Jean-François Delfraissy fréquente depuis fort longtemps les allées du pouvoir. La lutte contre le sida a été, dans les années 1980, son grand fait d’armes. Les épidémies ne sont pas sa spécialité, mais cet immunologiste a senti très tôt que cette maladie représentait un immense nouveau défi pour la médecine.
Il a contribué, en 1988, à la création de l’Agence nationale de recherches sur le sida, dont il a pris la tête en 2005. Il s’y signala par sa décision fructueuse d’associer les associations homosexuelles à la lutte contre le virus. L’agence a-t-elle obtenu par ailleurs des résultats médicaux substantiels? «L’ANRS n’a breveté ni vaccin ni remède. Elle a capté des fonds qui auraient pu être affectés à d’autres sujets de long terme, par exemple les risques concernant les autres épidémies», confie un chercheur.Il a composé un conseil de copains qui discutent pendant des heures, coupent les cheveux en dix, rédigent des rapports trop longs et en mauvais français.
Une source très proche du Conseil scientifique
Nommé début mars à la tête du Conseil scientifique, Delfraissy a réuni autour de lui des médecins et des experts issus des sciences humaines, mais très peu de purs scientifiques. «Il a composé un conseil de copains qui discutent pendant des heures, coupent les cheveux en dix, rédigent des rapports trop longs et en mauvais français: il y règne beaucoup de relativisme et trop peu de méthode», nous indique une source très proche dudit conseil.
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Le professeur est présenté comme un homme cordial, surtout avec les puissants, toujours heureux de mettre en avant ses racines dans le Cantal, électrisé par l’attention des médias, scrupuleusement en retard à toutes ses réunions et ne jurant que par le consensus. Il fait partie de ces personnages de séducteurs dont le pouvoir raffole parce qu’il rassure et il plie quand il le faut: il a été dans les petits papiers de Jacques Chirac et de François Hollande, qui lui ont confié des responsabilités. Disons que Jean-François Delfraissy est donc tout le contraire d’un Anders Tegnell, épidémiologiste en chef et architecte de la stratégie suédoise, qui a tracé une route et s’y est tenu avec constance. Résultat: un taux de morts dans la moyenne des autres pays (pas pire, pas meilleur), mais une économie beaucoup moins atteinte! Il faut dire qu’il n’y a qu’en France que l’on a créé, ex nihilo, un Conseil scientifique composé de chapeaux à plumes.
Une série de gaffes médiatiques
Au fil des mois, Jean-François Delfraissy est donc devenu «M. Confinement». L’ondoyant professeur a beaucoup varié sur ce sujet et sur d’autres. Il a sous-estimé la gravité de la pandémie jusqu’à la mi-février, lors d’une réunion de l’OMS à Genève. Puis il a convaincu Emmanuel Macron d’adopter en catastrophe le confinement total. Il s’est ensuite illustré par une série de gaffes médiatiques. Le 15 avril, il estime que «18 millions de personnes à risque devraient rester confinées après le 11 mai».
Désavoué par l’Élysée, il se démène dans les jours suivants pour rectifier le tir: la décision de rester confiné se fera sur une base volontaire. Pourtant, après la sortie du confinement, il ne préconise pas l’application stricte du «tester, tracer, isoler» ni la mise en quarantaine de tous les étrangers qui arrivent en France. Il dit, le 7 juin, que l’épidémie est «sous contrôle» et qu’il faut «laisser les gens vivre». Ce virement de bord a pris de court l’exécutif, qui prévoyait d’attendre le 22 juin pour une nouvelle étape dans le déconfinement total. Début septembre, il exaspère Emmanuel Macron en annonçant que «le Président» devra certainement prendre des «décisions difficiles» dans les mois à venir.
Delfraissy pilote la pandémie comme la circulation sur une autoroute encombrée: accélération puis ralentissement. Il est l’accordéoniste de la lutte contre le Sars-CoV-2. On ne lui fera pas porter le chapeau de toute une chaîne de commandement dont chacun a compris combien elle était dysfonctionnelle. On admettra volontiers que les pays voisins ne font pas toujours mieux. Mais on peut avoir des doutes sur son refus d’adopter une méthode claire et durable: tester, tracer, isoler. C’était dans les cordes d’un pays qui se targue, non sans raison, d’avoir le meilleur système de santé du monde.
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Source Figaro Vox
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