La France va dégager 100 milliards d'euros, mais les voisins aussi. Total, plus de 1000 milliards d'euros seront engagés pour éviter un écroulement général des économies européennes auxquels s'ajoute 1000 milliards de rachat de dettes par la BCE.Total, 2000 milliards d'euros. C'est le montant faramineux que les Européens vont engager pour sortir les pays membres de l'Union du piège tendu par l'épidémie. 1000 milliards de liquidités avancées par la Banque centrale, 500 milliards d'aides de Bruxelles et 500 milliards promis par les Etats des pays membres.
« Sans l'Europe qu'on a beaucoup décriée, c'était foutu ! » disait un proche de Michel Barnier. Même les plus anti-européens le reconnaissent, sans l'Union européenne, la grande majorité des États de l'Union européenne ne pouvaient pas survivre à la crise du Coronavirus et aux effets du confinement général des économies.
Selon les dernières estimations, les pays de l'Union européenne vont perdre entre 5 et 10 % de points de PIB. C'est gigantesque. Le FMI nous annonce une baisse de 8% pour l'ensemble de l'Union européenne. Au dessous de cette moyenne, les pays du nord sont à moins de 5%. Au dessus de cette moyenne, on retrouve les pays du sud qui vont perdre près de 10 %, la France table sur un effondrement de 8 %... C'est évidemment plus grave que ce qui s'était passé après la crise de 1929 (en moyenne baisse mondiale de 5 %), beaucoup plus grave qu'après le 11 septembre ou la crise de subprimes de 2008.
Tous les secteurs se retrouvent sinistrés, à commencer par tout ce qui touche au transport, à l'hôtellerie-restauration d'où la désolation des pays du Sud ; l'Italie, l'Espagne, le Portugal, et même la France où le tourisme représente plus du tiers des richesses crées sur les territoires.
Mais les autres secteurs d'activité industrielle ou de services sont aussi touchés.
(L'automobile et le bâtiment-construction n'ont strictement rien produit depuis début mars). En revanche l'agro-alimentaire, le digital, les industries et les laboratoires de santé, la communication s'en sortent plutôt bien.
Alors quand on regarde sans a priori politique, sans esprit de polémique, les réponses apportées par les différents gouvernements européens, on constate qu'il y a des différences qui relèvent de leur culture, leur démographie et leurs équipements de systèmes de santé, mais au delà on constate trois choses.
La première est que tous les pays européens ont été surpris par la pandémie. Personne n'avait prévu une telle gravité et une telle rapidité.
La deuxième caractéristique est que tous les gouvernements ont choisi la même stratégie de confinement des populations comme la plupart des pays du monde. C'est la plus vieille méthode utilisée depuis le Moyen-Age et la peste noire. Mais ils n'en avaient pas d'autre.
Cela dit, le choix du confinement pour préserver les vies humaines les plus fragiles -qu'on n'aurait pas pu accueillir à l'hôpital faute de place- ce choix là entraînait un risque d'étouffement des activités économiques. Mais tous les gouvernements qu'ils soient autoritaires ou démocratiques ont opté pour cette stratégie, y compris ceux qui au départ était très réticents (comme la Grande Bretagne ou même Singapour...).
Au 21ème siècle, avec la puissance des réseaux sociaux, aucun gouvernement ne prendra la responsabilité d'assumer des morts par centaines de milliers, prix à payer pour protéger les intérêts économiques et c'est plutôt une forme de progrès. Maintenant, une fois qu'on a fait ce choix stratégique au niveau sanitaire, il faut aussi tout faire pour amortir le choc économique.
La troisième caractéristique de la situation est que les gouvernements vont engager des sommes colossales pour amortir la crise économique et sociale. Des sommes qui rappellent les montants alloués dans le cadre du plan Marshall après la deuxième guerre mondiale pour faire redémarrer l'Europe.
Aujourd'hui, pour compenser l'effondrement, les pays de l'Union européenne (hors Grande Bretagne puisque la GB ne fait plus partie de l'UE) vont mettre 1000 milliard d'euros sous formes d'aides à la production pour les entreprises et de soutien à la consommation pour les particuliers et notamment les salariés.
