La Première ministre, Élisabeth Borne, l’a reconnu elle-même dimanche soir : les résultats des élections législatives créent une “situation inédite” susceptible de représenter “un risque” pour la France. Selon le décompte du journal Le Monde, le camp présidentiel a obtenu 246 sièges, très loin de la majorité absolue (289), l’alliance de gauche Nupes 142, le Rassemblement national 89 et Les Républicains-UDI 64.
“La politique française a commencé dimanche un voyage vers une destination qu’elle n’a pas connue depuis des décennies”, s’inquiète le correspondant à Paris du quotidien catalan de centre gauche El Periódico. Un avis partagé par son collègue d’El Mundo : “La France s’aventure en terre inconnue et pleine d’incertitudes.”
Deux mois à peine après son élection, Emmanuel Macron était dimanche soir “un président très affaibli, au bord de l’abîme d’une France ingouvernable, avec un Parlement hostile et partagé en trois blocs, dont deux extrêmes”, poursuit le quotidien madrilène de centre droit. C’est donc “un mandat très différent du premier” qui attend le chef de l’État, “car pour faire appliquer son programme, il devra nouer des alliances, négocier, et céder”.
“Le quinquennat qui s’ouvre va être très compliqué”, prévient Gilles Ivaldi, chercheur en sciences politiques, dans les colonnes du Temps. “La polarisation qui sort des urnes forme trois camps qui s’affrontent et que tout oppose. L’Europe, l’économie, l’immigration, la sécurité, ils ne sont d’accord sur rien.”
“Pour un pays qui fait face à plusieurs crises et qui a besoin de consensus, on va avoir une vie politique structurée par trois blocs que rien ne réunit, ce qui laisse augurer des temps assez troubles.”
“La France va être très difficile à gouverner”, renchérit la BBC. La radiotélévision britannique souligne le poids des extrêmes, à gauche comme à droite, qui vont “prendre en tenaille” le gouvernement et “faire tout leur possible pour empêcher le passage de nouvelles réformes, comme celle des retraites”. En outre, “portés par leur nouvelle légitimité, ils n’hésiteront pas à faire appel à la rue quand ils en auront besoin”.
Face à une Nupes et un Rassemblement national remontés à bloc, et avec des Républicains déjà divisés sur la stratégie à adopter vis-à-vis de la majorité présidentielle, Emmanuel Macron ne peut guère espérer d’alliance stable, note l’édition européenne de Politico. “Il s’agira plus probablement de collaborations au coup par coup, synonymes de négociations interminables sur les projets de loi, et d’accord bancals”, prédit le site.
C’est un scénario “totalement inédit pour la tradition politique et institutionnelle du régime présidentiel français, et qui remet tout en jeu : les réformes libérales, mais aussi la position internationale de la France sur l’Europe et sur la guerre en Ukraine”, observe La Stampa. “La position européenne et internationale de la France devient beaucoup plus incertaine.”
Assemblée antieuropéenne
Le Washington Post remarque lui aussi que le “camouflet” subi par Emmanuel Macron va “compliquer” sa présidence “à un moment où l’Europe fait face à des défis fondamentaux, provoqués par la guerre en Ukraine”.
“Inquiétant, le résultat de ces législatives l’est aussi pour l’Europe”, insiste Le Soir. “Avec la France qui se réveille ingouvernable, c’est la seule puissance nucléaire de l’Union qui est affaiblie. Et on se demande évidemment comment va se positionner la France dans les crises majeures actuelles (la guerre en Ukraine, le plan de relance économique, la crise environnementale) avec une Assemblée aussi divisée et qui n’a sans doute jamais été aussi antieuropéenne.”
Au diapason du quotidien bruxellois, La Libre Belgique évoque une “triste soirée pour l’Europe”. “La France de Macron, dans le contexte géostratégique que l’on connaît, aurait dû jouer un rôle moteur avec l’Allemagne pour faire face aux défis gigantesques que l’invasion de l’Ukraine par la Russie pose aux Européens (défense, transition énergétique, etc.). Voilà le président désormais affaibli avant même d’avoir réellement commencé.”
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