Le pire ennemi de Macron a toujours été lui-même. Après cinq ans de règne, il aura contribué, avec ses ruses à deux balles, à la prolifération des extrêmes de droite et de gauche, qui, après sa déroute électorale, vont désormais mener le bal, à commencer par le Rassemblement national, grand gagnant des législatives.
En politique, rien ne vaut le cynisme et le machiavélisme, pourvu qu'ils ne se voient pas trop et soient au service d'une grande idée : de Gaulle l'a prouvé. Mais chez Macron, comme chez Mélenchon au demeurant, ils crèvent les yeux. Les médias l'ayant convaincu que la Nupes était un vrai danger, notre président Gribouille a cru malin de lui donner des gages, avec le succès que l'on sait.
Les deux extrêmes se font la courte échelle, comme l'attestent les reports de voix entre eux au second tour, ce qui n'est pas sans rappeler les complicités entre communistes et nazis sous la république de Weimar avant l'arrivée de Hitler au pouvoir. Comparaison n'est certes pas raison, mais, depuis la tornade du 19 juin, notre Ve République ressemble, comme l'Allemagne décadente d'alors, à un champ de ruines.
Macron l'a bien cherché, et on ne le plaindra pas. Après avoir été élu par effraction en 2017, puis en 2022, il est, cette année, entré dans l'Histoire à plusieurs titres. Premier président de la Ve réélu sans cohabitation, mais aussi sans campagne électorale, il est également le seul à avoir été battu à plate couture aux législatives qui ont suivi, sans même avoir combattu : le chef de l'État avait disparu, à moins que, comme aurait dit de Gaulle, il n'y eût ni chef ni État…
La politique est un métier, et le président devra faire l'effort de l'apprendre s'il ne veut pas être vite balayé par les vents mauvais qui se sont levés : il est condamné à négocier, écouter, parlementer. Avec LR, surtout, qui a mieux résisté que prévu. Tapis mité sur lequel Macron s'essuyait les pieds, le Parlement est appelé à ressusciter, ce qui est une bonne chose pour la démocratie.
S'il veut terminer son mandat, ce qui n'est pas gagné, le président doit mettre fin au désolant « en même temps » qui l'amène à appâter l'électeur, au gré des vents, avec des filets gros comme des câbles. On ne gouverne pas un pays en se faisant d'abord élire à droite tout en agitant la peur de l'extrême droite - c'était la campagne présidentielle -, avant de virer à gauche tout en dénonçant l'extrême gauche - c'était la campagne des législatives. Se sentant méprisés ou manipulés, les Français se sont vengés.
Oyez les pourlèchements de babines : déjà frappé par le syndrome du deuxième mandat, lequel finit mal en général, Macron est contraint de rompre avec cet autre lui-même, ce frivolet invertébré et lunaire dont le bon plaisir mène les pas. Sinon, comment expliquer qu'après avoir promis Matignon à Catherine Vautrin (LR), il se soit rabattu in extremis sur Élisabeth Borne, femme de gauche, triste comme un jour sans pain, avant de remplacer Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, par son contraire idéologique, Pap Ndiaye ? Et la cohérence, saperlotte !
« La terre a des limites, mais la bêtise humaine est infinie », disait Flaubert. Cette dernière nous a encore mis à rude épreuve, ces temps-ci, avec les divagations économiques des mirliflores de la Nupes . Même s'ils n'ont reculé devant rien en matière de démagogie - 250 milliards de dépenses supplémentaires ! -, ils séduisent pourtant des personnes averties ou diplômées, ce qui en dit long sur l'état du pays. Il reste qu'ils n'ont pas « gagné », n'en déplaise à nos chers confrères que leur amour rend aveugles : la « gauche » extrémisée d'aujourd'hui fait beaucoup moins, avec 131 sièges, que la gauche d'avant : 316 en 2012, 227 en 2007 et 162 en 2002 !
La blague « Mélenchon Premier ministre » a fait son temps. Retour vers le réel dans une France qui n'est pas tirée d'affaire pour autant. Les ennuis arrivent même en escadrille, et sur tous les fronts - économique notamment. Les qualités d'acrobate de Macron n'y suffiront pas : enivrée à l'endettement perpétuel et à l'argent magique qui fabrique de l'inflation, notre économie est, à l'heure des comptes, mal en point, à l'image du déficit du commerce extérieur, qui vient d'atteindre le record de 100 milliards en rythme annuel. Certes, on peut encore tabler sur une croissance de 2,7 %, mais elle ne résistera pas longtemps à l'augmentation des taux d'intérêt qui s'imposera tôt ou tard, ne serait-ce que pour juguler la hausse des prix.
C'est un congé sans solde que les Français ont infligé à Macron en lui envoyant cette Assemblée nationale marquée à droite . À lui maintenant de devenir raisonnable, de consentir à présider seulement et de trouver un Premier ministre « fort » qui gouverne à sa place, à la Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, etc. S'il refuse de prendre du champ et de la hauteur, de grands malheurs l'attendent
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