A-t-il
tendance à dramatiser ? Depuis le début de la crise du coronavirus,
Bruno Le Maire a adopté un ton martial. Malgré la réaction économique
forte des institutions européennes, avec, notamment une exemption
générale des règles budgétaires européennes ou les 750 milliards mis sur la table par la Banque centrale européenne (BCE), le ministre de l'Économie et des Finances reste alarmiste. « Ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la zone euro et donc l'avenir de la construction européenne.
Soit nous sommes capables de faire face et la zone euro résistera à cette crise, soit il y a un défaut de solidarité, le chacun pour soi l'emporte, et non seulement la zone euro disparaîtra mais c'est le projet politique européen qui disparaîtra également », prévient-il.
Soit nous sommes capables de faire face et la zone euro résistera à cette crise, soit il y a un défaut de solidarité, le chacun pour soi l'emporte, et non seulement la zone euro disparaîtra mais c'est le projet politique européen qui disparaîtra également », prévient-il.
Les
premiers chiffres qui lui remontent sur l'activité économique, en
France et en Europe, sont catastrophiques. Dans l'Hexagone, les
entreprises de taille intermédiaire auraient perdu 70 % de leur chiffre
d'affaires en moyenne. En Italie, où les autorités ont pris de nouvelles
mesures de durcissement du confinement pendant le week-end, la chute
est encore plus « vertigineuse », s'inquiète Bruno Le Maire, qui
n'hésite pas à comparer les conséquences économiques du virus avec celles d'une guerre.
C'est dans cet état d'esprit qu'il abordera la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) programmée mardi 24 mars. La discussion entre les grands argentiers, d'apparence technique, sera cruciale. Ils doivent notamment décider s'ils autorisent le fonds de secours européen créé pour faire face à la crise de la dette du début des années 2010, le Mécanisme européen de stabilité (MES), à intervenir pour soutenir financièrement les pays qui en auraient besoin pour lutter contre le virus. « L'Eurogroupe doit être capable de mettre quelques dizaines de milliards d'euros sur la table », exhorte-t-il.
Le locataire du 6e étage de Bercy veut convaincre les pays du nord de l'Europe de laisser intervenir le MES, doté d'une capacité de prêts de 410 milliards d'euros, sans imposer de conditions trop strictes aux pays qui auraient besoin d'aide en termes de compétitivité ou de bonne tenue de leurs comptes publics. « Nous sommes totalement opposés à cette ligne-là. Quand on compte ses morts, on ne compte pas ses milliards », assume-t-il.
L'Eurogroupe doit aussi décider si les mannes du fonds européen de solidarité seront ouvertes à tous les États membres ou seulement aux pays qui en auraient le plus besoin, comme l'Italie, voire l'Espagne. Les Allemands ne sont pas très chauds pour un accès généralisé au fonds du MES alors qu'il est financé par chacun des États membres de la zone euro. Paris craint de son côté qu'en réservant les prêts du MES à certains pays cela n'envoie un signal négatif aux marchés sur leur capacité à rembourser leur dette, ce qui aggraverait la situation au lieu de l'améliorer, mais se montre prêt à accepter cette solution si les États concernés au premier chef sont d'accord.
C'est dans cet état d'esprit qu'il abordera la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) programmée mardi 24 mars. La discussion entre les grands argentiers, d'apparence technique, sera cruciale. Ils doivent notamment décider s'ils autorisent le fonds de secours européen créé pour faire face à la crise de la dette du début des années 2010, le Mécanisme européen de stabilité (MES), à intervenir pour soutenir financièrement les pays qui en auraient besoin pour lutter contre le virus. « L'Eurogroupe doit être capable de mettre quelques dizaines de milliards d'euros sur la table », exhorte-t-il.
« Quand on compte ses morts, on ne compte pas ses milliards »
C'est loin d'être gagné. « Les tensions sont réelles, je ne vais pas vous le cacher », reconnaît celui qui se bat depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron pour obtenir plus de solidarité financière entre les pays qui ont la même monnaie, l'euro. Jour après jour, ce littéraire de formation, qui trouvait encore le temps d'écrire à ses heures perdues jusqu'à il y a peu, alterne les coups de fil avec ses homologues européens pour tenter de bâtir une réponse européenne à la crise et les concertations avec les représentants des différents secteurs de l'économie française afin d'éviter un blocage complet de l'activité économique du pays et bâtir un plan de soutien à la hauteur du choc.Le locataire du 6e étage de Bercy veut convaincre les pays du nord de l'Europe de laisser intervenir le MES, doté d'une capacité de prêts de 410 milliards d'euros, sans imposer de conditions trop strictes aux pays qui auraient besoin d'aide en termes de compétitivité ou de bonne tenue de leurs comptes publics. « Nous sommes totalement opposés à cette ligne-là. Quand on compte ses morts, on ne compte pas ses milliards », assume-t-il.