Alors trois questions intéressantes :
D'abord, pourquoi en arrive-t-on à 2000 milliards d'euros? Personne n'a donné d'explication. Mais 2000 milliards, c'est en gros le total des aides exceptionnelles décidées par les différents gouvernements et institutions ajouté à la politique monétaire de la BCE. En fait, ça correspond au montant de la destruction de valeur. La crise va provoquer sur l'année une baisse de 8 % du PIB européen. La somme des économies des –désormais- 26 États membres de l'UE a un PIB de 14 000 milliards d'euros. En comparaison, le PIB mondial était estimé à 78 500 milliards d'euros par le Fonds monétaire international. Donc ces 500 milliards représentent ce que Berlin, Paris, Rome, Madrid, Anvers, etc vont, sur leur propre budget, consacrer au soutien de leur propre système. La France pour sa part engage 110 milliards. Normalement, les pertes seront ainsi compensées. Et si on y ajoute le manque à gagner, il faut sans doute 2000 milliards d'euros.
Le plan Marshall avait été calculé de la même manière mais comme il s'agissait de compenser une perte d'actifs détruits, on avait garanti la valeur de remplacement.
Ensuite, d'où vont venir ces 2000 milliards d'euros? De quelles poches vont il sortir? Ils vont venir de trois poches. A priori, les Etats membres ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Les Etats membres sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l'Union européenne.
La deuxième poche sera celle de l'Union européenne. Via trois canaux, la Banque européenne d'investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards.
Mais le gros de l'effort viendra de la BCE, la Banque centrale européenne s'est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques.
Enfin, qui va payer ? Tout cet argent va être emprunter. D'où la crainte de tous les contribuables qui est de voir les impôts exploser quand il s'agira de rembourser. L'imagination est débordante. Ça va du rétablissement de l'ISF à la création d'un impôt spécial corona.
La réalité sera beaucoup plus simple. Certains pays, dont la France ou l'Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins. Par ailleurs l'Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales. Le fait nouveau est que la solidarité va jouer. Le fait nouveau est que l'Allemagne est d'accord.
La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu'elles puissent accorder de nouveaux prêts, va donc être un instrument clef d'une mutualisation très forte. La BEI et le MES également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.
Mais la réalité probable est encore plus simple et cash. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l'Union Européenne ni à la BCE ... ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d'emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu'au jour où on annulera la dette ou alors on l'aura titrisée.
Ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si le système perdure et continue de créer de la richesse. Ça ne gênera personne si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d'écarter les risques.
« A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, disait Keynes le champion de la recette, c'est qu'à très long terme, ils sont morts ».
Selon les dernières estimations, les pays de l'Union européenne vont perdre entre 5 et 10 % de points de PIB. C'est gigantesque. Le FMI nous annonce une baisse de 8% pour l'ensemble de l'Union européenne. Au dessous de cette moyenne, les pays du nord sont à moins de 5%. Au dessus de cette moyenne, on retrouve les pays du sud qui vont perdre près de 10 %, la France table sur un effondrement de 8 %... C'est évidemment plus grave que ce qui s'était passé après la crise de 1929 (en moyenne baisse mondiale de 5 %), beaucoup plus grave qu'après le 11 septembre ou la crise de subprimes de 2008.
Tous les secteurs se retrouvent sinistrés, à commencer par tout ce qui touche au transport, à l'hôtellerie-restauration d'où la désolation des pays du Sud ; l'Italie, l'Espagne, le Portugal, et même la France où le tourisme représente plus du tiers des richesses crées sur les territoires.
Mais les autres secteurs d'activité industrielle ou de services sont aussi touchés.
(L'automobile et le bâtiment-construction n'ont strictement rien produit depuis début mars). En revanche l'agro-alimentaire, le digital, les industries et les laboratoires de santé, la communication s'en sortent plutôt bien.
Alors quand on regarde sans a priori politique, sans esprit de polémique, les réponses apportées par les différents gouvernements européens, on constate qu'il y a des différences qui relèvent de leur culture, leur démographie et leurs équipements de systèmes de santé, mais au delà on constate trois choses.
La première est que tous les pays européens ont été surpris par la pandémie. Personne n'avait prévu une telle gravité et une telle rapidité.
