Tristan Kamin : ElectricityMap indique en quasi-temps réel les émissions de gaz à effet de serre issues de la production et des échanges d'électricité, et uniquement d'électricité, dans la plupart des pays d'Europe et quelques autres à travers le monde.
À chaque moyen de production (charbon, gaz, nucléaire...) sont associés des facteurs d'émissions, c'est à dire un nombre de grammes d'équivalent CO2 pour chaque kilowattheure produit.
Ces facteurs sont issus de la littérature scientifique, et notamment des rapports du GIEC, et prennent en compte tout le cycle de vie du moyen de production (construction, exploitation, déconstruction).
Ils sont très faibles pour l'hydraulique, l'éolien, le photovoltaïque, et le nucléaire. Plus élevés pour les bioénergies (bois, biogaz, biocarburants), encore plus pour le gaz naturel, et beaucoup plus pour le charbon et le fioul.
Or, à tout moment, en raison de notre parc hydraulique, notre parc nucléaire, et dans une moindre mesure de notre parc éolien, l'électricité française est très largement décarbonée. Les énergies fossiles n'atteignent que rarement 20% du mix électrique, et en moyenne annuelle, elles représentent moins de 10% de notre production électrique.
De plus, ElectricityMap prend en compte l'intensité carbone de l'électricité importée ; or, la France est un gros exportateur, donc notre bilan carbone est peu affecté par les rares moments où nous sommes importateurs nets d'électricité depuis nos voisins.
D'autres pays (Danemark, Allemagne, Espagne), souvent montrés en modèle de transition énergétique font, sur cette carte, de temps en temps des incursions, plus ou moins fréquentes selon les pays, vert cette couleur verte sur la carte. Ceux-ci ont déployé un conséquent parc d'énergies renouvelables intermittentes, notamment éolien. Ainsi, lorsque les conditions météorologiques sont favorables, l'éolien (et/ou le solaire), peu intenses en carbone, atteignent une part importante du mix électrique, améliorant temporairement les émissions de CO2 du pays. Mais lorsque le vent est insuffisant, voire tombe complètement, ce sont les centrales à charbon et à gaz, gardées en réserve, qui montent en puissance pour compenser - et les émissions de gaz à effet de serre par kilowattheure s'envolent évidemment.
Et ce que l'on constate sur ElectricityMap, c'est que ce sont les pays qui misent sur le tout hydraulique (pour les quelques uns dont la géographie le permet) ou l'hydraulique et le nucléaire qui arrivent non seulement à afficher des émissions de CO2 par kilowattheure très basse, mais en plus de manière durable, continue.
ElectricityMap est un vrai problème pour ce mode de pensée, et les données qui y sont rendues accessibles sont en général cachées sous le tapis (je doute de voir un jour des élus écologistes mettre en avant ce site... ou simplement y être confrontés publiquement par un interlocuteur quelconque) ou éludées par des promesses de solutions techniques salvatrices comme le stockage de l'électricité, ou encore la promesse qu'il suffirait de moins consommer pour pouvoir se passer de nucléaire comme d'énergies fossiles.
En limitant la diffusion de la connaissance, et en balayant avec dédain les difficultés qu'il pose, alors on arrive au discours actuel : au nom de l'écologie, il faut lutter contre le nucléaire. Un raccourci, pire encore et hélas très répandu, c'est qu'au nom du climat, il faut lutter contre le nucléaire.
Et l'on se retrouve à avoir la quasi-totalité des mouvements écologistes - et donc des débats - qui regardent la paille du nucléaire ou de l'électricité française, en oubliant la poutre de carbone que sont les autres secteurs que l'électricité (transport, chauffage domestique...) ou l'électricité des autres pays d'Europe, y compris ceux que l'on vend comme vertueux.
À chaque moyen de production (charbon, gaz, nucléaire...) sont associés des facteurs d'émissions, c'est à dire un nombre de grammes d'équivalent CO2 pour chaque kilowattheure produit.
Ces facteurs sont issus de la littérature scientifique, et notamment des rapports du GIEC, et prennent en compte tout le cycle de vie du moyen de production (construction, exploitation, déconstruction).
