CHRONIQUE. Prompt à faire la morale, le grand timonier de la Nupes ne craint pas, pour lui-même, les soupçons de favoritisme, d’arbitraire ou de népotisme.
Imagine-t-on le tollé si Emmanuel Macron, du haut de son Olympe, décidait de parachuter sa belle-fille, ou le mari de celle-ci, pour les élections législatives ? Et si, pour ce faire, il écartait la candidate d'un parti ami, dont la campagne a déjà été lancée sur le terrain ? C'est exactement ce qu'a fait Jean-Luc Mélenchon. Il a offert la 6e circonscription du Rhône, qui correspond à la ville de Villeurbanne, à son gendre Gabriel Amard.
Cet excellent personnage a auparavant été maire de Viry-Châtillon, en région parisienne, conseiller général de l'Essonne et conseiller régional d'Île-de-France. Il a aussi tenté sa chance aux législatives de 2017 dans le Jura, où il travaille, puis dans le Nord, comme tête de liste à Villeneuve-d'Ascq pour les municipales de 2020. Mais il refuse catégoriquement le qualificatif de parachuté ! Cristina Martineau, adjointe chargée de la petite enfance et des personnes âgées à Villeurbanne, débarquée pour les besoins de la cause, dénonce l'oukase « machiste » de La France insoumise, et on la comprend. Elle croyait pouvoir compter sur le soutien du maire socialiste de la ville pour entrer en résistance. Elle a été lâchée hier, mardi.
Curieusement, on n'a pas entendu Sandrine Rousseau, si prompte à dénoncer tout début de semblant d'apparence de sexisme, ruer dans les brancards sur l'éviction d'une femme au profit d'un mâle blanc.
Manœuvre grossière
Pas plus qu'elle n'a protesté quand Taha Bouhafs, militant condamné pour injure publique à caractère raciste contre une syndicaliste policière, a été catapulté par le même Mélenchon dans une autre circonscription du Rhône au détriment de la maire communiste de Vénissieux, dûment investie par son parti. Devant la vague de protestations, Taha Bouhafs a renoncé et dénonce une campagne de calomnie raciste. Carton plein pour LFI, dont la manœuvre est un peu grossière : on envoie un militant ouvertement communautariste en terre d'élection, pour faire un petit clin d'œil à tous les identitaires d'extrême gauche ; on laisse l'indignation monter ; on débranche le candidat qui prend la pose de la victime expiatoire ; on lui trouve un remplaçant Insoumis, histoire de ne pas perdre une miette des territoires conquis sur les autres partis de gauche. Mission accomplie !
À LIRE AUSSILa vie rêvée de l'Insoumis Taha Bouhafs
Enfin, Jean-Luc Mélenchon veut gagner Matignon sans se présenter lui-même, c'est le plus sûr moyen de ne pas risquer une défaite. Il donne en revanche sa chance à une perdante, Danielle Simonnet. Cette compagne de route de la première heure a été battue par l'actuelle députée socialiste de Paris Lamia El Aaraje, écartée. Laquelle n'entend pas accepter le fait du prince. Elle a obtenu
le soutien remarqué de Lionel Jospin, par ailleurs favorable à l'accord électoral global, ce qui ajoute à la confusion.
Un gendre, un provocateur, une vieille copine, trois possibilités de brouiller un peu plus l'image du futur Premier ministre autoproclamé…
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