Ce sont les « Trois Grands » :
– les États-Unis, représentés par le président Harry Truman, qui vient de succéder à Franklin Roosevelt, et son Secrétaire d'État James Byrnes,
– le Royaume-Uni, représenté par Winston Churchill et son ministre Anthony Eden, puis par Clement Attlee, qui l'a battu aux dernières élections et lui a succédé au poste de Premier ministre, assisté d'Ernest Bevin,
– l'URSS, toujours représentée par l'inamovible Staline et son non moins inamovible ministre des affaires étrangères, Viatcheslav Molotov.
Désillusions de la victoire
Six mois plus tôt, à Yalta, en Crimée, Roosevelt, Churchill et Staline ont ébauché un projet pour l'après-guerre mais les engagements des uns et des autres n'ont pas longtemps résisté aux réalités du terrain...
Dans les semaines qui suivent, jusqu'à la capitulation du IIIe Reich, les armées soviétiques occupent à grande vitesse Berlin et la partie orientale de l'Allemagne, ainsi qu'une partie de l'Autriche et toute l'Europe centrale, cependant que les Alliés occidentaux, débarqués en Normandie un an plus tôt, peinent à avancer en Allemagne occidentale.
Fort de son avantage sur le terrain, Staline en profite pour mettre en place dans les pays libérés, y compris en Allemagne, des gouvernements à sa dévotion, dominés par les communistes locaux.
La situation est critique en Pologne où se multiplient les faits accomplis. Dès le 17 janvier 1945, le Comité de Lublin, un gouvernement provisoire inféodé aux Soviétiques s'est installé à Varsovie, la capitale. Les Polonais et les Allemands des provinces orientales sont chassés vers l'Ouest par les troupes soviétiques qui multiplient les exactions, pillages et viols.
À leur tour, les Polonais chassent les Allemands au-delà de l'Oder et de son affluent, la Neisse. Au total, plusieurs millions de civils sont ainsi déplacés en quelques mois dans des conditions brutales, préparant une redéfinition des frontières.
Winston Churchill s'inquiète de la manoeuvre et craint de n'avoir libéré l'Europe centrale de l'oppression nazie que pour la livrer à l'oppression communiste.
Son angoisse transparaît dans une lettre qu'il adresse à Staline le 29 avril 1945 : « On n'est pas rassuré lorsqu'on envisage un avenir où vous, et les pays que vous dominez, plus les partis communistes dans beaucoup d'autres pays, seriez tous d'un côté tandis que les nations rassemblées autour des pays de langue anglaise, leurs associés et dominions, seraient de l'autre ! Cette querelle conduirait le monde à la ruine et tous ceux d'entre nous qui, d'un côté ou de l'autre, auraient une part de responsabilité en porteraient la honte devant l'Histoire. »
Le 12 mai 1945, il écrit au président Truman : « un rideau de fer est tombé sur le front russe ». Les illusions des sommets de Moscou et de Yalta se sont envolées.
L'Europe au début de la guerre froide (1947-1950)
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Après la capitulation de l'Allemagne hitlérienne, la conférence de Potsdam
(17 juillet - 2 août 1945) organise le sort du pays et de l'Europe :
réparations en nature, établissement de la frontière orientale de
l'Allemagne sur l'Oder-Neisse, indépendance de l'Autriche, annexion par
l'URSS des États baltes, de la Prusse orientale, de la Pologne
orientale.
Mais très vite émerge la rivalité entre l'Union soviétique et les Occidentaux. C'est le début de la guerre froide. Un « rideau de fer » sépare l'Europe en deux : d'un côté les pays occidentaux sous la protection de l'Amérique et de l'OTAN, qui bénéficient du plan Marshall, de l'autre l'URSS et ses « satellites ». L'Allemagne elle-même est séparée en deux États hostiles l'un à l'autre...
Tiraillements à la conférence
La conférence de Potsdam consacre le triomphe de Staline, dont on a oublié le pacte de non-agression avec Hitler. Le dictateur met en avant les vingt millions de Soviétiques morts en combattant les Allemands pour justifier sa prééminence.
En matière de réparations, James Byrnes propose des prélèvements en nature (machines, matières premières...) par les vainqueurs dans leur zone d'occupation respective, pour une valeur totale de vingt milliards de dollars dont la moitié pour l'URSS.
Les accords de Potsdam entérinent les gigantesques transferts de populations (Allemands et Polonais chassés de l'est, Allemands chassés de Silésie, des Sudètes, de Transylvanie etc) en se contentant de recommander qu'ils soient menés de façon « ordonnée et selon les règles humanitaires ». Au total sont déplacés onze millions d'Allemands entre 1945 et 1947.
La conférence détruit la grande Allemagne hitlérienne. Elle reconstitue une Autriche indépendante et neutre et reconnaît par ailleurs à la Pologne le droit d'administrer les provinces allemandes situées à l'est de la ligne Oder-Neisse, en attendant un plébiscite et un traité de paix. Staline pense de cette façon prévenir toute réconciliation entre la Pologne et l'Allemagne.
Dès le 5 juin 1945, les commandants en chef des forces alliées d'occupation se sont arrogés l'administration de l'Allemagne, avec autorité sur les administrations existantes et les fonctionnaires. La conférence de Potsdam entérine le partage du pays entre les trois armées soviétique, américaine et anglaise tout en maintenant son unité économique et monétaire.
Londres et Wahington s'entendent pour concéder une zone d'occupation à la France libre du général de Gaulle en prélevant celle-ci sur leur propre zone. Enclavé dans la zone d'occupation soviétique, le Grand-Berlin (2,8 millions d'habitants sur 883 km2) est lui-même partagé entre les quatre vainqueurs tout en conservant une administration municipale unique.
Le document final de la conférence prévoit le désarmement et la dénazification de l'Allemagne dans le droit fil de la réunion de Yalta. C'est ainsi que s'ouvrira à Nuremberg le procès des responsables nazis, le 14 novembre 1945.
Les participants de la conférence se séparent toutefois sans avoir encore clarifié le sort du Japon, ancien allié de l'Allemagne, qui résiste avec opiniâtreté aux bombardements américains.
Joseph Savès
En définitive, c'est le 12 septembre 1990 qu'est mis un terme diplomatique à la Seconde Guerre mondiale avec la signature à Moscou d'un traité de paix, dit 2+4, entre la République fédérale d'Allemagne (RFA), la République démocratique allemande (RDA), les États-Unis, la République française, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et l'Union des Républiques socialistes soviétiques.
Par ce texte, les Allemands reconnaissent leurs frontières comme « inaltérables », ce qui veut dire qu'elles ne peuvent être modifiées même par accord mutuel avec leurs voisins. La ligne Oder-Neisse devient la frontière définitive entre l'Allemagne et la Pologne.
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