Ils sont très faibles pour l'hydraulique, l'éolien, le photovoltaïque, et le nucléaire. Plus élevés pour les bioénergies (bois, biogaz, biocarburants), encore plus pour le gaz naturel, et beaucoup plus pour le charbon et le fioul.
Or, à tout moment, en raison de notre parc hydraulique, notre parc nucléaire, et dans une moindre mesure de notre parc éolien, l'électricité française est très largement décarbonée. Les énergies fossiles n'atteignent que rarement 20% du mix électrique, et en moyenne annuelle, elles représentent moins de 10% de notre production électrique.
De plus, ElectricityMap prend en compte l'intensité carbone de l'électricité importée ; or, la France est un gros exportateur, donc notre bilan carbone est peu affecté par les rares moments où nous sommes importateurs nets d'électricité depuis nos voisins.
Quelles leçons environnementales pouvons-nous en tirer ? Que révèle la production d'électricité en France ?
C'est grâce à l'hydraulique (en Norvège, en Suisse, en Suède, en France) et au nucléaire (en Suède, en Suisse, en France) que certains pays sont constamment affichés en vert sur ElectricityMap.D'autres pays (Danemark, Allemagne, Espagne), souvent montrés en modèle de transition énergétique font, sur cette carte, de temps en temps des incursions, plus ou moins fréquentes selon les pays, vert cette couleur verte sur la carte. Ceux-ci ont déployé un conséquent parc d'énergies renouvelables intermittentes, notamment éolien. Ainsi, lorsque les conditions météorologiques sont favorables, l'éolien (et/ou le solaire), peu intenses en carbone, atteignent une part importante du mix électrique, améliorant temporairement les émissions de CO2 du pays. Mais lorsque le vent est insuffisant, voire tombe complètement, ce sont les centrales à charbon et à gaz, gardées en réserve, qui montent en puissance pour compenser - et les émissions de gaz à effet de serre par kilowattheure s'envolent évidemment.
Et ce que l'on constate sur ElectricityMap, c'est que ce sont les pays qui misent sur le tout hydraulique (pour les quelques uns dont la géographie le permet) ou l'hydraulique et le nucléaire qui arrivent non seulement à afficher des émissions de CO2 par kilowattheure très basse, mais en plus de manière durable, continue.
Comment se fait-il que le discours ambiant ne colle pas avec ce qui est montré et expliqué sur cette carte ? La société est-elle trop pessimiste quant aux questions de production d’électricité (entre autres)?
Le discours ambiant a acté que pour être écologiste, il fallait donc être antinucléaire, et promouvoir le tout renouvelable. C'est aberrant à une époque où la première bataille de l'écologie est (ou devrait être ?) le climat, mais il en est ainsi : toutes les grandes associations environnementales, les partis politiques qui se revendiquent écologistes, tous revendiquent également la lutte antinucléaire. Et refusent généralement de se prononcer sur la hiérarchisation entre ces deux objectifs (sortir du nucléaire et sauver le climat) pourtant en partie contradictoire.ElectricityMap est un vrai problème pour ce mode de pensée, et les données qui y sont rendues accessibles sont en général cachées sous le tapis (je doute de voir un jour des élus écologistes mettre en avant ce site... ou simplement y être confrontés publiquement par un interlocuteur quelconque) ou éludées par des promesses de solutions techniques salvatrices comme le stockage de l'électricité, ou encore la promesse qu'il suffirait de moins consommer pour pouvoir se passer de nucléaire comme d'énergies fossiles.
En limitant la diffusion de la connaissance, et en balayant avec dédain les difficultés qu'il pose, alors on arrive au discours actuel : au nom de l'écologie, il faut lutter contre le nucléaire. Un raccourci, pire encore et hélas très répandu, c'est qu'au nom du climat, il faut lutter contre le nucléaire.
Et l'on se retrouve à avoir la quasi-totalité des mouvements écologistes - et donc des débats - qui regardent la paille du nucléaire ou de l'électricité française, en oubliant la poutre de carbone que sont les autres secteurs que l'électricité (transport, chauffage domestique...) ou l'électricité des autres pays d'Europe, y compris ceux que l'on vend comme vertueux.
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