Sur le front des incendies, le Portugal connaissait samedi un semblant d’accalmie, mais l’Espagne luttait toujours contre des dizaines de brasiers, tout comme la France, qui a déjà vu partir en fumée plus de 10 000 hectares de forêt en Gironde. “Les températures extrêmes et les sécheresses dévastatrices” sont en train de transformer des régions entières, souvent touristiques, en “enfer”, écrit The Daily Beast.
Le Royaume-Uni, peu habitué à la canicule, se prépare lui aussi “à des températures record ce lundi, probablement jusqu’à 40 °C” – un seuil que le pays n’a encore jamais franchi, rapporte The Guardian. Vendredi, les services météorologiques britanniques avaient émis la première “alerte rouge pour chaleur extrême” de leur histoire, mettant en garde contre un risque de “danger mortel”.
Dérèglement global
Les autorités ont décidé de fermer certaines écoles, et les Londoniens ont été invités à n’utiliser les transports en commun, notamment le métro, qu’en cas “d’absolue nécessité”. Les voyages en train à travers le pays ont également été déconseillés.
Helen Stokes-Lampard, une responsable de la santé publique au Royaume-Uni, déclare à Bloomberg que le National Health Service (NHS, service de santé publique) “sait depuis longtemps que le changement climatique augmente gravement les risques pour la santé, mais nous ne pensions pas devoir affronter si tôt ce genre de chaleur extrême”.
“Si nous n’agissons pas de façon urgente, ces épisodes climatiques dangereux se produiront de façon régulière”, dit-elle.
Le New York Times observe pour sa part que “les vagues de chaleur en Europe ont augmenté en fréquence et en intensité sur les quarante dernières années”. Il cite une étude publiée par Nature, révélant que le changement climatique “se produit plus rapidement sur le continent européen que dans d’autres parties du monde, même dans des points chauds comme l’ouest des États-Unis”.
Mais comme le souligne El País, qui publie samedi un grand article sur les catastrophes climatiques des douze derniers mois à travers le monde, le dérèglement est bel et bien global. Et les travaux des scientifiques montrent que “la redoutable vague de chaleur que connaît l’Europe, avec son lot d’incendies et de décès collatéraux, n’est que la cerise sur le gâteau : il suffit de regarder les douze derniers mois pour découvrir un panorama dominé par les extrêmes, sur une planète rendue toujours plus chaude par les énergies fossiles”, écrit le quotidien madrilène.
“Courage politique”
Face aux conséquences dramatiques – et bien connues – du changement climatique, “le monde actuel a besoin de dirigeants audacieux qui pensent différemment, connaissent le coût de l’inaction et choisissent l’action collective”, estime The Scotsman. “Des leaders qui savent que les décisions prises aujourd’hui, notamment sur le climat, influenceront les perspectives de demain”.
Et c’est doute là que le bât blesse, remarque la presse américaine. Pas plus tard que cette semaine, les démocrates ont échoué, après des mois de négociations, à s’entendre sur la loi sur le Climat voulue par le président Joe Biden, reportant aux calendes grecques toute avancée significative en la matière.
CNN remarque que Barack Obama avait lui aussi échoué à faire passer sa loi sur le climat en 2010, et “douze ans plus tard, les démocrates chutent encore sur le climat”, alors même que les scientifiques “deviennent de plus en plus insistants sur la nécessité d’agir de façon urgente”.
“Les huit années les plus chaudes de l’histoire sont toutes postérieures à 2010, et les désastres climatiques ont coûté en moyenne plus de 100 milliards de dollars par an aux États-Unis durant cette période – soit presque le double de la moyenne sur la décennie précédente”, insiste la chaîne.
Dans son éditorial, le Washington Post juge que “réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et opérer la transition vers une économie plus verte, dans les proportions et au rythme nécessaires, requiert de la créativité, de l’innovation et du courage politique”.
“Mais le coût, si nous échouons, sera bien plus effrayant : un avenir dans lequel les catastrophes climatiques, et tous les dégâts et l’instabilité qui les accompagnent, deviendront la nouvelle normalité, partout”, conclut le quotidien.
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