Avant chaque élection les questions de pluralisme, d’indépendance et de diversité de l’information font controverse. Autant de questions qui peuvent être abordées par le prisme de la propriété des médias. Une propriété encadrée en France par un arsenal législatif avec la règle dite des « deux sur trois » qui interdit à un même groupe de posséder à la fois un quotidien, une radio et une télévision de diffusion nationale et ne lui autorise que le contrôle de deux de ces trois supports. À cette disposition générale s’ajoutent des règlements spécifiques par média, comme l’interdiction pour un même groupe de concentrer plus de 30% de la diffusion totale de la presse quotidienne d’information politique et générale ou de posséder des stations radiophoniques dont l’audience cumulée dépasserait 20%. C’est aussi l’impossibilité pour un même actionnaire de contrôler plus de 49% du capital et des droits de vote d’une chaîne de télévision hertzienne nationale.
Télécoms et finance, les « nouveaux » actionnaires de la presse
Ces
garde-fous, aussi restrictifs qu’ils soient, n’ont rien pu faire pour
éviter la concentration des médias au profit d’acteurs issus du même
monde, celui des affaires, avec un glissement des opérateurs historiques
venus de l’industrie vers ceux en provenance des télécoms ou de la
finance.
Ce glissement est manifeste dans la presse. Hors l’Équipe, le Monde est solidement installé en tête de la diffusion payée de la presse quotidienne
nationale et devance le Figaro en 2e position. Un cran en dessous, le
couplage Le Parisien-Aujourd’hui en France devance les Échos, La Croix,
Libération et l’Humanité. Parmi ces titres, le top 4 soit près de 85% de
la diffusion payante, à un lien direct avec le monde des affaires. Le
groupe Dassault a pris le contrôle du Figaro aux héritiers de la famille
Hersant dans les années 2000. Le groupe Arnault via LVMH a repris en
2015 Le Parisien et Aujourd’hui en France au groupe de presse Amaury,
LVMH qui contrôlait déjà les Échos depuis 2007. Quant au Monde, il a
aussi connu une profonde restructuration de son actionnariat avec
l’arrivée de Xavier Niel actionnaire principal d’Iliad, groupe de
télécommunications, de Matthieu Pigasse issu du monde de la finance et
du milliardaire industriel tchèque Daniel Kretinsky.
La presse quotidienne régionale
n’a pas totalement échappé à ce mouvement. Leader de la PQR avec ses 9
titres régionaux couvrant 23 départements de l’Est de la France, le
groupe EBRA constitue le pôle presse du Crédit Mutuel depuis 2006. Il se
place devant Sipa - Ouest France, très présent sur la façade Atlantique
et de la Manche qui est sous le contrôle d’une association et le Groupe
familial Rossel, acteur de référence dans le Nord de la France avec la
Voix du Nord notamment.
Quant à la presse magazine d’information générale ou économique,
elle est aussi dominée par le monde des affaires : Paris Match et le
Journal du Dimanche font partie de la galaxie Lagardère, Le Point est
sous contrôle du groupe Artemis société holding qui gère les
participations de la famille Pinault, L’Express est la propriété
d’Altice Media de Patrick Drahi. Quant à Marianne, elle appartient au
milliardaire tchèque Daniel Kretinski.
L’État très présent dans la radio et la télé
De son côté, le monde radiophonique se scinde, lui, en trois groupes bien distincts :
1. les radios publiques,
2. les stations privées commerciales ;
3. et une multitude de petites structures associatives privées.
En
centrant l’analyse sur les grandes stations généralistes, Radio France,
sous contrôle et influence de l’État, domine avec plus de 23% de parts
de marché devant RTL. RTL propriété du groupe M6 qui jusqu’à peu était
lui-même détenu par le groupe de média allemand Bertelsmann avant son
désengagement et sa reprise (sous couvert de l’assentiment du CSA et de
l’Autorité de la concurrence) par TF1. Longtemps sous la houlette
d’Arnaud Lagardère, Europe 1 a vu l’arrivée de Vincent Bolloré, déjà
propriétaire du groupe Canal+. Quant à RMC, la radio fait partie de
l’empire de Patrick Drahi.
La télévision est quasiment un
copier-coller de la radio. Sous contrôle à 100% de l’État français, le
groupe France Télévisions est en tête des audiences avec un peu moins de
30% de parts de marché et devance le groupe TF1 dont l’actionnaire de
référence depuis sa privatisation en 1986 est le groupe Bouygues qui en
reprenant M6, le numéro 3 du secteur, dépasserait avec plus de 30% de
part d’audience l’actuel leader. Viennent ensuite le groupe Canal +
contrôlé par Vivendi sous la houlette de Vincent Bolloré et Altice
(c’est-à-dire BFM et RMC) avec comme actionnaire principal Patrick
Drahi.
Les mêmes noms de milliardaires, les mêmes mouvements de concentrations autour d’opérateurs venus du monde des affaires notamment des télécoms et de la finance, les médias sont sous influence, peut-être pas directe, mais sous influence quand même.
STOP à l'emprise des milliardaires sur les médias français !
RépondreSupprimerAdressé à : Emmanuel Macron, Président de la République Voir.