L'Eurogroupe doit aussi décider si les mannes du fonds européen de solidarité seront ouvertes à tous les États membres ou seulement aux pays qui en auraient le plus besoin, comme l'Italie, voire l'Espagne. Les Allemands ne sont pas très chauds pour un accès généralisé au fonds du MES alors qu'il est financé par chacun des États membres de la zone euro. Paris craint de son côté qu'en réservant les prêts du MES à certains pays cela n'envoie un signal négatif aux marchés sur leur capacité à rembourser leur dette, ce qui aggraverait la situation au lieu de l'améliorer, mais se montre prêt à accepter cette solution si les États concernés au premier chef sont d'accord.
Je ne peux pas garantir que la zone euro sortira renforcée.Pour l'heure, la situation semble se calmer sur les marchés des dettes publiques européennes grâce à l'intervention surprise de la BCE, qui a injecté 750 milliards d'euros supplémentaires d'ici à la fin de l'année pour acheter des dettes publiques et privées et a évité l'augmentation des taux d'intérêt réclamés aux États et aux entreprises pour les financer. Il n'est pas dit que cela suffise à rassurer définitivement les investisseurs sur la solidité de la zone euro en période de turbulence, notamment si la récession annoncée se révélait plus forte que prévu. De plus en plus d'économistes prédisent désormais une contraction de l'activité de 5 à 10 % en 2020 au fur et à mesure que les États vont plus loin dans les mesures de confinement de la population pour ralentir la propagation du virus. Une éventualité que Bruno Le Maire envisage désormais ouvertement.
Le
ministre apparaît notamment soucieux de la situation du système
bancaire de certains États, tout en refusant de citer lesquels. Mais
tous les yeux se tournent immédiatement vers les banques italiennes, qui
ont déjà du mal à éponger leurs créances douteuses, qui risquaient de
ne pas être remboursées avant la crise. « À l'heure où je vous parle, je ne peux pas garantir que la zone euro sortira renforcée », dramatise le ministre français.
Des « coronabonds » ?
Une
intervention du MES pour aider un État, sous la forme d'une ligne de
précaution destinée à soutenir ses émissions de dette publique,
permettrait à la Banque centrale européenne (BCE) de dégainer son arme
atomique créée en 2012 par Mario Draghi, mais jamais utilisée depuis,
l'OMT (Outright Monetary Transactions).
Une telle arme donne la capacité à la BCE de racheter sans limites la
dette d'un État touché par la défiance des marchés, ce qui dissuaderait
immédiatement toute attaque spéculative contre le pays concerné.
À plus long terme, la France se montre favorable à l'émission d'une dette européenne commune, un instrument qui manque encore à la zone euro par rapport aux États d'une fédération qui partagent une monnaie commune comme les États-Unis. Ces « coronabonds », ou « covidbonds », seraient destinés à financer la lutte contre le Covid-19. L'occasion de franchir un nouveau pas dans l'intégration financière de la zone euro, qui ne l'a jamais été pendant la précédente crise.
Sur ce sujet, notamment, Bruno Le Maire ne fait pas mystère « de tensions très vives » avec l'Allemagne, malgré une très « bonne coopération franco-allemande ». Pour la première fois, la chancelière Angela Merkel a accepté de renoncer à la règle du zéro déficit dans son pays et du frein à la dette. Les tabous de la précédente crise pourraient donc tomber. En la matière, nécessité fait souvent loi.
À plus long terme, la France se montre favorable à l'émission d'une dette européenne commune, un instrument qui manque encore à la zone euro par rapport aux États d'une fédération qui partagent une monnaie commune comme les États-Unis. Ces « coronabonds », ou « covidbonds », seraient destinés à financer la lutte contre le Covid-19. L'occasion de franchir un nouveau pas dans l'intégration financière de la zone euro, qui ne l'a jamais été pendant la précédente crise.
Sur ce sujet, notamment, Bruno Le Maire ne fait pas mystère « de tensions très vives » avec l'Allemagne, malgré une très « bonne coopération franco-allemande ». Pour la première fois, la chancelière Angela Merkel a accepté de renoncer à la règle du zéro déficit dans son pays et du frein à la dette. Les tabous de la précédente crise pourraient donc tomber. En la matière, nécessité fait souvent loi.
Source: lepoint.fr | Marc Vignaud
Pon commentaire: L'euro fut une erreur dès le départ. On peut supprimer l'euro, revenir aux monnaies souveraines, sans mettre en cause le projet européen. Voir Eurozone Dystopia
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