10/07/2021

Réduire le bruit et les accidents grâce aux 30km/h : voilà pourquoi la mairie de Paris crée autant de problèmes qu'elle n'en règle

En repoussant la circulation sur des axes périphériques et en réduisant à l'extrême la voirie accessible aux véhicules privés, les résultats obtenus sont souvent aux antipodes des objectifs affichés. Réduire le bruit et les accidents grâce aux 30km/h : voilà pourquoi la mairie de Paris crée autant de problèmes qu'elle n'en règle

Atlantico par  Pierre Tarissi

Atlantico : Dès le 30 août, la circulation sera limitée à 30 km/h dans presque tout Paris. Que peut-on espérer de cette mesure en termes d'accidents ?Pierre Tarissi : Les accidents à Paris sont déjà plutôt faibles en volume. Effectivement, si plus personne ne circule en voiture dans Paris comme semble le vouloir la maire avec ce type de mesure, il n'y aura plus d'accident. C'est un principe faussement écolo qui veut que si une fonction a des inconvénients, on ne cherche pas à améliorer la fonction mais on la supprime pour supprimer les inconvénients avec. On est typiquement dans ce raisonnement-là.

La mairie de Paris promet une ville moins bruyante. En est-on certains ?

Tout dépend des lieux où l'on se trouve car le niveau de bruit est très variable dans Paris. D'une façon générale, rien ne prouve que le fait de limiter la vitesse se traduise par une baisse du bruit. La piétonisation par exemple se traduit par une augmentation de manifestations physiques d'individus sur la chaussée. Si on limite la vitesse, on peut avoir un peu moins de bruit de circulation mais il n'est pas évident qu'on ait moins de bruit globalement. Le gain semble vraiment marginal comparé à toutes les contraintes que cela induit.

Ce type de restriction ne risque-t-il pas de repousser la circulation vers les axes périphériques et concentrer tous les problèmes à l'extérieur de Paris ?

C'est là tout le problème. Anne Hidalgo veut satisfaire ses électeurs. Ce sont des gens de niveau intellectuel élevé, qui ont des formations commerciales ou tertiaires, des moyens financiers importants et surtout qui habitent Paris et travaillent à Paris. Ces derniers plébiscitent donc les zones piétonnes et l'usage du vélo.

La réduction de la circulation voulue par Anne Hidalgo pénalise au premier chef les gens qui n'habitent pas Paris et qui viennent y travailler ou qui doivent traverser la ville pour des raisons professionnelles. Ces habitants des banlieues n'intéressent pas Anne Hidalgo. Ce sont pourtant eux qui vont subir toutes les conséquences de sa politique. Pour éviter cela, je pense que la question devrait se régler au niveau de la région Ile-de-France. Selon moi, l'organisation de la voirie devrait être une responsabilité de la région afin de prendre en compte à la fois les intérêts des banlieusards et des Parisiens.

Qu'en est-il de la pollution ?

Mais que se passe-t-il avec Affelnet, le logiciel national d'affectation en seconde ?
La pollution peut légèrement diminuer à l'intérieur de Paris, moyennant un augmentation de la consommation des véhicules hors Paris comme nous l'avons dit. Si on veut vraiment faire quelque chose pour la pollution dans la capitale, il y a deux voies. La première est de s'occuper du chauffage des habitations. A Paris, beaucoup de copropriétés sont chauffées par un chauffage collectif. Or, la réglementation interdit pratiquement toute amélioration de la consommation de fioul ou de gaz des immeubles. A partir du moment où on ne s'attaque pas à ce problème majeur,  on pourra difficilement faire baisser drastiquement le niveau de pollution. La seconde solution est effectivement de limiter la consommation des véhicules parisiens. Pour cela, il faudrait des véhicules qui émettent moins de CO2. Mais Anne Hidalgo ne veut pas des véhicules moins émetteurs, elle veut moins de circulation tout court. Elle contourne donc le problème.

Cette mesure peut-elle faire baisser le trafic dans la capitale ? Quelles en seraient les conséquences ?

Au fur et à mesure que l'on augmente les contraintes sur la circulation, on diminue la circulation. C'est un fait, le trafic baisse à Paris de façon régulière depuis plusieurs années maintenant. Cette réduction de la circulation revient à affaiblir globalement l'activité commerciale et industrielle de Paris et provoque donc un appauvrissement de la capitale. Je pense que la réduction de la vitesse à 30 km/h aura un impact économique qui va se ressentir dans les prochaines années, comme toutes les mesures consistant à limiter la circulation.

La politique d'Anne Hidalgo sur la circulation n'a aucune vision de long-terme et surtout pas d'ambition en termes d'innovations. On pourrait imaginer beaucoup de choses, par exemple développer un système de voies à induction électrique, en quantité suffisante pour pouvoir multiplier le nombre de véhicules électriques qui circulent dans la capitale. Cela éviterait aussi aux conducteurs de ces véhicules propres d'avoir à se stationner pour se charger sur des bornes qu'on est en train de multiplier. Cela pourrait changer la face de la circulation parisienne. Ce type de réflexion n'est jamais développé par l'équipe municipale actuelle.nks Location Search description Options Custom robot tags Loaded more posts.

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