Conçu dans le prolongement des travaux de Thomas Piketty, Walter Scheibel s'en détache fort heureusement pour aboutir à une histoire raisonnée des inégalités, de leur formation et de leur déclin depuis l'âge de pierre. Quand Piketty conçoit la réduction spectaculaire des inégalités entre 1918 et 1970 comme le résultat d'une rupture politique consciente par rapport au passé, Walter Scheibel la perçoit dans le prolongement des cycles d'une histoire plus que millénaire.
Il nous montre en effet que l'histoire des inégalités se caractérise par de longues périodes de croissance des inégalités qui alternent avec des périodes beaucoup plus brèves de réduction brutale de celles-ci. Il met surtout en évidence des régularités structurelles dans ces cycles. Les longues périodes de croissance des inégalités correspondent en fait à des périodes de paix relative, qui autorisent l'accumulation et favorisent une prospérité croissante.
Les brèves périodes de réduction des inégalités correspondent, à l'inverse, à des périodes de grandes ruptures destructrices, imputables aux grandes pandémies (peste noire), aux guerres (invasions mongoles) ou aux révolutions (le xxe siècle).
Ces trois types de calamités sociales engendrent des destructions massives de capital qui ruinent toutes les classes sociales et plus particulièrement les classes sociales détentrices du capital. De ce point de vue, ce sont la guerre de 14-18 et l'onde de choc de la révolution communiste qui expliqueraient la grande réduction des inégalités entre 1918 et 1970, tandis que ce sont l'épuisement de cette onde de choc et la relative paix régnant depuis 1945 qui expliqueraient leur remontée depuis lors dans les économies avancées. Ce faisant, Walter Scheibel ouvre à l'histoire économique des horizons beaucoup plus larges et stimulants que Thomas Piketty.
Parmi les questions que cela soulève
RépondreSupprimer- De trop fortes inégalités sont nuisibles pour les domaines économiques et social. Faut-il déclencher une guerre ou une pandémie mondiale pour réduire les inégalités ? ( cela serait cohérent avec la "sagesse" des nations que la guerre est bonne pour l'économie ! )
Ou est ce la montée des inégalités, et l'agitation sociale et le ralentissement économique résultant et la recherche de "boucs émissaires" qui sont le déclencheur des guerres ?