La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est de plus en plus souvent la cible de critiques du fait de sa gestion calamiteuse de l'approvisionnement de vaccins anti-Covid. Les pays membres ont en effet demandé à l'UE de s'occuper des vaccins pour eux – ce qui fut une erreur monumentale.
D'autres pays, comme les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, ont commandé plus de doses, et ce, des mois avant l'UE, ce qui explique en grande partie le fait qu'ils ont mieux réussi à vacciner leurs populations que les pays de l'Union. Von der Leyen a refusé de dépenser plus de 2,7 milliards d'euros pour l'achat de vaccins – alors que, dans le même temps, l'UE approuvait une dépense de 750 milliards d'euros pour réduire les effets de la crise sur le continent.
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Son duo avec Merkel
Son incapacité à faire les efforts nécessaires pour combattre la pandémie ne constitue pas non plus son premier échec de grande ampleur. En tant que ministre de la Défense en Allemagne, de 2013 à 2019, elle a laissé un bilan catastrophique. Des 128 Eurofighter allemands, seuls 39 étaient en état de fonctionner. Des 72 hélicoptères de transport lourd CH-53, seulement 16 étaient prêts à l'action. En fait, seulement un tiers des nouveaux chars, chasseurs et hélicoptères de la Bundeswehr étaient capables d'être déployés sur un théâtre d'opérations lors de son départ. Il n'était pas rare qu'on fasse remarquer leur retard à des ministres allemands lors de réunions internationales, retards causés par le manque de fiabilité des transports militaires allemands. En décembre 2019, Angela Merkel était arrivée avec douze heures de retard au G20, ratant de ce fait la plus grande partie de la programmation.
À la présentation du rapport annuel de la Bundeswehr en 2018, Hans-Peter Bartels, le parlementaire chargé de la commission pour les armées, disait : « Nous constatons une mauvaise gestion de grande ampleur, dans tous les secteurs. » Selon le rapport, moins de la moitié des systèmes d'armes étaient en état d'être déployés alors que les pièces de rechange manquaient partout. Malgré cela, Angela Merkel a toujours soutenu von der Leyen, malgré ses échecs répétés. Quant à von der Leyen, elle a toujours été loyale à Merkel, même durant la crise des réfugiés de 2015.
Des uniformes pour soldates enceintes
Avant de passer à Bruxelles, von der Leyen fut convoquée dans le cadre d'une enquête parlementaire. Le comité d'investigation avait enquêté sur des dizaines de cas dans lesquels les employés du ministère auraient attribué directement des contrats aux fournisseurs – sans aucune forme d'appel d'offres. Les auditeurs de la Cour des comptes fédérale avaient découvert une série d'infractions et, en août 2018, identifièrent « des infractions que le ministère avait acceptées et même promues avec son approbation ». Dans la plupart des cas, le ministère n'avait pas examiné ou démontré la nécessité ou la rentabilité de centaines de millions d'euros de contrats attribués à des consultants externes.
Pire que tout, il est clair qu'elle s'est trompée dans ses priorités. Von der Leyen a surpris ses généraux en organisant un défilé de mode au ministère de la Défense. Pourquoi ? Elle souhaitait présenter les uniformes de maternité à destination des soldates enceintes. Au total, 500 uniformes de tailles et de designs différents furent testés. Quelque 80 volontaires avaient évalué les uniformes sur des questions d'apparence et de confort. Avant l'initiative de von der Leyen, les soldates enceintes portaient simplement des habits civils lorsque leurs uniformes devenaient trop serrés.
Quasiment immédiatement après son arrivée au ministère, von der Leyen annonçait que son objectif était d'améliorer les soins à l'enfant au sein de l'armée, d'engager des assistantes maternelles et de rendre les crèches plus attrayantes. Un total de 100 millions d'euros fut consenti pour son initiative. « Les militaires ont besoin d'un système de garde d'enfants plus flexible », avait déclaré Mme von der Leyen, qui était auparavant ministre des Affaires familiales. « Nous devons accroître la participation des gardes d'enfants, en particulier pour les gardes en dehors des heures de service. Après tout, les assistants maternels offrent une forme de garde d'enfants particulièrement flexible et nous avons l'énorme avantage d'avoir la place pour offrir des services de garde d'enfants dans de nombreuses casernes. »
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Dans un livre blanc, von der Leyen détaillait la manière dont elle souhaitait changer la culture au sein de la Bundeswehr. Elle annonçait que ses priorités porteraient sur la diversité et l'égalité des chances. On se concentrerait sur le management pro-diversité, les capacités interculturelles et le multilinguisme afin d'attirer plus de femmes, d'immigrants et de personnes avec diverses orientations sexuelles dans les rangs de l'armée, et de gonfler les rangs avec des personnes âgées, des personnes de différentes religions et des handicapés. Il s'agissait, selon elle, d'une priorité. Von der Leyen avait aussi organisé des ateliers spéciaux pour les soldats pour leur expliquer comment « gérer l'identité sexuelle et l'orientation sexuelle au sein de la Bundeswehr ». Ses critiques l'accusent de s'être concentrée sur des problèmes mineurs, tout en ignorant ce qui importe le plus.
Sauvée par l'Europe ?
Du fait d'un sous-investissement chronique, l'armée allemande était déjà en mauvais état avant l'arrivée de von der Leyen. Mais, plutôt que d'améliorer les choses, la situation s'est dégradée chaque année de sa direction. Le responsable de la commission parlementaire sur les armées, Bartels, a critiqué von der Leyen pour ses promesses non tenues d'améliorer la situation. « J'aimerais pouvoir dire que le printemps arrive et que les jours sombres de l'hiver sont derrière nous. Mais la réalité, c'est que nous sommes toujours en plein hiver. »
En Allemagne, certains disent que la nomination de von der Leyen à la tête de la Commission européenne l'a sauvée. Sur la scène allemande, ses échecs répétés auraient eu raison de sa carrière. À Bruxelles, elle a repris les affaires : sa première idée pour combattre le coronavirus fut de produire une vidéo pour montrer aux gens comment se laver les mains correctement tout en fredonnant l'hymne européen.
*Rainer Zitelmann est un historien et sociologue allemand. Il est l'auteur de « The Rich in Public Opinion » (2020), « The Power of Capitalism » (2019) et « The Wealth Elite » (2018).
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