La deuxième caractéristique est que tous les gouvernements ont choisi la même stratégie de confinement des populations comme la plupart des pays du monde. C'est la plus vieille méthode utilisée depuis le Moyen-Age et la peste noire. Mais ils n'en avaient pas d'autre.
Cela dit, le choix du confinement pour préserver les vies humaines les plus fragiles -qu'on n'aurait pas pu accueillir à l'hôpital faute de place- ce choix là entraînait un risque d'étouffement des activités économiques. Mais tous les gouvernements qu'ils soient autoritaires ou démocratiques ont opté pour cette stratégie, y compris ceux qui au départ était très réticents (comme la Grande Bretagne ou même Singapour...).
Au 21ème siècle, avec la puissance des réseaux sociaux, aucun gouvernement ne prendra la responsabilité d'assumer des morts par centaines de milliers, prix à payer pour protéger les intérêts économiques et c'est plutôt une forme de progrès. Maintenant, une fois qu'on a fait ce choix stratégique au niveau sanitaire, il faut aussi tout faire pour amortir le choc économique.
La troisième caractéristique de la situation est que les gouvernements vont engager des sommes colossales pour amortir la crise économique et sociale. Des sommes qui rappellent les montants alloués dans le cadre du plan Marshall après la deuxième guerre mondiale pour faire redémarrer l'Europe.
Aujourd'hui, pour compenser l'effondrement, les pays de l'Union européenne (hors Grande Bretagne puisque la GB ne fait plus partie de l'UE) vont mettre 1000 milliard d'euros sous formes d'aides à la production pour les entreprises et de soutien à la consommation pour les particuliers et notamment les salariés.
Alors trois questions intéressantes :
D'abord, pourquoi en arrive-t-on à 2000 milliards d'euros? Personne n'a donné d'explication. Mais 2000 milliards, c'est en gros le total des aides exceptionnelles décidées par les différents gouvernements et institutions ajouté à la politique monétaire de la BCE. En fait, ça correspond au montant de la destruction de valeur. La crise va provoquer sur l'année une baisse de 8 % du PIB européen. La somme des économies des –désormais- 26 États membres de l'UE a un PIB de 14 000 milliards d'euros. En comparaison, le PIB mondial était estimé à 78 500 milliards d'euros par le Fonds monétaire international. Donc ces 500 milliards représentent ce que Berlin, Paris, Rome, Madrid, Anvers, etc vont, sur leur propre budget, consacrer au soutien de leur propre système. La France pour sa part engage 110 milliards. Normalement, les pertes seront ainsi compensées. Et si on y ajoute le manque à gagner, il faut sans doute 2000 milliards d'euros.
Le plan Marshall avait été calculé de la même manière mais comme il s'agissait de compenser une perte d'actifs détruits, on avait garanti la valeur de remplacement.
Ensuite, d'où vont venir ces 2000 milliards d'euros? De quelles poches vont il sortir? Ils vont venir de trois poches. A priori, les Etats membres ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Les Etats membres sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l'Union européenne.
La deuxième poche sera celle de l'Union européenne. Via trois canaux, la Banque européenne d'investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards.
Mais le gros de l'effort viendra de la BCE, la Banque centrale européenne s'est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques.
Enfin, qui va payer ? Tout cet argent va être emprunter. D'où la crainte de tous les contribuables qui est de voir les impôts exploser quand il s'agira de rembourser. L'imagination est débordante. Ça va du rétablissement de l'ISF à la création d'un impôt spécial corona.
La réalité sera beaucoup plus simple. Certains pays, dont la France ou l'Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins. Par ailleurs l'Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales. Le fait nouveau est que la solidarité va jouer. Le fait nouveau est que l'Allemagne est d'accord.
La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu'elles puissent accorder de nouveaux prêts, va donc être un instrument clef d'une mutualisation très forte. La BEI et le MES également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.
Mais la réalité probable est encore plus simple et cash. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l'Union Européenne ni à la BCE ... ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d'emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu'au jour où on annulera la dette ou alors on l'aura titrisée.
Ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si le système perdure et continue de créer de la richesse. Ça ne gênera personne si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d'écarter les risques.
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