aux usages pour réduire la consommation partout où c'est possible de le faire.
(A ce propos je vous recommande la lecture de cet article de ma collègue Perrine Mouterde qui explique que ce processus d'électrification n'avance pas exactement comme attendu. C'est à lire ici.)
Tout ça pour dire que les choses ne sont pas écrites à l'avance ! Dans les scénarios de transition, selon le nombre de voitures électriques en circulation, les politiques de sobriété, le type de véhicule, etc., on trouve des estimations allant de 40 TWh àt 110 TWh – dans ce dernier cas, c'est vraiment beaucoup, l'équivalent de 20 % de notre production actuelle. J'en profite pour vous dire que vous pouvez comparer les différents scénarios de transition sur ce site très bien fait : Comprendre 2050, qui consacre justement une page à l'électrification du transport. Cela veut dire qu'une partie importante de notre électricité sera consacrée aux voitures électriques. Mais aussi qu'on sera libéré d'une grande partie du pétrole importé pour faire tourner nos moteurs aujourd'hui.
3/ Mais est-ce seulement une question de quantité ?
Pour être complet, il faut aussi prendre en compte autre chose : nous sommes au début de cette histoire et de nombreuses évolutions peuvent encore avoir lieu. Par exemple, de nombreux pays et constructeurs travaillent à la possibilité d'utiliser les batteries des voitures pour alimenter le réseau électrique quand elles sont branchées et à l'arrêt. (Plus d'informations dans cet article) Autre point important : tout le monde ne va pas forcément se brancher en même temps sur le réseau, ce qui ne provoque pas forcément des besoins de production supplémentaires. Par exemple : si une grande partie des voitures se rechargent la nuit, cela ne pèse pas sur le réseau électrique de la même manière que si tout le monde le fait à 18 heures en hiver, quand les radiateurs s'allument et les usines tournent encore.
L'un des enjeux est également de mettre sur le marché des voitures électriques plus économes en énergie et en matériaux, et moins lourdes ! Ce qui permettrait de limiter la hausse de la consommation d'énergie (et la hausse des factures pour les particuliers, accessoirement !).
Un peu de « Chaleur humaine » en plus
Sur mon écran. Cet article (en anglais) de Yale Climate Connections, qui explique pourquoi et comment le changement climatique va aggraver le diabète, en particulier en Inde, et rendre la vie des diabétiques plus difficiles. C'est à lire ici.
Dans mes oreilles. Le Chant de l'extinction, une formidable série de trois épisodes de podcasts d'Arte Radio sur les sons de la biodiversité qui s'éteint, du chant des oiseaux à celui des animaux marins. C'est fascinant et mélancolique à la fois, et c'est à écouter ici.
Dans mes oreilles (2). Cette série de l'émission « Cultures monde » sur France Culture, sur les villes face aux risques climatiques, avec une plongée dans Los Angeles en feu et dans Valence sous la boue. A écouter par là.
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