Emmanuel Macron le sait : le contenant est aussi important que le contenu. Ce n’est donc pas un hasard si le président de la République a choisi de s’exprimer au Creusot, dans un site de l’industriel Framatome pour son discours sur la filière nucléaire. Le géant tricolore y réalise en effet des pièces utilisées tant dans le nucléaire civil que dans son pendant militaire.
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Quelques jours après avoir martelé qu’il «[assumait] à fond» sa défense du nucléaire face à Brut, le locataire de l’Élysée a maintenu sa position. Plus de quatre ans après sa venue au Creusot en sa qualité de ministre de l’Économie, en mai 2016, Emmanuel Macron a salué la vigueur de la filière nucléaire tout en précisant vouloir la soutenir dans les années à venir. Il a tenu un message d’espoir pour le nucléaire, régulièrement sous le feu des critiques venant d’élus et d’organisations écologistes. «Cet avenir français passe par une ambition industrielle décarbonée» et la «filière nucléaire [y] joue un rôle essentiel», a-t-il martelé. Il a ensuite présenté les trois «lignes de force» soutenant l’avenir de la filière.
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D’abord, le nucléaire restera une composante essentielle du mix énergétique français, quel que soit le scénario à venir. «Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire», a déclaré Emmanuel Macron. Cette énergie est «pertinente», à condition que des progrès soient faits sur la question de la sûreté comme de la gestion des déchets. «Je n’ai jamais été un partisan du tout nucléaire, mais si nous devons rééquilibrer notre mix énergétique, l’atome doit continuer d’en être un pilier» pour les décennies à venir, a-t-il assuré.
Car si la France doit poursuivre et accentuer ses efforts pour développer l’énergie renouvelable - jugée «absolument indispensable» - sur son territoire, renoncer au nucléaire trop vite reviendrait à «ouvrir des centrales à charbon ou à gaz, ou importer de l’énergie carbonée» de l’étranger, s’est justifié Emmanuel Macron. Et ce, alors que le nucléaire permet à notre pays de produire de l'électricité décarbonée et de manière non-intermittente.
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Le gouvernement compte donc étudier «toutes les options sans aucun tabou» pour la définition du mix énergétique dans les décennies à venir, et notamment la «faisabilité technique du mix avec de très hauts niveaux de renouvelable» : un rapport sur ce sujet est attendu «dès le début de l’année prochaine». La décision de construction de nouveaux réacteurs EPR2 est quant à elle attendue «au plus tard en 2023». Néanmoins, quel que soit le scénario retenu, «l’avenir passera par le nucléaire».
Le futur porte-avion sera à propulsion nucléaire
Ensuite, le nucléaire doit aussi être défendu comme filière industrielle porteuse d’emplois, a considéré le président de la République. «Rares sont les secteurs qui offrent autant de perspectives, en particulier pour notre jeunesse», a-t-il souligné, vantant les 5000 recrutements prévus en 2021 ainsi que les projets à venir, dont la construction de SMR français, ces «petits réacteurs nucléaires» portés notamment par EDF. Le message est donc clair, et adressé à la jeunesse avant tout : «la filière nucléaire embauche des techniciens, des chercheurs, des ouvriers». En outre, ce secteur, soutenu par le plan de relance, jouera un rôle «essentiel» dans le développement de l’ambition du gouvernement dans l’hydrogène.
Dernier aspect, la puissance du bras armée de la France doit aussi continuer de reposer sur le nucléaire, a déclaré Emmanuel Macron. «Le nucléaire restera la pierre angulaire de notre autonomie stratégique», ainsi qu’un élément capital faisant de la France une «puissance indépendante, écoutée, respectée». Le locataire de l’Élysée a également annoncé que le futur porte-avions prévu pour remplacer le Charles de Gaulle, qui arrivera en fin de vie en 2038, sera à propulsion nucléaire. Un choix qui «confirme la volonté de la France de préserver son autonomie stratégique», a salué le président de la République. L’usine du Creusot de Framatome produira d’ailleurs certaines des pièces de la chaufferie nucléaire du futur bâtiment phare de la marine.
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La ministre des Armées, Florence Parly, a donné quelques précisions sur ce futur navire. Il devrait être opérationnel en 2038, lorsque le Charles de Gaulle tirera sa révérence. Sa propulsion nucléaire «permet de gagner en autonomie, puisqu'il ne nécessite pas d'approvisionnement en carburant, sauf pour ses aéronefs. Et [elle] permet une excellente disponibilité du bâtiment», a-t-elle écrit sur Twitter. Il pèsera «environ 75.000 tonnes», mesurera autour de 300m de long, ira à «une vitesse de 27 nœuds» et pourra accueillir «une trentaine de chasseurs SCAF et 2000 marins.
Alors que certains appellent à réduire la part du nucléaire, voire à se détourner de cette énergie, le gouvernement campe donc sur sa position : «nous voulons sortir de cette crise en réinvestissant» dans cette énergie, dans laquelle «il y a un avenir» et à laquelle l’exécutif «croit», a conclu Emmanuel Macron. Un message d’espoir adressé à la filière, qui ne manquera pas de faire réagir les opposants au nucléaire. Greenpeace a d'ailleurs rapidement répondu au président de la République, en qualifiant le nucléaire de «fausse solution brandie pour faire passer la pilule de l'inaction climatique». «Vous feriez mieux d'agir concrètement pour le climat, par exemple en rendant la rénovation globale des logements obligatoire dans le projet de loi #ConventionCitoyenne », a tancé l'organisation sur Twitter.
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